Une mauvaise conception

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus)

La Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) préfère quand le diamètre du trou d’entrée du nichoir est de 25 mm.
Photographie : Charlie Potier

La conception du nichoir peut affecter le taux de prédation des œufs et des oisillons. Pour les espèces cavicoles (= nichant dans des cavités), l’entrée est généralement un trou rond dont le diamètre varie selon les espèces que l’on veut accueillir : par exemple, les Mésanges charbonnière (Parus major) et variée (Sittiparus varius) préfèrent les nichoirs dont le diamètre du trou d’entrée est de 3 cm environ, alors que la Mésange nonnette (Poecile palustris) préfère un orifice plus petit (lire Comment installer un nichoir pour les oiseaux ?).
Afin d’avoir une idée du diamètre du trou d’entrée adapté à une espèce donnée, il faut considérer qu’il doit être légèrement supérieur à celui de son abdomen (au niveau de la carène).
Si l’on choisit un trou d’entrée trop petit, le nichoir risque de ne pas être utilisé, et inversement, on risque de ne pas attirer les espèces attendues.
Le comportement alimentaire des parents peut être modifié si l’entrée est trop étroite, car ils hésiteront à rentrer ayant peur d’avoir des difficultés à sortir rapidement.
Quand les rebords de l’entrée ne sont pas renforcés, par exemple par du métal, des prédateurs peuvent l’agrandir avec leur bec ou leurs griffes (lire Pillage des nichoirs par les pics : agrafez du grillage).
Un nichoir trop peu profond peut rendre la nichée plus accessible.
La fabrication ou le choix d’un nichoir devra donc prendre en compte la sécurité des œufs et des oisillons.

Des matériaux inadaptés

Mésange charbonnière (Parus major)

La Mésange charbonnière (Parus major) peut choisir des sites de nidification aux parois métalliques, comme cette boule de stationnement, pourvu que ses parois soient assez épaisses et l’espace intérieur suffisant.
Photographie : Françoise Bondarewicz

Le choix des matériaux utilisés pour la construction du nichoir peut modifier son attractivité et le succès de la nidification. Ils sont le plus souvent faits en bois car c’est un élément naturel généralement bien accepté par les oiseaux, dont la couleur se rapproche de celle des troncs d’arbre et qui est facile à découper en planches, mais qui présente quelques défauts (apparition de moisissures ou de fissures, déformation à cause de la chaleur ou du froid, etc.). Il existe aussi des nichoirs en béton de bois, en bambou, en métal, en verre ou en argile, mais ces matériaux ne conviennent pas à toutes les espèces d’oiseaux et aux différentes conditions météorologiques possibles : par exemple, les parois en métal ou en verre accumulent trop de chaleur quand les températures sont élevées. Par contre, le béton de bois semble assez performant et rivalise avec le bois.

Trop ou pas assez d’humidité interne

Un taux d’humidité approprié est crucial pour le bon développement des embryons et des oisillons et pour limiter leur charge parasitaire. Un nichoir doit protéger la couvée des intempéries en empêchant l’eau de pénétrer dedans, mais l’intérieur ne doit pas être trop sec. La régulation thermique des cavités naturelles, dont l’épaisseur des parois est souvent supérieure à celles des nichoirs, est généralement meilleure que celle de ces derniers : en effet, même quand il fait chaud, elles conservent un taux d’humidité minimum. Des biologistes avaient comparé l’attractivité d’un nichoir créé à partir de la section découpée d’un tronc d’arbre puis fixée sur un support et celle d’une cavité creusée directement dans un arbre, et cette dernière était préférée par les oiseaux.
L’intérieur des nichoirs est souvent trop sec, et les parents doivent alors constamment essayer d’hydrater leurs oisillons. Par ailleurs, les puces et autres ectoparasites apprécient les environnements secs : leur développement est limité par un taux d’humidité suffisant, que l’on obtient dans les cavités naturelles.
Un taux d’humidité adéquat favorise la décomposition rapide des matériaux du nid, alors que trop d’humidité provoquera le développement des champignons et des moisissures.
En résumé, l’intérieur du nichoir ne devra pas être trop sec ou trop humide, et cela pourra être obtenu en jouant sur l’emplacement, le matériau des parois et la ventilation.

Un manque de ventilation

Mésange charbonnière (Parus major)

Le nichoir ne doit pas être trop petit, ses couleurs ne doivent pas être trop vives, et l’aération doit être suffisante.
Photographie : Michel Usdin

Une ventilation et un taux d’oxygène minimums sont nécessaires, mais ils peuvent être trop faibles à cause d’une étanchéité trop forte et/ou d’une forme trop étroite du nichoir. Des trous proches du plancher sont nécessaires pour évacuer les liquides, et il faut en prévoir d’autres (ou laisser de petits espaces) sous le toit (entre les parois).

Un nichoir trop petit

Bien entendu, les dimensions du nichoir devront être adaptées aux oiseaux que l’on veut accueillir.
Pour une espèce donnée, des études ont montré que la taille des couvées dans les nichoirs était plus importante que dans les cavités naturelles, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Or, un nombre élevé d’oisillons peut provoquer une surcharge de travail pour les parents et une croissance plus lente des jeunes.
Plus le nichoir est petit, plus sa température interne augmente vite en cas de vague de chaleur.
Si vous avez le choix entre deux modèles de nichoirs pour attirer une espèce donnée, choisissez le plus grand des deux.

Une couleur trop vive ou trop sombre

Nichoir aux couleurs vives

Il vaut mieux éviter de  peindre le nichoir avec des couleurs trop vives.
Photographie : Kabir Bakie / Wikimedia Commons

Les nichoirs sont généralement plus faciles à repérer que des nids naturels, ces derniers étant normalement cachés dans la végétation ou placés dans des trous d’arbres ou des anfractuosités de bâtiments ou des parois rocheuses. Afin de diminuer les risques de prédation, il faut choisir une couleur la plus proche possible du milieu naturel environnant, comme le brun ou le vert, voire le gris, et éviter des teintes vives comme le bleu ou le rouge.
En fonction de sa réflectance (= proportion de lumière réfléchie par la surface d’un matériau), la couleur des parois peut influencer la température interne du nichoir : le brun et le vert sont comparables sur ce point.
Par ailleurs, les couleurs plus foncées absorbent davantage de chaleur que les plus claires, et ce paramètre constitue un moyen relativement simple et économique de contrôler la température interne d’un nichoir.
En hiver, les nichoirs servent d’abris à certains oiseaux (lire Installer un nichoir en novembre et le transformer en abri nocturne hivernal), et il est donc intéressant que leur couleur permette d’absorber une partie de la chaleur du soleil.
En résumé, il faut trouver un compromis entre camouflage, réflectance de la lumière et niveau d’absorption de la chaleur, par exemple en choisissant du brun clair plutôt que du brun très foncé.

Une odeur gênante

Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus)

Les parois en bois du nichoir devront être le moins traitées possibles, ou avec des substances dont l’odeur n’est pas trop forte.
Photographie :  Laurine Kekic

Pour protéger le bois des intempéries, des traitements (huiles ou vernis) sont parfois appliqués, mais ils peuvent laisser une odeur éventuellement perturbante pour les oiseaux, même si les conclusions des études disponibles concernant leur odorat sont contradictoires et variables selon les espèces (lire Toucher un oisillon peut-il provoquer son abandon ?) : on sait par exemple que certains oiseaux peuvent éviter les prédateurs en percevant leur odeur (lire Les poulets peuvent repérer la présence de prédateurs par l’odeur de leurs crottes).
Il est donc préférable de privilégier les nichoirs en bois brut naturellement durable sans traitement (sapins, mélèzes, chênes, etc.).
Par ailleurs, les mammifères prédateurs peuvent utiliser l’odeur résiduelle laissée par les humains sur les nichoirs pour repérer ces derniers et s’attaquer aux œufs et aux oisillons : l’utilisation de gants est à envisager dans les secteurs avec une forte densité de chats.

Une propreté insuffisante et/ou trop de parasites

La propreté des nichoirs peut affecter la réussite de la nidification : les déchets favorisent la multiplication des parasites, qui peuvent affaiblir, voire tuer les oisillons et les pousser à être moins discrets en les harcelant, attirant davantage les prédateurs.
L’accumulation d’anciens matériaux et de déjections augmente le risque de prédation en réduisant la profondeur du nid et la distance entre l’entrée et la nichée.
La présence de déchets permet d’évaluer le succès de la reproduction et le taux d’occupation, mais il faut les évacuer chaque année en automne (lire Octobre, un bon mois pour nettoyer les nichoirs).

Une mauvaise orientation

Mésange charbonnière (Parus major)

L’orientation de l’entrée du nid devra être bien étudiée.
Photographie : Mary Moreau-Dutheil

Il ne doit pas faire trop chaud dans un nichoir : par exemple, la température optimale pour l’éclosion des embryons des passereaux se situe entre 36 et 40 °C, et si l’on dépasse cette plage pendant une trop longue période, ils se développeront anormalement ou mourront. Une fois nés, les oisillons souffriront aussi dans un nichoir trop chaud.
Quand il fait trop froid par contre, les parents passeront plus de temps à couver leurs œufs ou à réchauffer leurs oisillons, ce qui réduira leur temps de recherche de nourriture : Dawson et al. (2005) avaient réussi à accélérer la croissance de jeunes Hirondelles bicolores (Tachycineta bicolor) en chauffant de manière optimale leur nichoir.
Le choix de l’emplacement et de l’orientation du nichoir est donc important : s’il est trop exposé au soleil, la chaleur peut devenir excessive à certains moments de la journée. Par contre, dans les régions froides, il faut profiter au maximum de l’ensoleillement pour accumuler de la chaleur et réduire la durée d’incubation. Dans les régions nordiques, l’entrée sera donc orientée vers le Sud, elle fera face à l’Est ou sera orientée selon une direction Nord-ouest-Nord-est aux latitudes moyennes, tandis que dans les zones chaudes, elle sera orientée vers le Nord pour réduire les températures maximales et les fluctuations thermiques.
Les nichoirs de forme cylindrique reproduisent davantage le comportement thermique d’une cavité naturelle que ceux de forme rectangulaire ou cubique.
Le bois n’est pas un très bon isolant, il faut donc en prendre en compte dans le choix de l’emplacement : évitez une exposition directe et longue au soleil.
L’emplacement et l’orientation du nichoir doivent être choisis en fonction des conditions locales, sans oublier de le protéger de la pluie et du vent.

Un emplacement trop accessible ou trop visible

Chat domestique (Felis catus)

Le nichoir ne doit pas être accessible aux Chats domestiques (Felis catus).
Photographie : Dr_Relling / Wikimedia Commons

Les nichoirs sont globalement plus souvent attaqués que des nids naturels, y compris quand ces derniers sont installés près du sol. L’emplacement affecte le taux de prédation : plus le nichoir est visible et accessible, plus le risque est élevé qu’il soit pillé, notamment par les chats (lire Comment protéger les oiseaux des chats ?).
Les prédateurs ont tendance à revérifier des nichoirs qu’ils ont déjà visités.
Les nichoirs placés le plus haut sont les plus à l’abri, mais les jeunes oiseaux ont alors moins de chance de pouvoir se cacher à proximité en cas de besoin.
Enfin, des nichoirs trop visibles ou accessibles peuvent aussi être endommagés ou dérangés par des humains.
En résumé, le nichoir devra être placé dans un endroit peu accessible aux prédateurs et discret, et si possible pas trop loin d’abris naturels pour que les jeunes oiseaux puissent s’y réfugier en cas de besoin. Il peut être utile de changer son emplacement de temps en temps (lire Comment protéger les nichoirs pour oiseaux contre les attaques des prédateurs ?).

Des ressources alimentaires localement insuffisantes

Avant de poser des nichoirs et d’estimer le nombre adéquat, il est utile d’essayer d’évaluer la qualité et le potentiel d’accueil du secteur choisi, notamment concernant l’adéquation entre les ressources alimentaires disponibles et la pression prédatrice à venir. Si l’on en installe trop, on peut provoquer une malnutrition et une augmentation du taux de mortalité des oisillons des oiseaux qui s’installeront et de ceux nichant déjà dans le secteur.
Une bonne diversité des essences et des âges des arbres et la présence d’une mare et ou d’une prairie naturelle à proximité sont par exemple des secteurs favorables à la pose de plusieurs nichoirs.

Une trop forte densité de nichoirs et/ou des nichoirs placés trop près les uns des autres

Nichoir dans la forêt

Le nombre de nichoirs ne doit pas être trop élevé pour un secteur donné, et devra tenir compte des capacités d’accueil de ce dernier.
Photographie : Bigmacthealmanac / Wikimedia Commons

Si l’installation de nichoirs est utile lorsque les sites de nidification naturels disponibles sont trop peu nombreux pour les populations d’oiseaux existantes, un nombre trop élevé ou peut avoir pour conséquence d’augmenter significativement le nombre d’oiseaux nicheurs dans un secteur donné, et donc les compétitions intra- et interspécifique. Des conflits peuvent alors se produire : problèmes de territoire, de cohabitation entre espèces, parasitismes de couvée, usurpations de nichoirs, etc. Les parents risquent plus de temps à surveiller et à chasser les intrus qu’à rechercher de la nourriture pour leurs petits.
Quand les nichoirs sont trop nombreux, le nombre de couples peut par ailleurs dépasser les capacités d’accueil d’un secteur donné (un ou plusieurs jardins par exemple), ce qui risque d’augmenter la lutte pour la nourriture disponible (voir paragraphe précédent).
Une compétition trop importante a des effets divers et parfois inattendus, incluant des fluctuations endocriniennes chez les femelles adultes, un stress accru des parents, une diminution de la taille de la couvée, un décalage des taux d’envol des jeunes et une augmentation de l’agressivité des oiseaux.
Un nombre trop élevé de nichoirs peut également augmenter la concurrence entre les espèces sédentaires et migratrices au détriment des premières, qui sont absentes à la fin de l’hiver, pour le choix des territoires et la recherche de la nourriture : cela a été constaté entre les Mésanges charbonnières et les Gobemouches gris (Muscicapa striata).
Quand la pression sur l’écosystème devient trop forte localement, à cause d’un trop grand nombre de couples, cela peut causer des diminutions importantes des populations d’insectes ou d’autres proies.
Certaines espèces, comme le Rougegorge familier (Erithacus rubecula), sont très territoriales et ne supportent pas le voisinage d’autres congénères. Les Mésanges bleue (Cyanistes caeruleus) et charbonnière évitent aussi par exemple de nicher trop près l’une de l’autre. 
Trop de nichoirs attirera davantage les prédateurs, décourageant les oiseaux de nicher la saison suivante.
Pour empêcher que la compétition locale ne soit trop forte, il faut donc limiter le nombre de nichoirs, varier les modèles (fermés, semi-ouverts et ouverts) et choisir les diamètres du trou d’entrée afin de sélectionner les espèces attirées (lire Les différents types de nichoirs pour oiseaux).
On peut augmenter le nombre de nichoirs durant une saison donnée, par exemple pour compenser en partie la destruction d’une haie voisine, puis le réduire progressivement les années suivantes.

Une compétition provenant d’autres animaux

Il ne faut pas négliger l’existence d’une compétition locale pour les nichoirs provenant d’autres animaux, comme les guêpes, les chauves-souris et les écureuils (lire Limiter la concurrence pour la nourriture entre Écureuils gris et oiseaux dans les jardins).

Un environnement trop bruyant

Autoroute

La proximité d’une route très bruyante peut perturber la nidification des oiseaux.
Photographie : Lars Bo Wassini / Wikimedia Commons

Dans les zones urbaines, le bruit ambiant est souvent important, en particulier à proximité de routes très fréquentées ou d’aéroports (lire Les oiseaux vivant près des aéroports chantent plus tôt). Or la pollution sonore a des impacts négatifs divers sur les oiseaux susceptibles d’occuper les nichoirs. Ceux qui sont trop exposés aux bruits sont plus susceptibles de présenter un déséquilibre hormonal, des troubles cognitifs et une vigilance excessive, ce qui affectera leur capacité à trouver de la nourriture.
Les passereaux chanteurs doivent dépenser plus d’énergie pour se faire entendre de leurs congénères et/ou modifier leur fréquence et leurs périodes de chant (lire En ville, le Troglodyte mignon doit chanter plus longtemps et à une fréquence plus élevée qu’à la campagne). Les mâles sont plus exposés à la prédation s’ils doivent chanter davantage. Les interférences sonores peuvent affecter la communication interspécifique, retarder la réponse des femelles, affecter la qualité de la sélection des partenaires et donc la taille de la couvée et la qualité de la descendance. La communication entre les parents et les oisillons peut être gravement affectée, ce qui peut réduire le succès de la reproduction. Le bruit peut également diminuer l’attention des oiseaux, les rendant moins prudents et affectant leur capacité de recherche de nourriture.
Il est donc recommandé de tenir compte de l’environnement sonore avant de choisir l’emplacement d’un nichoir et d’éviter les secteurs les plus bruyants.

Une lumière artificielle trop vive

Lampadaires

Il faut éviter de poser un nichoir près d’un lampadaire.
Photographie : Kprateek88 / Wikimedia Commons

Les oiseaux recherchent naturellement des emplacements suffisamment ensoleillés car la lumière favorise la croissance des oisillons et les rayons ultraviolets tuent les ectoparasites. Lorsque la luminosité dans un nichoir est trop faible, par exemple à cause d’une profondeur trop importante ou d’un emplacement sombre, les parasites sont moins détectables et la chaleur peut être insuffisante.
Par contre, les lumières artificielles nocturnes, qui sont nombreuses dans les zones urbaines, peuvent affecter la reproduction aviaire, et plus l’exposition est prolongée et intense, plus leur impact est important (lire La pollution lumineuse et les oiseaux).
Les insectes peuvent être attirés par les lumières artificielles durant la nuit, fournissant de la nourriture à certains oiseaux insectivores, mais cette luminosité dégrade la qualité de leur sommeil et modifie leur comportement. Des sécrétions hormonales anormales, comme la mélatonine, peuvent désorganiser leur rythme de vie, réduire leur immunité et augmenter l’incidence des maladies.
Les parents nourrissent plus longtemps leurs jeunes, même après le coucher du soleil, réduisant ainsi leur temps de repos.
Par conséquent, il vaut mieux éviter de placer les nichoirs à proximité de lampadaires ou d’autres sources de lumière artificielle nocturne.

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