Les critères importants pour choisir un super téléobjectif pour la photographie ornithologique

Hybride Canon EOS R7 + super téléobjectif Canon RF 100-500 mm

Hybride Canon EOS R7 + super téléobjectif Canon RF 100-500 mm (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Hervé Wallon

En dehors de la digiscopie (lire Qu’est-ce que la digiscopie ?), choisir un bon équipement pour pratiquer la photographie ornithologique n’est pas simple : il faut en effet à la fois disposer d’un boîtier reflex ou hybride possédant certaines qualités (une résolution, une sensibilité et une vitesse d’obturation élevées, un mode rafale rapide, un autofocus performant, une capacité de stockage suffisante, un poids et des dimensions raisonnables, une robustesse et une imperméabilité suffisantes et une gestion fine du diaphragme) (lire Une sélection de reflex, d’hybrides et de bridges performants pour photographier les oiseaux), et d’un zoom standard (distance focale ajustable de 18 à 200 mm), d’un téléobjectif (= dont la focale est supérieure à la diagonale du capteur) ou d’un super-téléobjectif (= dont la focale est d’au moins 300 mm) performant.
Les critères de choix d’un super-téléobjectif pour photographier les oiseaux sont globalement les mêmes que pour ceux destinés à photographier les mammifères, mais les premiers bougent souvent davantage et surtout volent (lire Conseils pour photographier les oiseaux en vol).
Il existe des téléobjectifs à longueur focale fixe ou variable (zoom). Ces derniers ont l’avantage d’être polyvalents et adaptés aux différentes conditions sur le terrain et aux mouvements variables du sujet, ce qui évite d’avoir à changer d’objectif sur le terrain, une manipulation qui pourrait éventuellement entraîner une prise de vue manquée, permettre à la poussière ou à la saleté de s’infiltrer dans votre appareil photo ou même d’effrayer votre sujet. Les téléobjectifs à distance focale variable sont toutefois souvent plus lourds et plus encombrants que ceux à focale fixe.
Voici quelques caractéristiques à prendre en compte pour choisir un super téléobjectif : 

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) 

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) photographiée en janvier 2024 dans le Pas-de-Calais avec un Canon EOS R7 + Canon RF 100-500 mm. Caractéristiques : 500mm – 7.1 – Mode manuel – ISO auto – Balance des blancs réglée en ombragé (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Hervé Wallon

  • la distance focale devra être élevée, d’au moins 400 mm (entre 400 et 600 mm), notamment pour les espèces farouches que l’on ne peut pas approcher, comme les rapaces ou les gallinacés de montagne. Cela vous permettra d’obtenir de gros plans détaillés sans déranger le sujet. Vous pourrez par ailleurs ajouter un convertisseur 1,4x ou 2x pour augmenter la distance focale, et ainsi si besoin aller au-delà de 600 mm et même atteindre 800 mm (il faut toutefois tenir compte de la taille du capteur de votre appareil photo pour calculer la longueur focale équivalente).
  • L’ouverture maximale devra être la plus élevée possible pour laisser entrer davantage de lumière, ce qui est utile dans les conditions de faible luminosité (au crépuscule ou à l’aube par exemple). La valeur f (avec f = F/D, dans laquelle f est l’ouverture, F la focale et D le diamètre d’entrée de la lumière à travers le diaphragme) devra donc être la plus faible possible. Une grande ouverture contribuera par ailleurs à créer un effet artistique dit « Bokeh », c’est-à-dire un cliché avec une faible profondeur de champ présentant un sujet net sur un arrière-plan flou, qui crée une ambiance particulière et renforce l’intensité de l’image.
  • Une autre fonctionnalité importante à rechercher est la stabilisation de l’image, car elle permet d’obtenir des images nettes, en particulier aux forts grossissements ou dans des conditions de faible luminosité.
  • La vitesse d’obturation devra être élevée (1/125 seconde ou au-delà) pour réussir à figer les mouvements rapides des oiseaux.
  • Disposer d’une mise au point automatique (autofocus) rapide, silencieuse et précise est très utile pour photographier des animaux en action effectuant des mouvements rapides, comme les oiseaux en vol.
  • La distance minimum de mise au point doit être la plus faible possible, pour pouvoir également photographier les oiseaux peu éloignés.
  • La solidité et l’étanchéité aux intempéries sont deux qualités importantes pour la photographie animalière en extérieur et dans des environnements potentiellement accidentés.
  • Le poids devra être le plus réduit possible, surtout si vous devez parfois transporter votre matériel sur de longues distances.

Le test du Canon RF 100-500 mm par Hervé Wallon 

Pic épeiche (Dendrocopos major)

Pic épeiche (Dendrocopos major) photographié en janvier 2024 dans le Pas-de-Calais avec un Canon EOS R7 + Canon RF 100-500 mm. Caractéristiques : distance focale de 500mm – 7.1 – 1/500 – 800 Iso – Balance des blancs réglée en nuageux  (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Hervé Wallon

Le super téléobjectif Canon RF 100-500 mm F4.5-7.1L IS USM a été lancé sur le marché en 2020, et il a acquis depuis une bonne réputation auprès des photographes naturalistes. Il possède en effet plusieurs caractéristiques techniques intéressantes :

  • une large plage focale de 100 à 500 mm, mais qui peut aller bien au-delà grâce aux multiplicateurs 1,4x et 2x en option.
  • Une ouverture (f) maximale de 4.5 pour la longueur focale de 100 mm.
  • Une stabilisation d’image à cinq vitesses, ce qui permet de prendre des photos nettes même avec un temps d’exposition nettement plus long (par exemple, environ 1/2 s au lieu de 1/60 s).
  • Une très bonne étanchéité.
  • Une peinture blanche résistante à la chaleur qui le protège contre les températures extrêmes. Un double moteur Nano USM permettant un autofocus rapide, fluide et quasi silencieux.
  • Une distance de mise au point minimale de 0,9 m à une longueur focale de 100 mm grâce à un groupe de lentilles « flottantes ».
  • Un poids raisonnable de 1530 grammes sans le support pour trépied.
  • Une certaine compacité avec sa longueur minimum de 207,6 mm, soit à peine davantage qu’un 100-400 mm.

Hervé Wallon est un naturaliste et photographe amateur vivant dans le département du Pas-de-Calais : il possède un hybride Canon EOS R7 (lire Test du Canon EOS R7 et sélection d’autres hybrides récents performants pour photographier les oiseaux), et afin de remplacer son Tamron G2 150-600 mm assez lourd et ne plus avoir à utiliser une bague d’adaptation, il a décidé d’acheter en 2023 le super téléobjectif Canon RF 100-500 mm. Il a préféré un zoom plutôt qu’un modèle à focale fixe, comme le Canon RF 600 mm F4 L IS USM, qui donne pourtant d’excellents résultats en photographie animalière, afin d’avoir plus de liberté d’action (pouvoir partir d’une petite focale et zoomer ensuite progressivement). Le prix était enfin un critère à prendre en compte : acheté au moment du Salon de la Photo de 2023, il a bénéficié de 10 % de remise Canon et d’une garantie de cinq ans (d’une valeur de 425 euros) offert par le magasin Camara de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour un prix de départ de 3 149 euros.
Depuis son acquisition, il a pu faire des essais dans différentes conditions, et il nous a transmis ses remarques :

Verdier d'Europe (Chloris chloris)

Verdier d’Europe (Chloris chloris) photographié en janvier 2024 dans le Pas-de-Calais avec un Canon EOS R7 + Canon RF 100-500 mm. Caractéristiques : distance focale de 500 mm – 7.1 – 1/1000 – Iso en auto – Balance des blancs réglée en nuageux (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Hervé Wallon

  • son autofocus est très efficace, avec une mise au point quasiment instantanée et silencieuse. En outre, combiné le rideau électronique du Canon EOS R7, on n’entend strictement rien lors de la prise de vue.
  • Sa stabilisation, combinée à celle du Canon EOS R7, est très performante.
  • Bien que la disposition des bagues de réglage, notamment celle de la noire de mise au point située à proximité du collier du trépied, puisse sembler perturbante au début, on s’y habitue très vite et il n’est finalement pas plus compliqué à utiliser qu’un autre objectif. La dernière bague de réglage, permettant de corriger l’ouverture, est également un peu trop proche du boîtier et donc difficilement accessible.
  • Il est assez léger (2 kg avec le Canon EOS R7, contre 4 kg pour l’ensemble Canon 7D Mark II + Tamron G2 150-600 mm) et il ne nécessite donc pas obligatoirement de trépied.
  • Il n’est pas trop encombrant, avec une longueur combinée (quand il est replié) de 280 mm avec le Canon EOS R7, atteignant 340 mm avec le pare-soleil déployé.
  • L’ouverture minimale, égale à f 7.1 au zoom maximum, est un peu limite, mais elle ne pose pas vraiment de problème sur le terrain, car il reste toujours la possibilité de recadrer l’image et de la retoucher avec un logiciel, et les nouveaux boîtiers peuvent monter un peu plus dans les ISO.

Une sélection d’autres modèles de super téléobjectifs performants pour pratiquer la photographie ornithologique 

En nous basant sur plusieurs articles publiés sur des sites web et sur les commentaires dans des forums spécialisés, nous vous proposons ci-dessous une sélection d’autres super téléobjectifs appréciés des photographes naturalistes.

Modèle Année de lancement Ouvertures maximale et minimale Stabilisation Autofocus Distance minimale de mise au point (m) Dimensions (D x L) (mm) Poids  (grammes) Prix indicatifs  en euros (TTC)

Sigma 150-600 mm f/5-6.3 DG OS HSM Sports

 2021 f/5 – f/29 oui   oui 0,58 93 x 209,6  2 100 De 1  150 à 1 849 
Sigma 100-400 mm f/5-6.3 DG DN OS 2020 f/5 – f/22 oui oui 1,6 86,4 x 182,3 1 160 De 769 à 999 
Tamron 150-600 mm SP f/5-6.3 Di VC USD  2014  f/5 – f/40  oui oui 2,2  108,4 x 260,2  635  De 574 à 1 199
Tamron 50-400 mm f/4.5-6.3 Di III VC VXD 2022 f/4.5 – f/32 oui oui 0,25 (mode macro) 88,5 x 183,5 1 115 De 1 000 à 1 499
Tamron 18-400 mm f/3.5-6.3 Di II VC HLD 2017 f/3.5 – f/40 oui oui 0,45 79 x 123,9 710 De 643 à 1 369 

Nikon AF-S Nikkor 200-500 mm f/5.6E E VR

 2015 f/5.6 – f/32  oui oui 2,2 108 x 267,5  2 310  De 988 à 1 599 
Canon EF 100-400 mm f/4.5-5.6L IS II USM  2015 f/4.5 – f/40  oui oui 0,98  94 x 193    1640  De 1 419 à 3 199
Panasonic Lumix G Vario 100-300 mm f/4-5.6 II Power OIS  2010  f/4- f/22  oui oui 1,5  73,6 x 126  520  De 507 à 649
Fujinon XF 100-400 mm f/4.5-5.6 R LM OIS WR 2011 f/4.5 – f/22 oui oui 1,75 94,8 x 210,5  1 375 De 1 202 à 1 799
Olympus M. Zuiko 40-150 mm F/2.8 PRO 2014 f/2.8 – f/22 oui oui 0,7 79,4 x 160 760 De 1 028 à 1 458
Sony FE 200-600 mm f/5.6-6.3 G OSS 2019  f/5.6 – f/32  oui oui 2,4  111,5 x 318   2 115  De 1 544 à 2 398
Sony FE 100-400 mm f/4.5-5.6 GM OSS 2018 f/4.5 – f/22 oui oui 0,98 93,9 x 205 1 395 De 1 899 à 2 899

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