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Installation de picots anti-pigeons : quelques précautions à prendre pour protéger les oiseaux
Introduction
À l’état sauvage, le Pigeon biset (Columba livia) niche sur les parois rocheuses le long des côtes et dans les zones accidentées, des îles britanniques au Caucase et à l’Afrique du Nord. Il a été domestiqué depuis très longtemps pour l’alimentation et la communication, et des oiseaux échappés de captivité (sous-espèce C. l. domestica dite des « villes ») se sont par la suite établis à proximité des installations humaines et en ville où ils se sont multipliés, les bâtiments constituant des supports de nidification de substitution leur convenant parfaitement. Dans certains lieux, ils sont devenus abondants, posant des problèmes sanitaires, esthétiques et de propreté, à cause principalement de leurs fientes collantes riches en acide urique et en microorganismes, certains étant pathogènes.
Pour éviter qu’ils ne se posent sur certaines surfaces, plusieurs solutions plus ou moins efficaces sont disponibles, l’une des plus simples et des moins coûteuses étant la pose de picots (ou pics) sur les saillies des bâtiments (balcons, corniches, etc.). Toutefois, ces tiges métalliques peuvent parfois constituer un danger pour les oiseaux, comme a pu le constater Gérard Rolin : au printemps 2022, il a en effet photographié des Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris), probablement des juvéniles inexpérimentés, morts empalés sur des picots qui avaient peut-être été posés pour empêcher des pigeons de se poser sur l’un des bâtiments de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle (Val-d’Oise).
Après une présentation de ce dispositif, nous donnons quelques conseils simples pour qu’il ne provoque pas de blessures chez les oiseaux, et nous évoquons le comportement intéressant de certains corvidés incorporant des picots dans leurs nids pour les protéger des prédateurs.
Abstract
In the wild, the Rock Pigeon (Columba livia) nests on rock faces along coastlines and in rugged areas from the British Isles to the Caucasus and North Africa. It has been domesticated for a very long time for food and communication, and birds escaped from captivity (C. l. domestica subspecies) subsequently established themselves near human settlements and in cities, where they have multiplied, the buildings constituting substitute nesting supports suiting them perfectly. In certain places, they have become abundant, posing health, aesthetic and cleanliness problems, mainly because of their sticky droppings rich in uric acid and microorganisms, some of which are pathogenic.
To prevent them from landing on certain surfaces, several more or less effective solutions are available, one of the simplest and least expensive being the installation of spikes on the edges (balconies, cornices, ledges, etc.). However, these metal rods can sometimes constitute a danger to birds, as Gérard Rolin was able to observe: in spring 2022, he in fact photographed European Starlings (Sturnus vulgaris), probably inexperienced juveniles, dead impaled on pimples which had perhaps been placed to prevent pigeons from landing on one of the buildings at Roissy-Charles de Gaulle airport (Val-d’Oise).
After a presentation of this device, we give some simple advice so that it does not cause injuries to birds, and we discuss the interesting behavior of certain corvids incorporating pimples in their nests to protect them from predators.
Les picots anti-pigeons, un dispositif simple
Les picots anti-pigeons sont normalement efficaces pour empêcher ces oiseaux de se poser ou de construire leur nid, sauf s’ils sont trop espacés. |
Pour réduire les nuisances causées en ville par des pigeons trop nombreux, plusieurs solutions sont connues : mener des campagnes de stérilisation, interdire leur nourrissage, utiliser des effaroucheurs sonores ou chimiques, dresser des rapaces pour disperser les rassemblements et/ou poser des filets ou des picots sur les surfaces à protéger.
Cette dernière solution est certainement la plus simple et la plus économique à mettre en place, y compris au niveau d’un appartement : son rôle est d’empêcher les oiseaux de se poser, de laisser des fientes, voire de nicher, sur les balcons, les gouttières, les saillies, les toits, les réverbères, les enseignes, les sculptures, etc.
Les pics sont de longues tiges métalliques d’une dizaine de centimètres de long fixées à leur base sur une semelle de longueur et de largeur variables, en polycarbonate ou en métal, qui peut être collée, vissée, cloutée ou attachée sur un support. Le but est de réduire la surface sur laquelle les oiseaux peuvent se poser.
Outre les pigeons, ces picots peuvent être utilisés par exemple contre les mouettes, les corvidés ou les étourneaux, voire les petits rongeurs.
Comment éviter que les oiseaux ne se blessent avec les picots ?
Bien que non protégés, il est interdit de capturer, de faire souffrir volontairement ou de tuer soi-même les Pigeons bisets, et la méthode d’éloignement choisie ne doit donc être ni létale ni dangereuse pour eux. Les picots répondent généralement à ces contraintes, car ils les repéreront et n’essaieront pas de se poser. Toutefois, de jeunes oiseaux inexpérimentés risquent de se blesser, voire de mourir empalés, comme a pu le constater Gérard Rollin en 2022 : il a en effet photographié des Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) transpercés par des pics sur un bâtiment de l’aéroport international de Roissy-Charles de Gaulle (Val-dO’ise).
Par ailleurs, à Amsterdam (Pays-Bas), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) a été vu empalant ses proies sur ces pics pour les consommer plus tard, à la manière des pies-grièches (lire La Pie-grièche grise, le boucher de l’avifaune européenne).
Les picots en plastique sont inoffensifs pour les oiseaux. |
Pour réduire les risques de blessures ou de mortalité, plusieurs précautions peuvent être prises :
- choisir des modèles de pics dont l’extrémité est émoussée ou arrondie. Il existe par ailleurs des pics en plastique encore plus inoffensifs.
- On peut également tendre à quelques centimètres au-dessus du rebord des fils de fer sur lesquels les pigeons ne peuvent pas se poser sans perdre l’équilibre.
- Ne pas laisser d’espace entre les semelles en polycarbonate des picots afin que les oiseaux n’essaient pas de se poser entre elles.
- Ne pas poser si possible de picots à proximité d’une colonie connue, par exemple d’Étourneaux sansonnets. Si cela n’est pas possible, installez-les en automne, avant la naissance des jeunes, afin que les adultes puissent les repérer et peut-être « avertir » leurs petits.
- Ne pas poser de picots sur les branches des arbres pour éviter les déjections d’étourneaux sur les voitures, comme cela avait été proposé sur deux érables dans le hameau de Thorpe, dans le comté de Norwich (Grande-Bretagne), une solution finalement rejetée par le conseil municipal.
- Dans les zones les plus risquées pour les jeunes oiseaux, vous pouvez également installer des objets qui reflètent la lumière (CD) ou accrocher de petits ballons ou des bandelettes de couleur afin que le dispositif soit visible de loin.
Des pics anti-pigeons utilisés par des corvidés pour construire leurs nids
Les corvidés (pies, corbeaux, corneilles, etc.) sont connus pour leurs grandes capacités d’adaptation (lire Trouver de l’eau en ville : un exemple de l’ingéniosité de la Corneille noire), et ils ont trouvé un moyen astucieux d’utiliser les picots anti-pigeons : les incorporer dans leurs nids pour dissuader les prédateurs de s’en approcher et les piller. Ces constructions atypiques ont été repérées dans des arbres à Rotterdam et à Enschede (Pays-Bas), à Glasgow (Grande-Bretagne) et à Anvers (Belgique).
La plus ancienne découverte remonte à mars 2009 à Rotterdam : un nid de Corneilles noires (Corvus corone) construit à une hauteur d’environ 12 mètres de haut dans un peuplier contenait au moins 16 pics anti-oiseaux, probablement prélevés dans un chantier de construction voisin.
Un autre nid (inachevé) de Corneilles noires se trouvait à environ 15 mètres de hauteur dans un Saule pleureur le long du canal Provenierssingel à Rotterdam. Il avait été trouvé le 31 août 2021 lors d’une séance d’élagage des arbres. Il mesurait 60 cm de diamètre et était constitué de 24 bandes de 33 cm de longueur composées de sept paires de pointes d’une longueur de 11 cm.
Dans un arbre d’un hôpital d’Anvers, un patient a découvert en juillet 2021 un énorme nid de Pies bavardes (Pica pica) constitué de près de 1 500 pics orientés vers l’extérieur. Pour cela, ces oiseaux avaient retiré jusqu’à 61 semelles PVC de l’avant-toit d’un des bâtiments de l’institution.
Vidéo sur l’incorporation de picots dans des nids de pies et de corneilles en Europe.
Source : Science and Tech
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Compléments
Produits recommandés
- Pics anti-pigeons en plastique de Formizon
- Pics anti-pigeons en acier inoxydable d’ASTER
Sources
- Auke-Florian Hiemstra, Cornelis W. Moeliker, Barbara Gravendeel et Menno Schilthuizen (2023). Bird nests made from anti-bird spikes. DEINSEA. www.hetnatuurhistorisch.nl
- George Thompson (2022). Anti-bird spikes on trees branded ‘stupidest idea I have ever seen’. Eastern Daily Press. Date : 16/09. www.edp24.co.uk
- Malo Blanchard (2001). Les risques sanitaires reliés aux déjections de pigeon en milieu de travail au Québec – Mesures de prévention. Direction de la Santé publique du Québec. www.santecom.qc.ca
- Société Vaudoise pour la Protection des Oiseaux. Éloigner le pigeon des villes. svpa.ch
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