La basse vallée de l’Adour, une zone humide d’un grand intérêt ornithologique

Situation de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)

Situation de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).
Carte : Ornithomedia.com

L’Adour est un fleuve d’une longueur de 308 km qui prend sa source dans le massif pyrénéen et qui se jette dans l’océan Atlantique entre Tarnos (Landes) sur sa rive droite et Anglet (Pyrénées-Atlantiques) sur sa rive gauche. Il est sous influence maritime jusqu’au pont d’Urt, à 22 km de son embouchure. Lors des plus forts coefficients, les marées peuvent être ressenties jusqu’à Dax (Landes).
Dans sa basse vallée, en aval de Pontonx-sur-l’Adour (Landes), le fleuve est bordé de barthes, des prairies naturelles alluviales inondables d’un grand intérêt écologique qui ont justifié en 2006 l’intégration du site « Barthes de l’Adour », d’une superficie de 15 651 hectares, entre Saint-Vincent-de-Paul (Landes) et Lahonce (Pyrénées-Atlantiques), au réseau européen Natura 2000. Les prairies humides bocagères, les zones marécageuses, les tourbières, les chênaies hygrophiles, les saulaies-aulnaies et les ripisylves qui forment les barthes accueillent une riche avifaune nicheuse, migratrice et hivernante, avec plus de 241 espèces inventoriées (lire Observer les oiseaux dans la basse vallée de l’Adour).  
Dans la partie finale de son cours, en aval de la confluence avec la Nive, les rives de l’Adour sont en grande partie occupées par des zones urbaines, commerciales et industrielles qui forment le port de Bayonne, qui s’étend également sur les communes d’Anglet et de Boucau (Pyrénées Atlantiques) et de Tarnos (Landes).  

Accès et bons points d’observation dans la zone portuaire de Bayonne-Anglet-Boucau-Tarnos

Carte

Carte de la zone portuaire Bayonne-Anglet-Boucau-Tarnos (Pyrénées-Atlantiques/Landes) et emplacements de plusieurs bons sites pour observer les oiseaux  (cliquez sur la carte pour l’agrandir).
Carte : Ornithomedia.com d’après Geoffroy Chabot 

Depuis Bordeaux au nord, on peut rejoindre Bayonne par l’autoroute A63. On peut alors visiter plusieurs sites intéressants entre l’amont de la ville et l’estuaire de l’Adour (voir notre carte ci-contre) :

  • Les prairies inondables (barthes), les fossés et le lac de Lahonce, situés entre le port de Mouguerre et l’île de Lahonce, bien que menacés par  l’extension de la zone industrielle de Mouguerre, constituent une étape privilégiée des oiseaux migrateurs et accueillent plusieurs nicheurs intéressants. Un peu en aval, les toits du centre de recyclage de Suez à Mouguerre, observables avec une longue-vue, sont intéressants pour les Laridés en hiver. 
  • Les pontons privés de Castéra, sur la rive nord de l’Adour, sont intéressants en automne et en hiver pour l’observation des Laridés. 
  • Les pontons privés bordant l’Adour, observables depuis le jardin public Léon Bonnat à Bayonne, sont également attractifs pour les Laridés en hiver.
  • La friche de Saint-Bernard Est, dans la zone portuaire de Bayonne, est bordée par l’avenue du Banc Saint-Bernard. Elle mérite une visite durant les migrations et en hiver, même si elle remplace une ancienne grande vasière, qui a été détruite pour agrandir le port.
  • Les pontons du port Adhoc Bayonne-Anglet (un port à sec pour l’entretien des bateaux), qui dispose d’un bassin de navigation maritime et fluvial, accueillent de nombreux Laridés en hiver. 
  • La vasière et le banc artificiel de rochers qui se découvrent à marée basse à l’entrée du port de plaisance d’Anglet sont intéressants pour l’observation des limicoles et des Laridés durant les passages et en hiver. 
  • La petite vasière et les rochers visibles à marée basse devant la capitainerie d’Anglet attirent aussi les limicoles et les Laridés durant les passages et en hiver. 
  • Sur la rive nord de l’Adour, les quais industriels de Tarnos servent de reposoirs à de nombreux Laridés en hiver.
  • Le parc écologique Izadia est un bon endroit pour rechercher des passereaux en migration, et des espèces rares y ont déjà été notées (lire Observer les oiseaux dans le parc écologique Izadia , un vestige de l’ancienne embouchure de l’Adour). On peut se garer au niveau du parking de la Barre le long de l’Adour (voir sa localisation sur Google Maps).
  • La plage et la digue de Tarnos sont très favorables à l’observation des oiseaux pélagiques durant les migrations et en hiver, notamment après les tempêtes. 
  • Au nord de l’embouchure, les dunes rases parsemées de buissons du champ de tir de Tarnos, observables depuis la plage, peuvent accueillir de nombreux passereaux migrateurs au printemps et en automne.

Des oiseaux nicheurs à observer dans les dernières barthes en amont de Bayonne 

Élanion blanc (Elanus caeruleus)

L’Élanion blanc (Elanus caeruleus) chasse régulièrement dans les prairies humides (barthes) en amont de Bayonne (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Le Moal

Même si 225 espèces d’oiseaux ont déjà été observées dans la zone portuaire de Bayonne-Anglet-Boucau-Tarnos, elle accueille peu d’oiseaux nicheurs, en dehors des espèces classiques se reproduisant dans les villes. Toutefois, les dernières barthes (prairies inondables) en mont de Bayonne, entre l’île de Lahonce et le port de Mouguerre, permettent la reproduction entre autres du Milan noir (Milvus migrans), du Tarier pâtre (Saxicola rubicola), de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), de la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), de la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) et de la Rousserolle effarvate (Acrocephalus scipaceus), et servent de zones de chasse à l’Élanion blanc (Elanus caeruleus), au Milan royal (Milvus milvus), à la Cigogne blanche (Ciconia ciconia) et à plusieurs Ardéidés.  
Quelques couples de Goélands leucophées (Larus michahellis) nichent sur les toits des entrepôts dans la zone portuaire, et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) se reproduit le long des quais industries de Tarnos. 

Des surprises sont possibles durant les migrations

Les zones buissonneuses, comme celle du parc écologique Izadia et du champ de tir de Tarnos, les friches industrielles, les petites phragmitaies résiduelles le long de l’Adour et les dernières vasières épargnées par les aménagements peuvent être intéressantes durant les migrations, au printemps et surtout en automne. 
De petits effectifs de limicoles se nourrissent ou se reposent à marée basse sur les vasières et les rochers émergés du port et de la capitainerie d’Anglet, les espèces les plus régulières étant le Tournepierre à collier (Arenaria interpres), le Courlis corlieu (Numenius phaeopus), le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula), les Chevaliers aboyeur (Tringa nebularia), gambette (T. totanus) et guignette (Actitis hypoleucos) et les Bécasseaux variable (Calidris alpina) et violet (C. maritima), ce dernier étant visible à partir d’octobre-novembre dans les enrochements de la digue de Tarnos.

Vasière devant la capitainerie d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques)

Vasière devant la capitainerie d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Geoffroy Chabot

D’autres espèces moins fréquentes sont parfois notées, comme l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) ou les Bécasseaux sanderling (Calidris alba), cocorli (C. ferruginea) et maubèche (C. canutus). Des raretés ont déjà été trouvées, comme le Phalarope à bec étroit (Phalaropus lobatus) et le Bécasseau semipalmé (C. pusilla) (un oiseau le 2 novembre 2016 sur la vasière d’Anglet, revu le lendemain dans le parc écologique Izadia).
La Sterne caspienne (Hydroprogne caspia), les Guifettes noire (Chlidonias niger) et moustac (C. hybridus) et la Mouette pygmée (Hydrocoloeus minutus) sont régulières à partir de la fin de l’été le long de l’Adour. Le Goéland d’Audouin (Ichthyaetus audouinii) semble de plus en plus régulier, surtout au printemps : citons par exemple un oiseau de seconde année le 26 avril 2024 et un adulte bagué en Espagne le 23 mai 2025 sur la vasière du port de plaisance d’Anglet.
Parmi les passereaux migrateurs qui font une halte dans les buissons dans les dunes proches de l’embouchure et dans les petites roselières le long de l’Adour, des raretés ont déjà été vues, comme ce Traquet du désert (Oenanthe deserti) qui a séjourné du 24 décembre 2014 au 7 mars 2015 (au moins) et qui était visible depuis la plage, se posant sur des morceaux de bois apportés par l’océan Atlantique (lire Traquet du désert : des sables d’Afrique ou d’Asie aux plages d’Europe de l’Ouest).
Dans le parc écologique Izadia, un Traquet pie (Oenanthe pleschanka) a été vu du 17 au 24 novembre 2013 (au moins) sur les pelouses rases et le long de la plage adjacente des Cavaliers, et un Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala) a été découvert en mai 2023. Le Bruant nain (Emberiza pusilla), le Plectrophane lapon (Calcarius lapponicus) et la sous-espèce littoralis du Pipit maritime (Anthus maritima) ont déjà été vus le long du littoral. Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) a été contacté à la fin de l’été dans les roselières des barthes de Lahonce.  

Vue de la digue (barre) de Tarnos (Landes)

Vue de la digue (ou barre de l’Adour) de Tarnos (Landes) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Geoffroy Chabot

Au nord de l’estuaire, la barre de l’Adour (ou digue de Tarnos) constitue un excellent site de suivi de la migration des oiseaux marins en automne (de juillet à novembre) et en hiver. En effet, elle s’avance en mer sur près d’un kilomètre. La variété y est remarquable, et les effectifs sont parfois importants pour certaines espèces. Parmi les oiseaux pélagiques réguliers (mais plus ou moins rares), citons le Fulmar boréal (Fulmarus glacialis), les Puffins cendré (Calonectris diomedea), fuligineux (A. griseus), des Anglais (Puffinus puffins), des Baléares (P. mauritanicus), le Fou de Bassan (Morus bassanus), la Mouette de Sabine (Xema sabini), la Mouette tridactyle, les Sterne caugek et pierregarin, les Labbes pomarin (Stercorarius pomarinus), parasite (S. parasiticus) et à longue queue (S. longicaudus), le Grand Labbe (Catharacta skua), les Goélands brun (Larus fuscus), argenté (L. argentatus) et marin (L. marinus), les Mouettes mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) et pygmée (Hydrocoloeus minutus), etc. Parmi les raretés déjà notées, citons un Fou brun (Sula leucogaster) le 6 novembre 2019.
La Macreuse noire (Melanitta nigra) passe en grand nombre, et différentes espèces de limicoles, de canards de surface, de grèbes, de plongeons et d’Alcidés sont vues chaque année.
Après les tempêtes automnales, la digue est réputée pour l’observation de l’Océanite culblanc (Hydrobates leucorhous) et du Phalarope à bec large (Phalaropus fulicarius) (lire Les tempêtes et les arrivées d’Océanites culblanc sur les côtes).

Bécasseau semipalmé (Calidris pusilla) de première année

Bécasseau semipalmé (Calidris pusilla) de première année près de l’aire de stationnement de la Barre à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) le 29 octobre 2016 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Andréas Guyot

Traquet du désert (Oenanthe deserti)

Traquet du désert (Oenanthe deserti) mâle dans le champ de tir de Tarnos (Landes) le 19 février 2015 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Daniel Pareuil

En hiver, le temps des laridés

Goéland bourgmestre (Larus hyperboreus)

Goéland bourgmestre (Larus hyperboreus) de premier hiver à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) le 8 décembre 2020 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Geoffroy Chabot

La zone portuaire de Bayonne-Anglet-Boucau-Tarnos est surtout réputée en automne et surtout en hiver pour le stationnement de Laridés sur les vasières et les pontons et les toits des bâtiments le long de l’Adour, comme sur les berges du quartier Castéra, devant le port et la capitainerie d’Anglet, dans le port Adhoc Bayonne-Anglet, sur la vasière et le banc artificiel de rochers qui se découvrent à marée basse à l’entrée du port de plaisance d’Anglet ou le long des quais industriels de Tarnos. Parmi les Mouettes rieuse (Chroicocephalus ridibundus) (commune) et mélanocéphale (moins de 200 oiseaux) et les Goélands leucophée (moins de 300) et brun (par ailleurs commun en migration le long de la côte), il faut noter la présence récente et désormais continue d’au moins 25 Goélands marins. Le Goéland argenté est peu fréquent, tout comme le Goéland pontique (L. cachinnans) : jusqu’à cinq oiseaux peuvent toutefois être notés simultanément, et des oiseaux bagués en Allemagne et en Pologne sont vus chaque année. 
Une particularité du site est la possibilité d’observer pratiquement toute l’année la sous-espèce lusitanius du Goéland leucophée, appelée Goéland cantabrique, qui niche le long des côtes du nord-ouest de la péninsule ibérique. Elle est toutefois difficile à repérer, et seuls les oiseaux bagués pourront être identifiés de façon certaine (lire Goéland cantabrique : présentation, identification et observation en France).
Les Goélands bourgmestre (Larus hyperboreus) et à ailes blanches (L. glaucoides), y compris la sous-espèce de Kumlien (L. g. kumlieni), trouvée par exemple lors de l’afflux de Goélands à ailes blanches sur le littoral atlantique de l’hiver 2008-2009, sont aussi possibles. Citons également une Mouette atricille (Leucophaeus atricilla) devant la capitainerie du port d’Anglet le 25 janvier 2021, une Mouette de Franklin (Leucophaeus pipixcan) sur les quais de Castéra du 27 janvier au 15 février 2022 (au moins), et un Goéland à bec cerclé (Larus delawarensis) au même endroit du 30 novembre 2022 au 10 mars 2023.
Le Bécasseau violet est un hivernant régulier sur les blocs de béton et les rochers de la digue de Tarnos, qui offrent aussi un abri et de la nourriture aux passereaux de passage. Des raretés ou des espèces insolites y ont déjà été vues, comme le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria) et l’Accenteur alpin (Prunella collaris).
De petits dortoirs de Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo) se forment enfin dans les arbres le long de l’Adour. 

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) de premier hiver

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) de première année bagué, port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bertrand Lamothe

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) de second hiver

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) de second hiver bagué, port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bertrand Lamothe

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) adulte)

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) adulte bagué, port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 6 septembre 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bertrand Lamothe

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) adulte

Goéland cantabrique (Larus michahellis lusitanius) adulte bagué, port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bertrand Lamothe

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