Les couleurs des oiseaux ont une origine pigmentaire (les mélanines et les caroténoïdes sont les pigments les plus répandus), structurelle (= liée à la structure des plumes) ou une combinaison des deux. Les aberrations de couleurs peuvent être causées par une mutation génétique, une maladie, le stress, une blessure, une carence alimentaire, l’âge et/ou des caractéristiques environnementales (comme l’intensité du rayonnement solaire). Il existe plusieurs types d’anomalies de coloration, dont le grisonnement progressif, le leucisme, l’albinisme (les trois étant souvent confondues), le mélanisme, les mutations ino, brune et grizzle, et la dilution pigmentaire (ou réduction quantitative).

Situation de la réserve ornithologique du Teich (Gironde)

Situation de la réserve ornithologique du Teich (Gironde).
Carte : Ornithomedia.com

En septembre 2025, une Hirondelle rustique (Hirundo rustica) presque entièrement blanche, à l’exception de quelques zones grises sur les ailes et la poitrine, et aux yeux sombres, a été découverte dans la réserve ornithologique du Teich (Gironde) (lire Observer les oiseaux dans la réserve ornithologique du Teich), où elle était encore présente le 26 au moins. Les cas d’Hirondelles rustiques entièrement blanches sont très rares ou en tout cas peu signalés : citons par exemple un jeune individu observé au Mexique entre le 15 juillet et le 6 août 2010 ou un juvénile repéré le 5 juillet 1985 le long de la Pleasant Grove Road, dans le comté de Cecil, au Maryland (Etats-Unis).

Comme c’est souvent le cas dans les données d’oiseaux totalement ou partiellement décolorés, il est difficile d’identifier de façon définitive le type d’anomalie les touchant : albinisme total ou partiel (une notion contestée par plusieurs spécialistes car l’albinisme, qui empêche toute production de mélanine, ne pourrait être que total), leucisme, grisonnement progressif ou dilution pigmentaire.

La dilution pigmentaire, qui résulte d’une réduction de la quantité de mélanine, crée un plumage semblant « délavé », ce qui n’est pas vraiment le cas de l’hirondelle du Teich (lire La dilution du plumage chez les oiseaux : le cas d’un Merle noir).

Le leucisme se caractérise par l’absence totale ou incomplète des deux types de mélanines, créant un plumage entièrement ou partiellement blanc, les parties nues (bec, yeux et pattes) ayant conservé leur couleurs normales (lire L’albinisme et le leucisme chez les oiseaux).

Hirondelle rustique (Hirundo rustica) atteinte de leucisme ou de grisonnement progressif

Hirondelle rustique (Hirundo rustica) atteinte de leucisme ou de grisonnement progressif dans la réserve ornithologique du Teich (Gironde) le 26 septembre 2025.
Photographie : Inge van Halder

Le grisonnement progressif est plus fréquent que le leucisme. C’est un phénomène selon lequel les couleurs des plumes perdent en vivacité ou en éclat au fur et à mesure du vieillissement, devenant plus ternes ou s’éclaircissant (lire Un Accenteur mouchet au plumage atypique découvert dans le Jura en décembre 2020). Ce grisonnement est lié à une diminution de l’activité de l’enzyme tyrosinase ou par une perte de mélanocytes, suite à l’âge ou à des facteurs environnementaux. L’oiseau peut d’abord présenter des plumes blanches distribuées aléatoirement, puis leur proportion peut augmenter. Une fois la plume devenue blanche, elle le restera lors des mues suivantes. Ainsi, si l’oiseau vit assez longtemps, il finira par devenir entièrement blanc. Le grisonnement progressif est par exemple particulièrement fréquent chez le Merle noir (Turdus merula) et le Moineau domestique (Passer domesticus), mais il est difficile de le distinguer du leucisme sans connaître les antécédents de l’individu.

Le leucisme et le grisonnement progressif sont causés par des facteurs génétiques et/ou environnementaux, comme une  alimentation pauvre en nutriments contenant des acides aminés (tyrosine notamment) : cela pourrait expliquer la fréquence élevée de ces anomalies dans les milieux urbains. Le fait que les oiseaux vivent en moyenne plus longtemps dans les villes que dans des milieux naturels, où les prédateurs sont plus nombreux (ils éliminent plus vite les individus au plumage aberrant), qu’ils y souffrent d’un stress oxydatif relativement élevé et qu’ils seraient exposés à un niveau plus élevé de mutagènes seraient aussi des explications possibles. 

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