Le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) est un grand rapace (jusqu’à 90 cm de long et 2,6 mètres d’envergure) aux longues et larges ailes et à la courte queue cunéiforme. L’adulte se reconnaît à sa queue blanche, à sa tête beige, à son corps brun plus ou moins sombre et à son bec jaune, tandis que le juvénile est plus sombre avec le bec noirâtre. Il niche sur des falaises côtières et sur des arbres en bordure des cours d’eau, des lacs et des étangs. Son régime est essentiellement piscivore, mais il peut aussi chasser les oiseaux aquatiques et manger des charognes.

Son aire de répartition est vaste, allant du Groenland à la Sibérie orientale et au Japon. En Europe, il a beaucoup décliné au cours des XIXe et XXe siècles, mais grâce à différentes mesures de protection, à l’interdiction de certains produits chimiques et à la dépollution des lacs et cours d’eau, ses effectifs sont en augmentation depuis les années 1970. On compterait actuellement environ 6 000 couples sur le continent, dont plus de la moitié en Norvège et en Russie d’Europe, et des réintroductions ont été menés avec succès en Grande-Bretagne, en Irlande et au Danemark.

En France, Le Pygargue à queue avait disparu en tant que nicheur dernière fois dans les années 1950 de Corse, mais il niche à nouveau depuis 2011 en Lorraine (lire Un Pygargue à queue blanche en Lorraine en mai 2022 : un spectacle printanier rare mais désormais régulier). Un projet de réintroduction est en cours dans la partie savoyarde du lac Léman (lire Deux projets de réintroduction du Pygargue à queue blanche en Espagne et en France).

Situation de la réserve naturelle De Blankaart (Belgique)

Situation de la réserve naturelle De Blankaart (Belgique).
Carte : Ornithomedia.com  

Le retour de l’espèce en France est à mettre en relation avec la bonne santé de la population allemande, qui est passée de 160 couples en 1990 à 570 en 2007 et à 700 en 2010, et qui continue sa croissance (lire Lecture de bagues : un pygargue allemand dans le Maine-et-Loire en février 2019). Cette tendance a certainement aussi permis le retour de l’espèce aux Pays-Bas en 2006, où la population a atteint 36 couples en 2023.

En Belgique, l’espèce avait disparu en tant que nicheuse il y a près de 500 ans (source : Niels Luyten) et n’était plus observée qu’en petit nombre en hiver et aux passages. Suite à l’augmentation des populations dans les pays voisins, et notamment aux Pays-Bas, un couple, surnommé Paul et Betty, s’est installé et a construit une aire en 2023 dans la réserve naturelle De Blankaart, située dans la commune de Woumen, dans la province de Flandre occidentale. Un poussin, appelé Gloria, est né le 18 avril 2024, et un second œuf pourrait éclore prochainement. Un périmètre de 300 mètres a été établi autour du nid, afin de ne pas perturber le processus de reproduction, et quiconque ne s’y conformerait pas s’exposerait à une amende pouvant atteindre 500 000 euros.

Cette réserve de 370 hectares, créée en 1977, est composée d’étangs créés entre le XIIIe et le XVIe siècles suite à l’extraction de la tourbe, de roselières, de prairies et de bois. Outre le Pygargue à queue blanche, elle accueille d’autres nicheurs remarquables comme le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), la Panure à moustaches (Panurus biarmicus), la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) ou la Barge à queue noire (Limosa limosa). En hiver, plusieurs milliers de canards et d’oies y séjournent. Des espèces rares occasionnelles y ont déjà été notées, comme le Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus).

Cette réserve, située non loin de la frontière française, est équipée d’observatoires et constitue donc un bon site pour observer dans de très bonnes conditions un couple nicheurs de Pygargues à queue blanche. Plus d’informations sont disponibles sur le site web www.natuurpunt.be.

Reportage sur l’installation en 2023 d’un couple de Pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla) dans la réserve naturelle De Blankaart (Belgique).
Source : VRT NWS

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