Brèves
Un Pouillot véloce participe au nourrissage d’une jeune Mésange charbonnière dans le Cher en mai 2025
Mésange charbonnière (Parus major) nourrissant son jeune et Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) lui apportant aussi de la nourriture dans un jardin à Châteaumeillant (Cher) le 5 mai 2025.
Photographies : Philippe Kelnerd
Les cas de nourrissages interspécifiques sont peu fréquents mais ils concernent des espèces variées : par exemple, une Sittelle torchepot (Sitta europaea) femelle a été vue nourrissant un jeune Pic épeiche (Dendrocopos major) dans les monts d’Arrée (Finistère) en juin 2009 (lire Le nourrissage interspécifique : le cas d’une sittelle et d’un Pic épeiche), un Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) a été repérée apportant des insectes dans un nichoir occupé par une jeune Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) à Coray (Finistère) en mai 2018 (lire Un Troglodyte mignon participe à l’élevage d’une jeune Mésange bleue), un couple de Pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla) a nourri une jeune Buse variable (Buteo buteo) en Tchéquie en mai 2007 (lire Adoptions de jeunes buses par des pygargues), et deux poussins de Goélands à bec cerclé (Larus delawarensis) ont été nourris par des Sternes caspiennes (Hydroprogne caspia) dans le parc provincial Presqu’île au Canada en 2011 (lire Un Goéland à bec cerclé élevé par deux Sternes caspiennes).
Situation de Châteaumeillant (Cher). |
Le 5 mai 2025, Philippe Kelnerd a fait une intéressante observation dans son jardin situé à Châteaumeillant (Cher) : un Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) a apporté à plusieurs reprises des insectes à une jeune Mésange charbonnière (Parus major) qui n’avait pas encore quitté son nichoir, contrairement à ses trois frères/sœurs, qui étaient posés dans les arbres fruitiers proches. Les parents paraissaient troublés par ce comportement inattendu et semblaient inhabituellement agités et bruyants.
Le Pouillot véloce ne se contentait pas de rester à l’entrée du nichoir, il est également rentré dedans. La petite mésange a finalement pris son envol depuis. Philippe Kelnerd nous a précisé qu’il n’avait pas remarqué le pouillot les jours précédents, bien qu’il soit tous les jours dehors.
Différentes hypothèses peuvent expliquer le comportement de cet oiseau. La nidification de deux espèces à proximité l’une de l’autre constitue un facteur favorable : les appels de la jeune Mésange charbonnière pourraient avoir déclenché le réflexe de nourrissage chez le pouillot. Ce dernier pourrait ne pas avoir encore trouvé de partenaire et avoir ressenti le besoin de participer à la nidification de ses voisins, même s’ils appartiennent à une autre espèce.
La perte du nid de « l’intrus » est une autre explication possible : en effet, plusieurs données d’adultes nourrissant les poussins d’autres espèces après que leur propre nid ait été détruit ou pillé sont connues : Southern (1952) avait ainsi observé un couple de Gobemouches gris (Muscicapa striata) nourrissant des Merles noirs (Turdus merula) après que leur propre nid ait été anéanti par un orage.
Une autre situation pouvant être à l’origine d’un nourrissage interspécifique est l’existence d’une couvée mixte, une situation fréquemment observée chez des espèces cavicoles quand la compétition pour les sites de nidification est sévère, mais qui ne semble pas être applicable dans le jardin de Philippe Kelnerd : en effet, le Pouillot véloce ne niche pas dans les cavités (lire Identifier les nids et les œufs des oiseaux des villes et des jardins).
Ce comportement apparemment altruiste est curieux car il constitue a priori une perte de temps et d’énergie pour les alloparents : mais il pourrait aussi constituer un moyen de se perfectionner dans « l’art » d’élever des petits, surtout pour de jeunes adultes encore inexpérimentés (lire Les oiseaux peuvent faire preuve d’empathie et d’altruisme).
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