Les nids des oiseaux doivent assurer la sécurité et le confort des œufs et des oisillons (lire Les nids construits avec de la boue atténueraient les bruits extérieurs). La construction (ou empilement) d’un nouveau nid au dessus d’un autre plus ancien est un phénomène rare, qui a toutefois été observé chez plusieurs espèces.

La Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) est un passereau nichant dans les roselières le long des canaux, des étangs et des cours d’eau. Elle construit généralement son nid entre les tiges de roseaux et élève une couvée par an. En cas d’échec, elle en confectionne un autre pour accueillir les nouveaux œufs. 

Dans un article publié en 2025 dans la revue Natura Croatica, des ornithologues ont présenté un cas d’empilement de deux nids chez cette espèce découvert le 28 juin 2019 le long du canal Veliki Bački, dans le comté de Sombor (nord-ouest de la Serbie). Ils étaient situés à la lisière d’une roselière,  près de l’eau, et ils étaient fabriqués à partir de tiges de roseaux reliées par des feuilles de Massettes à feuilles étroites (Typha angustifolia). Le nid inférieur était vide, probablement en raison d’une prédation, tandis que celui construit au-dessus contenait quatre œufs de rousserolle, ainsi qu’un œuf et un oisillon de Coucou gris (Cuculus canorus). Le 8 juillet, lors d’une nouvelle visite, il ne restait que ce dernier, qui a été retrouvé mort le 13. Les deux rousserolles adultes n’ont pas été vus. 

Des empilements intraspécifiques et interspécifiques de nids ont été décrits chez respectivement quatre et trois espèces. Sur 1 761 nids de Troglodytes des marais (Cistothorus palustris) étudiés par Verner et Engelsen (1970), 39 étaient construits sur d’autres plus anciens. Chez le Colibri à poitrine violette (Sternoclyta cyanopectus), deux cas d’empilement de nids ont été repérés sur 67 échantillonnés. Deux exemples ont été notés chez le Synallaxe troglodyte (Phleocryptes melanops), et ce comportement est également connu chez la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus).

Le premier cas interspécifique d’empilement a été trouvé chez une Mouette argentée (Chroicocephalus novaehollandiae), qui avait construit son nid sur celui d’un cygne (Cygnus sp.). Un Synallaxe troglodyte avait édifié le sien sur celui d’un Tyranneau omnicolore (Tachuris rubrigastra), tandis qu’un individu de cette dernière espèce avait édifié son nid sur deux de Synallaxes troglodytes empilés l’un sur l’autre. 

L’empilement de nids peut être causé par un manque de matériaux et/ou d’emplacements favorables disponibles, à une forte compétition entre individus, à un risque de prédation élevé et/ou pour limiter les efforts de construction. Une telle construction peut signifier qu’un site est attractif, mais elle peut également est plus visible par les prédateurs.  

Ces construction atypiques sont généralement trouvées dans des zones humides, à l’exception du cas du Colibri à poitrine violette, qui vit dans les forêts : cela pourrait être lié à la saisonnalité de la disponibilité des matériaux de construction dans les marais, mais aussi à la structure verticale des roselières, qui favoriserait les empilements. Il serait nécessaire de collecter et de publier davantage de données sur ce comportement pour mieux comprendre ses raisons. 

Nid de Rousserolles turdoïdes (Acrocephalus arundinaceus) dans le comté de Sombor (Serbie)  le 12 mai 2018.
Source  : Antun Zuljevic

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire