Choisir un appareil photo pour un safari

Philippe Ratinet effectuant un safari photographique

Philippe Ratinet effectuant un safari photographique dans le parc national Krüger (Afrique du Sud) en 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Source : Philippe Ratinet

Lorsque l’on veut photographier les oiseaux lors d’un safari organisé dans la savane africaine, il est préférable d’emporter un équipement performant et bien adapté qui vous donnera toutes les chances de réussir vos clichés.
Si vous désirez seulement prendre des photographies « d’illustration », un smartphone ou un compact numérique, comme le Panasonic Lumix DMC-TZ70 ou le Sony RX100 VII, combinés avec une longue-vue (lire Qu’est-ce que la digiscopie ?), pourront suffire, surtout que leurs résolutions sont désormais très élevées et que les résultats obtenus peuvent être tout à fait satisfaisants.
Les photographes plus exigeants choisiront plutôt un reflex, comme le Nikon D3500 ou le Canon EOS 6D Mark II, ou un hybride, comme les Canon EOS R7 et EOS R6 Mark II, le Sony Alpha 7R IV et Alpha 9 ou le Nikon Z9 (lire Test du Canon EOS R7 et sélection d’autres hybrides récents performants pour photographier les oiseaux). Un bridge, qui est intermédiaire entre un compact et un reflex et dont le zoom est intégré (donc non interchangeable), par exemple le Sony RX10 IV, est aussi une solution à envisager (lire Une sélection de reflex, d’hybrides et de bridges performants pour photographier les oiseaux).
Combinez votre boîtier reflex ou hybride avec un téléobjectif zoom (plutôt que fixe) stabilisé à champ large, par exemple un 100-400 mm ou un 100-500 mm qui couvrent une grande variété de longueurs focales effectives, dont une d’au moins 500 mm.

Les fonctionnalités et les réglages photographiques importants lors d’un safari

  • Avant de partir, apprenez à maîtriser les principales fonctionnalités (autofocus notamment) et les réglages importants (ISO, ouverture, vitesse d’obturation, etc.) de votre appareil photo pour ne pas être pris au dépourvu sur le terrain et ne pas rater de belles opportunités de photos.
  • Soyez conscient des limites de votre appareil photo afin d’avoir des attentes réalistes : un zoom peu puissant vous empêchera de photographier des oiseaux très éloignés. Si l’objectif est grand et lourd, une vitesse d’obturation élevée sera nécessaire pour éviter d’obtenir des images floues en raison de vos mouvements ou des soubresauts d’un véhicule ou d’un bateau. Un petit capteur produira des images avec du « bruit » quand la luminosité sera faible.
Astrild ondulé (Estrilda astrild)

Astrild ondulé (Estrilda astrild) photographié près du camp de Skukuza dans le parc national Krüger (Afrique du Sud) le 30 juillet 2023 avec un Canon EOS R6 Mark II + Canon RF 100-500 mm à une distance de 15 mètres environ avec les réglages suivants : f/7.1 – 1/25 – 400 ISO (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Philippe Ratinet

  • La vitesse d’obturation est un paramètre qui détermine la netteté de l’image. Elle doit être réglée en fonction de la vitesse du sujet : s’il est statique, une vitesse de 1/400 seconde conviendra, mais s’il bouge, une vitesse plus rapide de 1/3200 seconde sera plus adaptée pour réduire le flou.
  • L’ouverture contrôle la profondeur de champ de l’image. Si elle est grande (f/4 ou f/5.6), cela réduira la profondeur de champ, mettant ainsi en avant le sujet avec un arrière-plan flou.
  • La sensibilité (en ISO) contrôle celle du capteur et affecte la vitesse et l’ouverture. Une augmentation permet d’augmenter la vitesse d’obturation en évitant le flou : cela peut être intéressant pour photographier des sujets en mouvement rapide ou dans des environnements faiblement éclairés, par exemple au lever et au coucher du soleil. Les valeurs maximales classiques se situent entre 6 400 ISO et 25 600 ISO. La fonction ISO automatique de votre boîtier permet d’exposer correctement l’image en utilisant une bonne combinaison des autres éléments. Attention toutefois au grain causé par un ISO élevé.
  • Plusieurs hybrides disposent d’un autofocus sophistiqué capable de repérer un grand nombre d’objets et d’animaux. Par défaut, choisissez la mise au point automatique (AF). Disposer d’un autofocus performant est important, mais il faut aussi pouvoir passer en mode manuel si vous désirez vous-même choisir le sujet. La taille de la zone de la mise au point automatique peut être choisie : pour un oiseau en vol, une zone large est conseillée, alors que s’il est perché, une mise au point ponctuelle suffira.
  • La stabilisation de l’appareil photo contribue considérablement à lutter contre les vibrations générées lorsque l’on tient l’appareil photo dans la main, mais l’activer seul ne suffit pas toujours à éliminer le flou. Pour cela, on peut également choisir une vitesse d’obturation suffisamment rapide. Pour déterminer la vitesse d’obturation adaptée, utilisez la formule 1/focale : pour une prise de vue à 600 mm, une vitesse d’au moins 1/600 seconde est ainsi conseillée. Cette valeur peut être réduite avec un support stable. Il est recommandé d’utiliser la stabilisation automatique du téléobjectif s’il en est pourvu : elle se combinera alors avec celle du boîtier.
  • La prise de vue en mode rafale est idéale pour photographier un oiseau en mouvement. Avec ce mode, tant que vous maintenez le déclencheur enfoncé, l’appareil photo continuera de prendre des photos, et vous pourrez ensuite choisir les meilleures. Il est donc utile de disposer d’un appareil photo dont les vitesses du mode rafale (en images par seconde) et d’écriture sur la carte mémoire sont élevées. Pour les sujets se déplaçant plus lentement, un mode rafale de vitesse moyenne (dix images par seconde) ou basse (cinq images par seconde) suffira.
  • Choisissez le format RAW pour vos photos, car cela vous donnera plus de latitude pour les retoucher plus tard. Toutefois, le format JPEG vous permettra d’en stocker davantage et de les partager plus rapidement en ligne.
  • Une fois à l’hôtel ou de retour chez vous, vous pourrez utiliser un logiciel de retouche d’images gratuit ou payant (Adobe Lightroom Classic, DxO PhotoLab, Capture One, DarkTable etc.).

Conseils pratiques avant de partir en safari

Un simple sac rempli de sable ou de haricots secs

Un simple sac rempli de sable ou de haricots secs est un accessoire utile pour photographier les oiseaux, par exemple depuis le rebord de la fenêtre d’une voiture (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bin im Garten / Wikimedia Commons

  • N’oubliez pas d’emporter plusieurs cartes mémoires de 64 ou 128 GB (ou un disque externe avec un câble USB pour transférer régulièrement des images) afin de stocker toutes les photos que vous désirez prendre.
  • Apportez au moins une batterie de rechange. Pensez aussi à prendre un adaptateur pour brancher votre batterie, dans le cas où le courant serait du type 110 V-120 V au lieu de 220 V-240 V comme en Europe. Nous vous recommandons également de vous muni d’un chargeur avec  prise USB.
  • Choisissez un trépied stable avec une rotule robuste et fluide, comme la Manfrotto MVH500AH.
  • Un petit sac rempli de sable ou de haricots secs est un accessoire utile pour poser votre équipement sur un support, comme le toit ou le rebord d’une fenêtre d’une voiture (lire Observer ou photographier les oiseaux depuis sa voiture). En effet, il n’est pas toujours possible de déplier un trépied. Cela vous permettra par ailleurs utiliser des vitesses d’obturation plus lentes, car vous n’aurez pas à vous soucier des tremblements, ce qui est particulièrement utile avec les grands téléobjectifs (400 mm et plus).
  • Emportez avec vous un kit de nettoyage complet, incluant un chiffon doux, un pinceau et un souffleur. 
  • Suffisamment longtemps avant de partir, vérifiez le bon fonctionnement et le bon état de votre équipement (y compris vos lanières et courroies). Un entretien régulier par des professionnels de la marque peut être un bon investissement : en effet, en plus de nettoyer le capteur, ils vérifient différents éléments tels que les joints et les vis. Quand vous serez revenu chez vous, faites nettoyer votre équipement par un professionnel.
  • Pensez à assurer votre équipement si sa valeur est supérieure à 1 500 euros, ce qui couvrira les incidents durant le voyage et le séjour (lire Olivier Lequeux : quand faut-il et comment assurer son matériel optique ou photographique ?).
  • Emportez des vêtements appropriés, aux couleurs discrètes, adaptés à la météo (légers, étanches et même chauds pour la nuit) et aux nombreuses poches. N’oubliez pas les protections antimoustiques (moustiquaire autour du chapeau, produits et manches longues), car ces insectes peuvent vous perturber quand vous prenez des photos.

Conseils pratiques lors d’un safari

Souimanga à plastron rouge (Cinnyris afer) femelle

Souimanga à plastron rouge (Cinnyris afer) femelle photographiée près du camp de Lower Sabie dans le parc national Krüger (Afrique du Sud) le 7 août 2023 avec un Canon EOS R6 Mark II + Canon RF 100-500 mm à une distance de sept mètres environ avec les réglages suivants : f/7.1 – 1/500 – 125 ISO (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Philippe Ratinet

  • Encore plus qu’en Europe, les oiseaux de la savane sont surtout actifs et visibles très tôt ou en fin de journée. En outre, en milieu de journée, les brumes de chaleur perturberont vos clichés en les rendant moins nets.
  • Si cela est possible, se poster longtemps dans un endroit favorable, par exemple près d’un point d’eau, est souvent plus productif que de parcourir de longs trajets.
  • Sur place, protégez votre équipement de la poussière, de la pluie et des chocs en le rangeant dans son sac ou un étui de transport étanche entre deux usages.
  • Les pistes dans la savane sont souvent en mauvais état, et un appareil photo peut vite tomber ou subir un choc pendant que vous roulez. Rangez-les donc dans un sac de transport rembourré. Ce dernier devra être équipé de lanières ou de courroies solides et confortables. Lors des trajets, restez assis, cela vous permettra de mieux protéger votre équipement.
  • Ne posez pas votre équipement sur le sol ou sur une surface sale. Utilisez les capuchons d’objectif et d’oculaire (gardez-les dans vos poches) et si possible un pare-soleil et un filtre anti-UV.
  • Lorsque vous voulez changer votre objectif, faites-le dans un endroit sans poussière et/ou abrité. Pour effectuer cette opération, éteignez votre boîtier car la poussière est attirée par le capteur d’un appareil photo sous tension, utilisez un souffleur d’air et orientez le capteur vers le bas pendant la manipulation.

Le Canon EOS R6 Mark II, un hybride récent et performant

L’hybride Canon EOS R6 Mark II, qui est muni d’un capteur plein format, a été mis sur le marché en France en novembre 2022. Par rapport à son prédécesseur, il intègre plus de 70 mises à niveau, notamment un stabilisateur d’image intégré (IBIS), une détection « intelligente » du sujet, un mode rafale doublé, un nouveau bouton permettant de basculer facilement du mode photo au mode vidéo, des options d’enregistrement vidéo améliorées et une autonomie augmentée de 50 %.

Canon EOS R6 Mark II

Le boîtier seul de l’hybride Canon EOS R6 Mark II (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Source  : Canon

Voici une synthèse de ses principales caractéristiques techniques particulièrement intéressantes pour la photographie ornithologique :

  • des dimensions (L X H X P = 138,4 × 98,4 × 88,4 mm) et un poids (670 grammes) raisonnables.
  • Une résolution du capteur de 24,2 millions de pixels.
  • Une sensibilité allant jusqu’à 102 400 ISO.
  • Un mode rafale atteignant 40 images par seconde lorsque vous utilisez l’obturateur électronique (silencieux) et 12 images par seconde avec l’obturateur mécanique.
  • Un autofocus (AF) bénéficiant d’un algorithme d’intelligence artificielle du type « Apprentissage profond » (« Deep Learning ») capable de détecter les animaux, dont les oiseaux. Une option automatique de détection du sujet analyse ce qui se trouve dans le cadre puis sélectionne un algorithme de suivi approprié.
  • Un système de stabilisation d’image intégré au boîtier qui neutralise les effets de flou de bougé pour produire des images plus nettes. Il fonctionne de manière coordonnée avec les objectifs dotés d’un stabilisateur d’image optique (IS) intégré, et il offre les avantages de la stabilisation aux objectifs qui en sont dépourvus.
  • La possibilité de filmer des vidéos de 40 minutes à la cadence de 60 images par seconde avec une résolution de 4 K (et jusqu’à 6 heures à la cadence de 30 images par seconde). Vous pouvez également enregistrer en 6 K à 60 images par seconde au format RAW ProRes sur un enregistreur Atomos Ninja V+ via la sortie HDMI.
  • Une facilité de connexion à un smartphone et aux réseaux sociaux grâce au Bluetooth V.5 et au Wi-Fi (5GHz).
  • Une possibilité de contrôle à distance à l’aide des applications Canon Camera Connect et Canon EOS Utility via un câble USB sous iOS et Android.
  • Une bonne résistance à l’humidité et à la poussière.

Son prix public constaté sur Internet en France (2023) est compris entre 2 299 et 2 899 euros.

Interview de Philippe Ratinet, photographe amateur passionné

1- Pourquoi avez-vous choisi le Canon EOS R6 Mark II ?

Rollier à longs brins (Coracias caudatus)

Rollier à longs brins (Coracias caudatus) photographié depuis la piste au nord du Crocodile Bridge dans le parc national Krüger (Afrique du Sud) le 5 août 2023 avec un Canon EOS R6 Mark II + Canon RF 100-500 mm à une distance de deux mètres environ avec les réglages suivants : f/7.1 – 1/500 – 1 600 ISO (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Philippe Ratinet

Philippe Ratinet : je souhaitais améliorer la facilité de prise de vue et la qualité technique de mes photos. Je désirais franchir un palier, et le choix du Canon EOS R6 Mark II s’est rapidement imposé comme une évidence. Je voulais passer à un équipement de pointe et voir par la même occasion si un hybride pouvait me convenir. J’ai lu des tests dans la presse lors de sa sortie (NDLR : En 2022) et j’ai consulté des avis et des vidéos réalisées par des photographes animaliers sur lnternet, qui semblaient unanimes sur ses qualités. J’ai fait de même pour sélectionner mon téléobjectif, le Canon RF 100-500 mm, le couple semblant parfait. Je me suis donc rendu chez mon photographe, qui m’a fait essayer le tout, et le coup de cœur a été instantané.
Je pratique essentiellement la photographie animalière, et quitte à dépenser une somme totale conséquente, je cherchais un appareil photo très polyvalent. Il était important qu’il soit réactif et que sa résolution soit élevée. Comme je photographie presque toujours à main levée et pas forcément depuis un véhicule ou un affût, il fallait aussi qu’il soit assez léger, qu’il bénéficie d’une bonne stabilisation et qu’il tienne bien en main.

2- Avez-vous hésité entre plusieurs autres modèles ?

Philippe Ratinet : j’ai regardé ce qui se faisait chez Sony et Nikon, et la proposition de Canon semblait la plus tentante en fonction de mon budget et de l’utilisation que j’entendais faire de mon appareil.

3- Quel appareil photo utilisiez-vous avant ? Quels étaient ses défauts/limites ?

Philippe Ratinet : j’utilisais un reflex Pentax K-3 Mark III, qui m’a beaucoup plu. Ses possibilités de réglage étaient toutefois un peu limitées et sa montée en ISO moins maîtrisée qu’avec les modèles plus récents. Le fait qu’il soit équipé d’un capteur APS-C me permettait de photographier les animaux très éloignés, mais les images obtenues n’étaient pas toujours faciles à exploiter. Il m’a néanmoins longtemps donné satisfaction sur des terrains variés.

4- Pourquoi avez-vous choisi le téléobjectif Canon RF 100-500 mm pour le combiner avec le Canon EOS R6 Mark II ?

Le téléobjectif Canon RF 100-500 mm

Le téléobjectif Canon RF 100-500 mm (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Hervé Wallon

Philippe Ratinet : je l’ai choisi car il est puissant, assez lumineux et fonctionne parfaitement avec le Canon EOS R6 Mark II. Il permet de photographier à la fois des sujets relativement éloignés et proches, voire très proches, ce qui est très intéressant dans un environnement protégé comme le parc Krüger, où les animaux ne fuient pas systématiquement lorsque vous les approchez. Il me fallait aussi tenir compte du fait que, même si j’ai beaucoup photographié les oiseaux, j’ai aussi pris des clichés d’autres animaux qui pouvaient être peu éloignés. La polyvalence du Canon RF 100-500 mm a fait merveille.
Autre élément intéressant, son poids (1 530 grammes sans son support pour trépied) est raisonnable : cela en fait un compagnon agréable lorsque vous marchez dans la savane. Je le transportais avec une poignée rotative « Hand Strap », et après une vingtaine de kilomètres de marche, l’équipement ne me pesait pas trop.
J’avais songé également à utiliser un multiplicateur, mais j’y ai renoncé pour des raisons pratiques. La bague du multiplicateur Canon impose en effet de développer presque complètement le téléobjectif pour l’insérer, et dans cette configuration, il devient alors impossible de prendre des photos de sujets proches : c’est un réel handicap sur le terrain, sauf lorsque vous vous déplacez à pied car les animaux ont tendance alors à s’éloigner. Pour m’adapter à toutes les situations, il aurait donc fallu utiliser un multiplicateur lorsque j’étais à pied, puis le retirer quand je circulais en voiture, mais je n’ai pas voulu prendre le risque que de la poussière entre dans le boîtier pendant ces opérations, ce qui est possible dans la savane.

5- Le Canon EOS R6 Mark II est-il compliqué à utiliser ?

Philippe Ratinet : c’est un modèle plutôt professionnel, qui permet, comme les modèles récents sophistiqués, de faire beaucoup de choses à notre place. Ce n’est toutefois pas sa seule raison d’être, et quand on sait le maîtriser, il est très complet. J’avoue avoir été impressionné par la quantité des réglages proposés, et la montée en gamme a été nette par rapport à mon reflex précédent. J’ai cherché des conseils, essentiellement sur Internet, pour voir comment les uns et les autres l’utilisaient j’ai réalisé des essais et j’ai finalement trouvé comment le régler pour pratiquer la photo animalière. Côté ergonomie, le boîtier et le téléobjectif sont très bien pensés. Passer à ce nouvel équipement s’est finalement avéré plutôt simple et franchement plaisant.

6- Quels défauts de cet hybride avez-vous noté lors de votre safari ?

Bateleur des savanes (Terathopius ecaudatus)

Bateleur des savanes (Terathopius ecaudatus) photographié depuis la piste au nord du Crocodile Bridge dans le parc national Krüger (Afrique du Sud) le 6 août 2023 avec un Canon EOS R6 Mark II + Canon RF 100-500 mm à une distance de sept mètres environ avec les réglages suivants : f/9.1 – 1/500 – 500 ISO (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Philippe Ratinet

Philippe Ratinet : le safari que j’ai effectué dans le parc national Krüger (lire L’Afrique du Sud du 4 au 24/09/2009 : seconde partie) du 27 juillet au 10 août 2023 était mon premier voyage avec mon nouvel équipement, et je ne le maîtrisais donc pas.
J’ai été un peu déçu par l’autofocus : les branches et les herbes font que l’appareil a parfois du mal à se caler sur les petits sujets, et même les plus gros. Un Léopard (Panthera pardus) photographié à quelques mètres était ainsi flou car la mise au point s’est faite sur une plante placée entre le félin et moi. Je n’ai pas obtenu non plus de très bons résultats avec les oiseaux en vol (lire Conseils pour photographier les oiseaux en vol). Toutefois, d’autres utilisateurs réussissent de très bons clichés, ce qui suggère que je dispose encore d’une bonne marge de progression, d’autant plus que ce modèle est réputé pour son autofocus.
Mon seul véritable bémol concerne la lenteur de sortie du mode de veille, ce qui peut poser un problème quand on veut réagir vite. Mieux vaut donc ne pas le laisser trop « s’endormir », quitte à puiser dans les réserves de la batterie.

7- Quelles sont selon vous ses qualités pour photographier les oiseaux ?

Philippe Ratinet : l’absence de bruit est un grand atout lorsque l’on photographie les oiseaux, car cela permet de prendre des clichés sans les effrayer. La rapidité du mode rafale est aussi très intéressante : à pleine vitesse, le boîtier prend tellement d’images que la bonne pose sera forcément immortalisée. Quant à l’option de pré-prise de vue, qui anticipe les événements, elle permet de faire des clichés que notre rapidité humaine n’autoriserait pas.
La stabilisation est remarquable : même à main levée et avec une longueur focale de 500 mm, les photos demeurent d’une netteté incroyable. La polyvalence du couple boîtier/téléobjectif est telle que j’ai même pu photographier des termites à quelques mètres.
L’autonomie est bonne : bien que photographiant toujours avec le viseur, je n’ai pas eu à changer de batterie en cours de journée malgré plusieurs centaines de clichés, ce qui est très appréciable.

8- Quels sont les principaux réglages utilisés lors de votre safari ?

Barbican à collier (Lybius torquatus)

Barbican à collier (Lybius torquatus) photographié près du camp de Skukuza dans le parc national Krüger (Afrique du Sud) le 30 juillet 2023 avec un Canon EOS R6 Mark II + Canon RF 100-500 mm à une distance de deux mètres environ avec les réglages suivants : f/8.1 – 1/400 – 400 ISO (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Philippe Ratinet

Philippe Ratinet : pour les prises de vue, j’avais enregistré deux profils. Un premier pour les animaux se déplaçant : une vitesse d’obturation élevée, un mode ISO automatique et une ouverture f/8. Le but était de capturer le mouvement tout en réduisant le flou et en travaillant dans la partie optimale du téléobjectif.
Le second était réservé aux animaux immobiles ou lents, qui sont assez fréquents dans le parc national Krüger. : sensibilité ISO maximum et ouverture f/8 pour conserver un maximum de couleurs. 
Pour la balance des blancs, j’ai trouvé que le mode automatique fonctionnait plutôt bien, et je l’ai donc choisi.
Comme je ne pratique que très peu l’affût, il me fallait pouvoir réagir très rapidement. Lorsqu’en plus de la photographie, on conduit la voiture et que l’on recherche les animaux en même temps, il faut accepter quelques compromis pour la prise de vue, d’où mon approche pragmatique.

9- Vous avez utilisé votre équipement sous un climat chaud tropical : cela vous a-t-il posé des problèmes ? Auriez-vous des conseils à donner pour utiliser ce type d’équipement lors d’un safari ou plus largement sous un climat tropical ?

Philippe Ratinet : j’ai effectué mon safari en Afrique du Sud pendant l’hiver austral, et la température passait de 6 à 29 degrés dans la même journée. L’appareil s’est toujours révélé réactif et a semblé insensible à ces variations. Il a fallu faire attention à ne pas laisser la poussière rentrer, mais cela a été assez simple : je n’ai pas changé d’objectif pendant toute la durée du séjour, réservant un autre boîtier pour les paysages et les portraits. Malgré une utilisation intensive, en voiture, à pied ou dans un affût, le matériel a toujours répondu présent.
Globalement, cet hybride est bien protégé de la poussière et de l’humidité, et il a été à la hauteur. Cela a aussi été le cas avec mon Pentax K-3 Mark III au Botswana, au Costa Rica et au Sri Lanka.

10- Lors de votre trajet en avion, avez-vous pris votre équipement avec vous, dans la cabine ? Avez-vous pris une assurance ?

Philippe Ratinet : je ne place jamais mon équipement dans la soute. J’ai un sac photo assez petit pour être glissé dans un bagage à main pour gagner de la place à l’aller et pouvoir avoir les deux sacs avec moi au retour, l’un étant alors garni de cadeaux souvenirs. Je n’ai pas assuré mon équipement, mais je ne le quitte pas de vue pendant mes voyages : c’est un risque, mais il est mesuré.

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