Les picots anti-pigeons, un dispositif simple

Picots anti-pigeons

Les picots anti-pigeons sont normalement efficaces pour empêcher ces oiseaux de se poser ou de construire leur nid, sauf s’ils sont trop espacés.
Photographie : Coyau / Wikimedia Commons

Pour réduire les nuisances causées en ville par des pigeons trop nombreux, plusieurs solutions sont connues : mener des campagnes de stérilisation, interdire leur nourrissage, utiliser des effaroucheurs sonores ou chimiques, dresser des rapaces pour disperser les rassemblements et/ou poser des filets ou des picots sur les surfaces à protéger.
Cette dernière solution est certainement la plus simple et la plus économique à mettre en place, y compris au niveau d’un appartement : son rôle est d’empêcher les oiseaux de se poser, de laisser des fientes, voire de nicher, sur les balcons, les gouttières, les saillies, les toits, les réverbères, les enseignes, les sculptures, etc.
Les pics sont de longues tiges métalliques d’une dizaine de centimètres de long fixées à leur base sur une semelle de longueur et de largeur variables, en polycarbonate ou en métal, qui peut être collée, vissée, cloutée ou attachée sur un support. Le but est de réduire la surface sur laquelle les oiseaux peuvent se poser.
Outre les pigeons, ces picots peuvent être utilisés par exemple contre les mouettes, les corvidés ou les étourneaux, voire les petits rongeurs.

Comment éviter que les oiseaux ne se blessent avec les picots ?

Bien que non protégés, il est interdit de capturer, de faire souffrir volontairement ou de tuer soi-même les Pigeons bisets, et la méthode d’éloignement choisie ne doit donc être ni létale ni dangereuse pour eux. Les picots répondent généralement à ces contraintes, car ils les repéreront et n’essaieront pas de se poser. Toutefois, de jeunes oiseaux inexpérimentés risquent de se blesser, voire de mourir empalés, comme a pu le constater Gérard Rollin en 2022 : il a en effet photographié des Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) transpercés par des pics sur un bâtiment de l’aéroport international de Roissy-Charles de Gaulle (Val-dO’ise).
Par ailleurs, à Amsterdam (Pays-Bas), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) a été vu empalant ses proies sur ces pics pour les consommer plus tard, à la manière des pies-grièches (lire La Pie-grièche grise, le boucher de l’avifaune européenne).

Picots en plastique

Les picots en plastique sont inoffensifs pour les oiseaux.
Source : Formizon

Pour réduire les risques de blessures ou de mortalité, plusieurs précautions peuvent être prises :

  • choisir des modèles de pics dont l’extrémité est émoussée ou arrondie. Il existe par ailleurs des pics en plastique encore plus inoffensifs.
  • On peut également tendre à quelques centimètres au-dessus du rebord des fils de fer sur lesquels les pigeons ne peuvent pas se poser sans perdre l’équilibre.
  • Ne pas laisser d’espace entre les semelles en polycarbonate des picots afin que les oiseaux n’essaient pas de se poser entre elles.
  • Ne pas poser si possible de picots à proximité d’une colonie connue, par exemple d’Étourneaux sansonnets. Si cela n’est pas possible, installez-les en automne, avant la naissance des jeunes, afin que les adultes puissent les repérer et peut-être « avertir » leurs petits.
  • Ne pas poser de picots sur les branches des arbres pour éviter les déjections d’étourneaux sur les voitures, comme cela avait été proposé sur deux érables dans le hameau de Thorpe, dans le comté de Norwich (Grande-Bretagne), une solution finalement rejetée par le conseil municipal.
  • Dans les zones les plus risquées pour les jeunes oiseaux, vous pouvez également installer des objets qui reflètent la lumière (CD) ou accrocher de petits ballons ou des bandelettes de couleur afin que le dispositif soit visible de loin.

Des pics anti-pigeons utilisés par des corvidés pour construire leurs nids

Les corvidés (pies, corbeaux, corneilles, etc.) sont connus pour leurs grandes capacités d’adaptation (lire Trouver de l’eau en ville : un exemple de l’ingéniosité de la Corneille noire), et ils ont trouvé un moyen astucieux d’utiliser les picots anti-pigeons : les incorporer dans leurs nids pour dissuader les prédateurs de s’en approcher et les piller. Ces constructions atypiques ont été repérées dans des arbres à Rotterdam et à Enschede (Pays-Bas), à Glasgow (Grande-Bretagne) et à Anvers (Belgique).
La plus ancienne découverte remonte à mars 2009 à Rotterdam : un nid de Corneilles noires (Corvus corone) construit à une hauteur d’environ 12 mètres de haut dans un peuplier contenait au moins 16 pics anti-oiseaux, probablement prélevés dans un chantier de construction voisin.
Un autre nid (inachevé) de Corneilles noires se trouvait à environ 15 mètres de hauteur dans un Saule pleureur le long du canal Provenierssingel à Rotterdam. Il avait été trouvé le 31 août 2021 lors d’une séance d’élagage des arbres. Il mesurait 60 cm de diamètre et était constitué de 24 bandes de 33 cm de longueur composées de sept paires de pointes d’une longueur de 11 cm.
Dans un arbre d’un hôpital d’Anvers, un patient a découvert en juillet 2021 un énorme nid de Pies bavardes (Pica pica) constitué de près de 1 500 pics orientés vers l’extérieur. Pour cela, ces oiseaux avaient retiré jusqu’à 61 semelles PVC de l’avant-toit d’un des bâtiments de l’institution.

Vidéo sur l’incorporation de picots dans des nids de pies et de corneilles en Europe.
Source : Science and Tech

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