Plusieurs aberrations de plumage, qui peuvent être causées par une mutation génétique, une maladie, le stress, une blessure, une carence alimentaire, l’âge et/ou des caractéristiques environnementales, ont été recensées chez les oiseaux, comme le grisonnement progressif, le leucisme et l’albinisme (lire L’albinisme et le leucisme chez les oiseaux), le mélanisme (lire Une Mésange bleue avec une tête noire dans les Landes en décembre 2019), la dilution pigmentaire et les mutations ino, grizzle et brune. Elles sont parfois difficiles à distinguer les unes des autres, et ce d’autant plus que les plumes ont tendance à s’éclaircir avec l’usure et les effets du rayonnement solaire.

Pic vert (Picus viridis) femelle atteinte d'une mutation brune

Pic vert (Picus viridis) femelle atteinte d’une mutation brune à Saint-Brévin l’Océan (Loire-Atlantique) en août 2025.
Photographie : Eliane Guisseau

La mutation brune, qui est une forme d’albinisme, est une altération génétique peu fréquente, souvent récessive, qui affecte la production de l’eumélanine, le pigment à l’origine des couleurs brune à noire et qui est présente sous forme de granules dans les cellules des plumes : le nombre de granules n’est pas affecté, mais la synthèse du composé chimique est incomplète (l’oxydation de ses précurseurs primaires n’est pas complète), et la couleur des plumes est donc modifiée. L’autre type de mélanine, la phéomélanine, qui est responsable des couleurs beige à brun rougeâtre, n’est par contre pas affectée. Les plumes touchées par cette mutation sont en outre sensibles à la lumière et blanchissent facilement : un corvidé normalement noir peut ainsi devenir blanchâtre car son plumage contient uniquement de l’eumélanine.  

La mutation brune est l’aberration la plus fréquente chez les pingouins, les guillemots et les manchots, dont les plumes sont en outre constamment exposées au soleil et à l’eau salé, ce qui accentue encore leur décoloration, mais elle peut toucher un grand nombre d’espèces, des rapaces aux passereaux en passant par les columbidés et les gallinacés (lire La mutation brune du plumage chez les oiseaux).

Plusieurs oiseaux élevés légalement en captivité sont sélectionnés pour cette mutation, comme le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) : il a alors un masque rouge moins vif que chez un individu normal, avec des zones brunes (et non pas noires) sur la tête, le dos, le scapulaires, la poitrine et le croupion teintés de brun, avec parfois des taches blanches aux extrémités des rectrices et des rémiges.

Durant l’été 2025, Eliane Guisseau a observé et photographié à Saint-Brévin l’Océan (Loire-Atlantique) (lire Où observer les oiseaux dans l’estuaire de la Loire ?) un Pic vert (Picus viridis) au plumage particulièrement clair, sans trace de noir de noir sur la tête et la queue, cette couleur étant alors remplacée par du chamois-beige. Par contre, les parties vertes, jaunâtres et rouges n’ont pas été modifiées. En outre, ses pattes et son bec sont jaunâtres et non pas grisâtres. Ces éléments suggèrent qu’il s’agit très probablement d’un cas de mutation brune (ou apparentée), un diagnostique confirmé par Hein Van Grouw, conservateur des collections ornithologiques du Natural History Museum (Grande-Bretagne), et qui mène depuis plusieurs années des recherches sur les aberrations de plumage chez les oiseaux d’Europe (lire La dilution du plumage chez les oiseaux : le cas d’un Merle noir). La pâleur générale de son plumage pourrait être encore accentuée par l’effet décolorant  de la lumière. L’absence de zone rouge au niveau des « moustaches » indique en outre qu’il s’agit probablement d’une femelle.  

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