Le genre Erythrogenys est composé de passereaux forestiers répartis du nord du Pakistan à l’île de Bali. Six espèces sont reconnues : les Pomatorhins à joues rousses (Erythrogenys erythrogenys), de McClelland (E. mcclellandi), chanteur (E. gravivox), de Swinhoe (E. swinhoei) et tacheté (E. s erythrocnemis). Toutefois, cette classification comprend une anomalie, l’aire de répartition du second séparant en deux parties (Himalaya et Thaïlande-Myanmar) celle du premier. Le Pomatorhin à joues rousses est composé de quatre sous-espèces : E. e. erythrogenys dans l’ouest de l’Himalaya, E. e. ferrugilata dans le centre et l’est de l’Himalaya, E. e. imberbis dans l’est du Myanmar (anciennement Birmanie) et E. e. celata dans le nord-ouest de la Thaïlande.

Aires de répartition des Pomatorhins à joues rousses (Erythrogenys erythrogenys), de McClelland (E. mcclellandi) et aux yeux rouges (E. imberbis)

Aires de répartition des Pomatorhins à joues rousses (Erythrogenys erythrogenys) (A), de McClelland (E. mcclellandi) (B) et aux yeux rouges (E. imberbis) (C).
Carte : Ornithomedia.com d’après le Bulletin of the British Ornithologists’ Club

Intrigués par la différence de la couleur de l’iris des Pomatorhins à joues rousses vivant dans l’Himalaya et en Thaïlande-Myanmar, des ornithologues ont comparé les vocalisations (à partir de plus de cent enregistrements) et les couleurs du plumage, du bec et de l’iris (lire Pourquoi certaines espèces d’oiseaux ont-elles les yeux de couleur vive ?), ainsi que les dimensions des tarses, des ailes , de la queue et du bec (lire Mesurer le bec d’un oiseau) de 66 spécimens naturalisés et de 343 photographies, et ils ont présenté leurs résultats dans un article publié en 2023 dans le Bulletin of the British Ornithologists’ Club.

Ils ont constaté que les oiseaux birmano-thaïlandais se distinguaient de leurs homologues himalayens par leur iris rouge (blanc chez les seconds), leur bec foncé (pâle chez les seconds), leurs couvertures auriculaires plus brunes, leurs lores généralement grises ou blanchâtres et l’absence de tache blanche dans l’espace sous-moustacien. Ils présentent également moins souvent des taches blanches sur le cercle oculaire et ils sont, en moyenne, moins fortement striés sur la poitrine. Les individus birmano-thaïlandais se caractérisent en outre par leur plus petite taille, leurs ailes et leur queue nettement plus courtes et les vocalisations des femelles, qui contiennent un « peew » doux et un « preew » nerveux au lieu d’un « pip » net quand elles chantent en duo avec les mâles (lire Le chant chez les femelles des oiseaux, un domaine encore mal connu).

En se basant sur ces différences, les auteurs suggèrent que les individus présents en Thaïlande et au Myanmar formeraient une espèce distincte qu’ils ont nommée Pomatorhin aux yeux rouges (Erythrogenys imberbis) (elle n’a pas encore de nom officiel en français), composée des sous-espèces Erythrogenys i. imberbis et E. i. celata, la validité de cette dernière restant toutefois à confirmer.

Écoutez ci-dessous un enregistrement d’un duo de Pomatorhins aux yeux rouges (Erythrogenys imberbis) en Thaïlande réalisé par Greg Irving  le 11 avril 2023  (source : Xeno-Canto) :

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