La Cigogne noire (Ciconia nigra) est légèrement plus petite que la Cigogne blanche (C. ciconia), avec une longueur de 95 à 100 cm pour une envergure de 145 à 155 cm. Son plumage est presque totalement noir, avec des reflets verts et violet, les plumes de son ventre, du bas de sa poitrine ses axillaires et de ses sous-caudales étant blanches. Son bec, ses pattes et la zone de peau nue autour de yeux sont rouges. Le mâle est légèrement plus grand que la femelle. Le juvénile est plus terne, les extrémités des plumes de ses scapulaires, de ses ailes et de ses sus-caudales sont pâles, et ses pattes, son bec et sa zone de peau nue autour des yeux sont gris verdâtre.

Son régime alimentaire est varié (lire La Cigogne noire peut être aussi adaptable qu’un Héron cendré durant sa migration).

Son nid, qui est fait de branchages, est construit dans un arbre, ou sur un escarpement rocheux, souvent à proximité d’un plan ou d’un cours d’eau (lire Pillage en direct d’un nid de Cigognes noires par une Martre des pins). Elle est discrète et se reproduit dans des zones boisées riches en étangs et en ruisseaux, mais dans ses zones de halte migratoire et d’hivernage, elle fréquente des zones humides variées (lire Bilan de la migration postnuptiale 2016 de la Cigogne noire sur les lacs aubois), mais aussi des décharges, des cultures, etc.

Son aire de nidification s’étend de façon discontinue de la péninsule ibérique à la Chine et en Afrique australe et elle hiverne en Afrique tropicale et en Asie du Sud (lire Importance des dortoirs pour les Cigognes noires hivernant en Afrique de l’Ouest).

La Cigogne blanche est beaucoup plus connue car elle plus visible et sa population est nettement plus nombreuse. Elle chasse et pêche en effet dans les prairies humides et les marais et elle construit son nid avec des branchages à la cime d’un arbre, sur une falaise, un bâtiment ou un pylône (lire Cigognes nichant sur des pylônes : et le rayonnement électromagnétique ?). Ce dernier peut être utilisé durant plusieurs décennies et atteindre deux mètres de hauteur et de diamètre et peser plus de 250 kg (lire Des Cigognes blanches et des Hérons garde-boeufs nichant dans une étonnante structure « commune »), et il sert d’abri et de site de nidifications à plusieurs espèces d’oiseaux et de mammifères (lire Les nids de Cigognes blanches peuvent servir de sites d’alimentation pour les chauves-souris).

Situation du Saintois (Meurthe-et-Moselle)

Situation du Pays du Saintois (Meurthe-et-Moselle).
Carte : Ornithomedia.com
Sur sa page Facebook, l’association LOrraine Association NAture a présenté une observation atypique réalisée le samedi 28 juin 2025 dans une petite commune du Pays du Saintois (Meurthe-et-Moselle) : Cédric Join a repéré et photographié une Cigogne noire adulte posée durant plusieurs minutes dans un ancien nid de Cigognes blanches construit sur une cheminée dans le centre d’un village. Elle était en position de couvaison, mais aucune interaction avec une autre cigogne n’a été constatée. Elle a ensuite été observée dans des jardins des alentours avant de quitter les lieux dans la soirée, alors que le centre-ville devenait plus bruyant. Quelques observations ponctuelles ont été réalisées autour du village durant les jours suivants, mais elle n’a pas été revue sur le nid.

Ce comportement est atypique, mais ce n’est pas la première fois qu’une Cigogne noire est observée dans un nid de Cigognes blanches. À Horní Cerekev (Tchéquie) un couple mixte composé d’un mâle de Cigogne noire et d’une femelle de Cigogne blanche avait ainsi été découvert en avril 2023 : le nid utilisé était celui de la femelle de Cigogne blanche, et plusieurs accouplements ont été observés avec le « visiteur » durant l’absence du partenaire « officiel ». Ce dernier a finalement chassé l’intrus (lire Deux couples atypiques en Tchéquie au printemps 2023 : deux femelles de Cigognes blanches et une Cigogne noire et une Cigogne blanche).

Un couple composé d’une femelle de Cigogne noire et d’un mâle de Cigogne blanche a été trouvé au cours du printemps 2023 à Lüder, en Basse-Saxe (Allemagne). Trois œufs ont été pondus le 19 avril, et deux jeunes sont nés le 20 mai. L’un ressemblait davantage à une Cigogne noire, avec un plumage globalement sombre, mais avec une tête et un cou plus clairs, tandis que le deuxième était beaucoup plus pâle et plus proche d’une Cigogne blanche, avec un plumage strié de sombre sur les parties supérieures.

Ces observations restent rares, mais elles pourraient augmenter dans le futur du fait de l’augmentation des populations des deux espèces en Europe. Par ailleurs, il est possible que lorsqu’elle était beaucoup plus commune sur notre continent, la Cigogne noire n’était pas confinée aux zones boisées et qu’elle se reproduisait également dans des habitats ouverts. Enfin, les deux espèces cohabitent en grand nombre le long de leur voie de migration, par exemple dans la vallée du Jourdain, entre Israël et la Jordanie (lire Hula Bird Festival 2012 : grues, aigles et compagnie), ce qui favorise les contacts et les échanges.

D’autres explications peuvent être mises en avant : la Cigogne noire femelle de Lüder (Allemagne) avait attiré l’attention des ornithologues au cours des années précédentes en raison de ses tentatives infructueuses de s’accoupler avec des Cigognes blanches, peut-être en raison d’un nombre insuffisant de partenaires de sa propre espèce. Du fait des différences écologiques marquées entre les deux espèces, un désaccord était apparu lors de l’aménagement de la plateforme utilisée : la Cigogne noire l’avait tapissée de mousse, mais la Cigogne blanche l’a retirée et a déposé de l’herbe à la place.

Le mâle de Cigogne noire d’Horní Cerekev (Tchéquie), dont le nid avait été détruit lors de l’abattage de l’arbre sur lequel il avait été construit, avait probablement essayé de se reproduire avec la première femelle trouvée, même d’une autre espèce. Les Cigognes blanche et noire ont en effet un attachement fort à leur nid, peut-être encore plus qu’à leur partenaire.

Vidéo d’un « couple » composé d’une  Cigogne noire (Ciconia nigra) et d’une Cigogne blanche (C. ciconia) en Tchéquie en juillet 2025.
Source : Jak vidím svět – Jiří Kozel

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