Le Tarin des aulnes (Spinus spinus) est un petit (11,5 à 12,5 cm de long) passereau oiseau au plumage vert-jaune vif, avec une calotte et un menton noirs. une barre alaire jaune et noir, un croupion et les côtés de la queue jaunes, le dos vert strié de sombre et le ventre blanchâtre également strié (lire Identifier les oiseaux du jardin en hiver). Il niche de façon discontinue dans les bois d’aulnes, de bouleaux et de conifères du nord de l’Europe au Japon. En Europe, il se reproduit également mais de façon irrégulière dans certains massifs montagneux, des Pyrénées au Caucase en passant par le Massif Central, les Alpes, le Jura, les Vosges, la Forêt Noire, la Bohème et les Balkans. En automne, des oiseaux nordiques rejoignent les régions méridionales dès la mi-septembre, avec un pic en octobre-novembre, selon des effectifs variables (lire Importants mouvements migratoires de Tarins des aulnes en octobre 2019).

Il se nourrit surtout de graines d’arbres feuillus (trembles, frênes, érables, hêtres et ormes) et de conifères (pignons de pins), de bourgeons, de baies, de fruits et de grains. Il récolte aussi de la sève d’érable et capture des insectes et leurs larves, surtout durant la période de reproduction. Il apprécie notamment les graines de tournesol en hiver et il visite donc parfois les mangeoires dans les jardins.

Le 2 février 2024, dans le jardin des Murmures, un espace d’un peu plus d’un hectare aux habitats variés (boisement de feuillus, bambouseraie, jardin médicinal, prairie naturelle et rocher) situé à Guillac (Gironde), Magalie Costes a observé et photographié un Tarin des aulnes au plumage inhabituel se nourrissant avec des individus « normaux » : il était beaucoup plus clair que les autres, globalement blanc jaunâtre, les marques noires de la tête et des ailes étant remplacées par de légers dessins grisâtres. 

Tarin des aulnes (Spinus spinus) au plumage aberrant

Tarin des aulnes (Spinus spinus) au plumage aberrant dans le Jardin des Murmures à Guillac (Gironde) le 2 février 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Magalie Costes

Comme c’est souvent le cas pour les oiseaux au plumage aberrant, il n’est pas toujours facile de déterminer le type d’anomalie responsable de leur coloration inhabituelle, les plus répandues étant le grisonnement progressif (lire Un Accenteur mouchet au plumage atypique découvert dans le Jura en décembre 2020), le leucisme, l’albinisme (lire L’albinisme et le leucisme chez les oiseaux), le mélanisme (lire Une femelle mélanique de Busard cendré en Estrémadure), les mutations ino, brune et grizzle et la dilution pigmentaire (ou réduction quantitative) s (lire La dilution du plumage chez les oiseaux : le cas d’un Merle noir).

Dans le cas du Tarin des aulnes observé en Gironde, ses yeux noirs semblent exclure l’albinisme.

Selon Hein Von Grow, conservateur du Natural History Museum de Tring (Grande-Bretagne) qui a écrit plusieurs articles sur les anomalies de plumage, ce tarin, qui est probablement dans son premier hiver (on note une combinaison de plumes adultes et juvéniles sur les ailes et de la queue), serait atteint d’une mutation brune, qui provoque une altération de la production de l’eumélanine (l’un des deux types de mélanine) : le nombre de granules n’est pas affecté, mais la synthèse du composé chimique est incomplète (l’oxydation de ses précurseurs primaires n’est pas complète), et la couleur des plumes est donc modifiée lire La mutation brune du plumage chez les oiseaux). Cette mutation est ici combinée avec un blanchissement des plumes causé par le soleil. 

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