Le Martin-pêcheur d’Amérique (Megaceryle alcyon) est bien plus grand que le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), avec une longueur de 28 à 35 cm et une envergure de 48 à 58 cm. Le mâle adulte a la tête et le dessus gris-bleu à ardoisé avec une huppe ébouriffée, un grand collier blanc, une large bande pectorale bleu-gris et un ventre blanc. La femelle adulte a un plumage général similaire à celui du mâle, mais elle possède aussi une bande rousse sur le ventre, qui s’étend sur les flancs. Le juvénile ressemble à l’adulte, mais la bande pectorale est moins bien définie et présente un mélange de gris-bleu et de brun-roux. Chez la jeune femelle, la bande rousse est souvent plus fine ou moins nette que chez la femelle adulte. 

Son cri territorial est un long, rauque et bruyant. Il pousse aussi des cris de crécelle « tirrrr » plus courts, plus rapides et plus aigus.

Écoutez ci-dessous un enregistrement des cris du Martin-pêcheur d’Amérique réalisé par Paul Marvin en Floride (Martin-pêcheur d’Amérique) le 18 décembre 2018 (source : Xeno-Canto) :

Aire de répartition du Martin-pêcheur d’Amérique (Megaceryle alcyon)

Aire de répartition du Martin-pêcheur d’Amérique (Megaceryle alcyon) (en rouge : présence en été seulement, en bleu, en hiver seulement et en violet, toute l’année). Un individu a été découvert le 11 décembre 2025 près de Glomel (Côtes-d’Armor). 
Carte : ornithomedia.com d’après The Cornell Lab

Il niche le long des cours d’eau et des étangs d’eau douce de l’Alaska et du Canada à la majeure partie des États-Unis. Les oiseaux des populations septentrionales migrent vers le Sud en automne pour hiverner aux États-Unis, au Mexique, en Amérique centrale et dans les Caraïbes, tandis que ceux des zones plus tempérées peuvent être sédentaires toute l’année. Il hiverne le long des fleuves, des lacs et des côtes. 

C’est une espèce essentiellement piscivore, mais elle peut aussi manger des invertébrés aquatiques et des amphibiens, voire des petits vertébrés (mammifères et oiseaux). Pour nicher, les deux parents creusent un tunnel de 30 à 120 cm de long dans une berge. 

Le Martin-pêcheur d’Amérique est une espèce occasionnelle rare en Europe, qui n’a été signalée qu’à quelques occasions en Islande, au Royaume-Uni (cinq données), en Irlande (plusieurs données), aux Pays-Bas et dans l’archipel portugais des Açores (lire Observer les oiseaux sur l’île de Corvo).

La découverte d’un probable individu de première année (bande pectorale gris-bleu et brun-roux et pas de bande rousse supplémentaire) le long des berges de l’étang de Trébel et du canal de Nantes à Brest, non loin du village de Glomel (Côtes-d’Armor), a été annoncée le 11 décembre 2025 sur la plateforme collaborative Faune-france.org, fournissant ainsi a priori la première donnée confirmée pour la France métropolitaine, même si dans les commentaires de la page Facebook Nature-Bretagne, une observation sur l’île d’Hoëdic (Morbihan) en 1994 est évoquée. Il était encore présent le 12 décembre au moins. 

Depuis sa découverte, de nombreux observateurs sont déjà venus le voir (70 étaient rassemblés en même temps le 12 décembre !). Ils ont noté qu’il est loquace et très actif, pêchant activement des poissons parfois relativement grands (un observateur évoque un « gardon aussi long que son corps ») en plongeant depuis des branches de saules, puis les assommant avant de les avaler. Il se montre aussi « territorial », entrant en conflit avec le Martin-pêcheur d’Europe local.  

Martin-pêcheur d’Amérique (Megaceryle alcyon)

Martin-pêcheur d’Amérique (Megaceryle alcyon) sur les bords de l’étang de Trébel près de Glomel (Côtes-d’Armor), le 11 décembre 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jean-Michel Lucas / Nature-Bretagne

Les rares observations européennes de cette espèce spectaculaire sont des « événements » : le 8 novembre 2021, un mâle adulte découvert dans le Lancashire (Grande-Bretagne), où il a stationné jusqu’en janvier 2022 au moins le long des rivières Ribble et Darwen, ainsi que le long du canal de Leeds and Liverpool, a ainsi attiré des milliers d’amateurs et a fait l’objet d’articles dans plusieurs grands médias nationaux, comme la BBC, The Guardian et The Daily Mail. Pendant son long séjour, l’oiseau a été signalé de manière sporadique et irrégulière, frustrant parfois les nombreux ornithologues venus de toute la Grande-Bretagne.  

Comme c’est souvent le cas pour les espèces nord-américaines accidentelles découvertes en Europe de l’Ouest, plusieurs questions se posent pour tenter d’expliquer l’observation d’un Martin-pêcheur d’Amérique en Bretagne : a-t-il été emporté par de forts vents accompagnant une dépression ayant soufflé en automne sur l’océan Atlantique (lire Comment arrivent les oiseaux rares ?) ? A-t-il survolé l’océan Atlantique ou a-t-il fait des « escales » au Groenland, en Islande, en Irlande, sur les îles Britanniques et/ou aux Açores ? S’est-il posé sur un bateau reliant l’Amérique du Nord et l’Europe (lire Ces oiseaux qui voyagent sur des bateaux) ?  S’agit-il d’une erreur de navigation de la part d’un jeune individu au cours de sa première migration ?

L’individu découvert en Bretagne est-il arrivé au cours de l’automne 2025 ou alors bien avant, restant inaperçu jusqu’à ce mois de décembre ? En tout cas, il semble en bonne santé et capable de se nourrir, ce qui suggère qu’il pourrait rester encore un certain temps, pour le plus grand plaisir des observateurs français. 

Martin-pêcheur d’Amérique (Megaceryle alcyon) mâle filmé près de Samlesbury, dans le Lancashire (Grande-Bretagne), le 22 décembre 2021.
Source : Shaun Ferguson

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