Des conseils pour le nourrissage des oiseaux en hiver

Les oiseaux parviennent généralement à trouver leur nourriture par eux-mêmes, y compris en hiver, sauf en cas de période de gel ou de neige prolongée. Si vous avez commencé à les nourrir il vaut mieux ne pas arrêter de le faire brutalement, en particulier si les conditions atmosphériques sont encore difficiles. Nous avons publié plusieurs articles sur le nourrissage des oiseaux dans les jardins et sur les balcons :

Mars, un mois encore critique pour beaucoup d’oiseaux

Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus)

En mars, des oiseaux inhabituels, comme le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), peuvent visiter les  mangeoires.
Photographie : Andreas Trepte / Wikimedia Commons

Le printemps débute officiellement le 20 mars, mais durant tout le mois, le temps reste encore variable, des périodes de redoux alternant souvent avec des moments plus froids, comme ce fut par exemple le cas en mars 2013 en Europe de l’Ouest.
Au cours de ce mois, le nombre de visiteurs aux mangeoires est encore important, et leurs rangs sont parfois grossis par les oiseaux qui ont hiverné plus au sud et qui remontent vers leurs sites de nidification. Il vaut donc mieux continuer à nourrir les oiseaux, car la quantité de nourriture disponibles dans la nature est encore limitée, alors que le nombre « d’affamés » est très élevé.
La mortalité des migrateurs, déjà épuisés par leur long trajet de remontée vers le nord, peut être élevée dans le cas d’un épisode de froid tardif.
Les mangeoires peuvent être fréquentées par des troupes de pinsons et de verdiers, et des oiseaux inhabituels peuvent alors être vus, comme le Moineau friquet (Passer montanus), les Bruants des roseaux (Emberiza schoeniclus) et jaune (Emberiza citrinella), la Bergeronnette grise (Motacilla alba), le Tarin des aulnes (Spinus spinus) ou le Roitelet huppé (Regulus regulus).
On peut même alors (rarement) voir des Bécasses des bois (Scolopax rusticola) dans les parcs et les jardins.
En outre, certaines espèces sédentaires comme le Merle noir (Turdus merula) et la Grive musicienne (Turdus philomelos) ont généralement déjà commencé à nicher, en particulier si le temps est clément.

Avril est aussi un mois délicat, notamment pour les oiseaux granivores

Verdier d'Europe (Chloris chloris)

Le mois d’avril est critique pour le Verdier d’Europe (Chloris chloris).
Photographie : Tony Hisgett   / Wikimedia Commons

Les bouleversements des paysages agricoles (intensification des cultures, arrachage des haies, urbanisation, etc.) ont entraîné une réduction des ressources alimentaires, y compris au printemps, et les passereaux granivores, comme les pinsons, les bruants ou les moineaux, sont particulièrement touchés.
En avril, le temps est encore variable (d’où le dicton « en avril, ne te découvre pas d’un fil ») : un temps froid et humide peut survenir à tout moment, surtout dans le nord de l’Europe, et bloquer des migrateurs le long de leur voie migratoire. C’est par exemple le mois de l’année où la mortalité de certaines espèces, comme le Verdier d’Europe (Chloris chloris), est la plus élevée : les ressources alimentaires disponibles dans la nature, surtout dans les campagnes très artificialisées, sont en effet encore limitées (surtout au cours de la première moitié du mois), et les oiseaux sédentaires sont concurrencés par des oiseaux remontant vers leurs zones de reproduction plus nordiques.
Pour la plupart des espèces sédentaires comme les pinsons, les grives ou les mésanges, la saison de reproduction bat déjà son plein, et les parents nourrissent leurs nichées : les besoins en aliments sont donc importants. 
Certains auteurs pensent qu’il ne faut pas arrêter de nourrir les oiseaux pendant la saison de reproduction, qui s’étale généralement entre mars et juin, car pour eux, l’arrêt de l’apport de nourriture pourrait provoquer un « choc alimentaire », et ils préconisent plutôt de stopper le nourrissage une fois que les jeunes sont autonomes. En cas de période brutale et inattendue de froid au moment où les parents nourrissent leurs petits en leur apportant des vers ou des chenilles (c’est le cas des merles, grives, mésanges, pinsons, etc.), un apport de nourriture peut contribuer à la survie des jeunes.

De possibles effets négatifs d’un apport printanier de nourriture 

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus)

Nourrir les Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) durant la période de nidification aurait des effets négatifs.
Photographie : Lewis Collard / Lewiscollard.com

Plusieurs études ont montré que le nourrissage des oiseaux durant la période de nidification, qui commence dès mars (voir février) pour plusieurs espèces d’oiseaux en Europe de l’Ouest, pouvait parfois avoir des effets négatifs. On a par exemple observé que les mâles qui avaient accès à une source de nourriture supplémentaire démarraient leur chant nuptial plus tard le matin que les autres, ce qui pourrait avoir des effets négatifs sur leurs chances de se reproduire. Ces chercheurs conseillent donc d’arrêter de nourrir les oiseaux dès la fin du mois de mars.
Des biologistes de l’université de Birmingham (Grande-Bretagne) ont constaté que les Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) et charbonnières (Parus major) à qui l’on avait apporté de la nourriture (matières grasses et cacahuètes) dans leur milieu naturel entre le début de mois de mars (c’est-à-dire quatre à cinq semaines avant leur période de ponte) et le mois de juillet pondaient plus tôt et couvaient moins longtemps que les autres. La taille de leurs nichées était aussi réduite (un « demi-poussin » en moins en moyenne par nid). Le fait que ces deux espèces réagissent de la même manière à cet apport tardif et artificiel de nourriture semble indiquer que ces résultats pourraient être  valables pour d’autres passereaux.
On ne comprend pas encore très bien les raisons de ces effets inattendus : il s’agit peut-être d’une conséquence d’un changement du régime alimentaire des oiseaux à une étape cruciale de la période de reproduction. Ces mâles ont peut-être également passé trop de temps autour des mangeoires au détriment de leur comportement nuptial.
D’autre part, de nombreux aliments (notamment les arachides et les matières grasses) mis à disposition en hiver sur les mangeoires peuvent être fatales aux petits si les parents les nourrissent avec. Ainsi, à moins de mettre à disposition des oiseaux des vers et des asticots à cette période de l’année, il vaudrait mieux stopper l’apport de nourriture durant la période de reproduction.

Des risques accrus de transmission de maladies au printemps

Quand le temps se réchauffe, ce qui est le cas en mars et surtout avril, le risque de transmission de maladies bactériennes et virales entre oiseaux augmente (lire Nourrir les oiseaux en été : oui, mais attention aux maladies). Dès la fin de l’hiver, il est donc important de nettoyer régulièrement les mangeoires et les abreuvoirs, encore plus régulièrement qu’en plein hiver.

Que se passe-t-il quand on arrête de nourrir les oiseaux, puis que l’on reprend le nourrissage ?

Supposons que vous ayez décidé d’arrêter de nourrir les oiseaux au début du mois de mars, mais qu’une soudaine vague de froid survienne : pouvez-vous réalimenter les mangeoires et les oiseaux reviendront-ils les fréquenter ?
Dans un premier temps, ils continueront à venir visiter vos mangeoires, mais après trois ou quatre jours, on assistera à une diminution des effectifs. Cette baisse va se poursuivre durant la première semaine, puis progressivement, seuls des oiseaux isolés continueront leurs visites : ils jouent le rôle « d’éclaireurs », qui vérifient régulièrement le niveau d’approvisionnement des mangeoires. En Europe, il s’agit le plus souvent de mésanges (lire Les rondes d’oiseaux). Après trois semaines, la plupart ou la totalité des oiseaux auront trouvé d’autres endroits pour trouver de la nourriture.
Ils reviendront néanmoins plus ou moins vite si vous réalimentez vos mangeoires, avec toutefois une diversité et des effectifs moindres qu’avant l’arrêt. Si cette interruption n’a duré qu’une semaine, certains arriveront quelques minutes après la réalimentation des mangeoires. Si la période de carence a duré plus longtemps, le retour peut prendre un ou deux jours. Après plus de deux semaines sans aliments fournis, plusieurs jours peuvent être nécessaires, mais la « rumeur » de la réouverture de votre « restaurant » circulera et ils seront finalement à nouveau là. Sauf en cas de vague de froid brutale, les effectifs seront tout de même moindres qu’initialement. 
Si vous décidez d’arrêter de nourrir les oiseaux dès la fin de l’hiver, il est donc quand même utile d’avoir sous la main une réserve de nourriture, notamment en cas de vague de froid brutale et tardive.

En conclusion

Si l’on prend en compte les résultats d’études indiquant qu’il vaut mieux arrêter le nourrissage des oiseaux durant la période de nidification, que les conditions météorologiques sont encore variables en mars et même en avril et que les oiseaux (sédentaires et migrateurs) sont alors encore nombreux aux mangeoires, il semble raisonnable, en tout cas dans le nord de la France et en Belgique, de poursuivre le nourrissage jusqu’à la fin du mois de mars, puis de le réduire progressivement au cours de la première semaine d’avril. Plus au sud, la fin de la période de nourrissage pourra a priori être plus précoce. Vous pourrez toujours reprendre temporairement le nourrissage en cas de vague de froid soudaine.
Par contre, il faut mettre de l’eau à disposition toute l’année (lire Conseils pour fournir de l’eau aux oiseaux).

Un résumé en vidéo

La vidéo ci-dessous résume les principaux points de cet article.

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