Le Tinamou carapé (Nothura nana), autrefois Taoniscus nanus (lire Des changements dans la classification de la famille des tinamous), est le plus petit représentant connu de la famille des Tinamidés, avec une longueur comprise entre 14 et 16 cm. De couleur brun-gris, il présente une gorge pâle, un cou et des parties supérieures aux motifs sombres prononcés, un dessous chamois barré de brun et une calotte noirâtre. Certains individus sont nettement plus foncés et gris que d’autres. L’iris et les pattes sont d’un jaunâtre terne.  

Ses vocalisations sont composées de trilles aigus, semblables à ceux d’un grillon, suivis de « peet ». Il vit discrètement dans les zones de savanes arborées (« cerrado ») et de prairies broussailleuses, à une altitude moyenne de 1 000 mètres.

Situation de Palmira, dans le département  de Beni (Bolivie)

Situation de Palmira, dans le département  de Beni (Bolivie).
Carte : Ornithomedia.com  

Du fait de sa discrétion, son aire de répartition est mal connue, mais il semble confiné au centre et au sud-est du Brésil (District fédéral, Goiás, Minas Gerais, Mato Grosso do Sul, São Paulo et autrefois Paraná), dans les prairies intactes du « campo sujo » (savane aux arbustes espacés et parsemée de monticules de terre). Des observations anciennes ont également été faites au Paraguay (province de Misiones) et en Argentine (provinces de Chaco et de Formosa), où l’espèce est aujourd’hui éteinte en raison de la destruction de son habitat.

Dans un article publié en 2025 dans le Bulletin of the British Ornithlogist’s, une équipe d’observateurs, composée de Paul van Els, Tini Wijpkema, Jacob T. Wijpkema et Gustavo Bernardino Malacco, a présenté une synthèse des observations réalisées lors d’une expédition qui s’est déroulée du 16 au 24 août 2024 dans le département de Beni, qui comprend encore de vastes étendues de prairies qui abritent d’importantes populations d’oiseaux menacés, tels que le Moucherolle petit-coq (Alectrurus tricolor), le Tyranneau à queue aiguë (Culicivora caudacuta), plusieurs espèces de sporophiles (genre Sporophila) à l’aire de répartition restreinte et l’Engoulevent à ailes blanches (Eleothreptus candicans), qui est très localisé (lire À la recherche de l’Ara canindé dans les savanes de Bolivie).

Les 17 et 18 août 2024, ils ont enregistré le chant du Tinamou carapé à deux endroits dans le centre-nord de Beni, au sud puis au nord de Palmira. Aucun individu n’a pu être photographié. Les deux sites étaient des ranchs de bétail à la gestion extensive, aux herbes hautes et denses atteignant environ 50 cm de haut, entrecoupées de termitières et d’arbustes ligneux. Ces zones sont inondées trois à quatre mois par an pendant la saison des pluies.

La comparaison, à l’aide de la suite logicielle R (warbleR et Ohun), des sonogrammes obtenus avec ceux d’enregistrements de populations connues au Brésil et du Petit Tinamou (Nothura minor), au chant proche a permis de confirmer l’identification (vous pouvez écouter le chant de l’espèce dans la vidéo en bas de notre article).

Les vocalisations du Tinamou carapé  sont discrètes, et dans les deux sites boliviens parcourus, elles n’ont été émises que pendant de brefs intervalles de dix minutes au lever et au coucher du soleil.  

Étant donné que les enregistrements boliviens se trouvent à environ 1 500 km de la population existante connue la plus proche, située dans le parc national d’Emas, dans l’État de Goiás (Brésil), le statut taxonomique de la possible population bolivienne mérite d’être étudié. Par ailleurs, la conversion rapide actuelle des savanes en terres agricoles et les incendies généralisés qui en découlent menacent probablement sa survie en Bolivie. Des mesures urgentes sont donc nécessaires pour estimer son statut dans le pays.   

le chant du Tinamou carapé (Nothura nana).
Source : VIDAS NO MUNDO

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