Le Coucou gris (Cuculus canorus) est un oiseau discret, longiligne, de taille moyenne (environ 30 cm), aux longues ailes pointues et à la longue queue arrondie, connu pour son chant typique typique composé d’une séquence de deux syllabes « cou-cou » répétées se terminant par une pause de quelques secondes (lire Identifier les oiseaux du jardin et des parcs au printemps et en été) et pour son comportement parasitaire, qui consiste pour la femelle à pondre dans le nid d’une autre espèce afin que celle-ci assure la couvaison de l’œuf puis se charge de nourrir le jeune intrus. Peu après son éclosion, ce dernier se débarrasse des œufs de son hôte ou tue ses petits. Pour éviter ce scénario, les espèces ciblées adoptent plusieurs stratégies : reconnaître l’œuf du coucou pour s’en débarrasser et/ou attaquer l’adulte pour l’éloigner, mais cela ne fonctionne pas toujours.

La Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) défend activement son nid, poussant des cris d’alarme rauques et volant au-dessus des intrus. Malgré cela, ce passereau faisait pourtant partie des hôtes les plus fréquents du Coucou gris en Europe avant les années 1960, mais ce parasitisme a diminué depuis une trentaine d’années. Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer cette évolution : amélioration de sa capacité à repérer les œufs des coucous, diminution de la densité de pies-grièches et/ou « découragement » des oiseaux parasites.

Le plumage et la silhouette du Coucou gris ressemblent à celles de l’Épervier d’Europe (Accipiter nisus), un prédateur efficace des petits passereaux, un mimétisme qui lui permettrait de diminuer les réactions violentes des hôtes potentiels. Des expériences avaient montré que les Mésanges bleue (Cyanistes caeruleus) et charbonnière (Parus major) n’étaient pas capables de distinguer les deux espèces, alors que les Rousserolles effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et turdoïde (A. arundinaceus) répondaient différemment en leur présence, certainement parce que les mésanges étaient moins souvent parasitées (lire Les coucous parasitent aussi les mésanges).

Dans un article publié en 2022 dans la revue Ecology and Evolution, des biologistes ont testé les réactions des Pies-grièches écorcheurs en présence du Coucous gris adulte et de l’Épervier d’Europe : pour cela, ils ont utilisé des poupées de tissus imitant ces deux oiseaux qu’ils ont placées à un mètres de 45 nids entre mai et juillet en 2018, 2020 et 2021 dans les monts Doupov (Tchéquie), une zone avec une forte densité de pies-grièches. Ils ont constaté que ces dernières défendaient leurs nids beaucoup plus vigoureusement contre les coucous que contre les éperviers : avec les seconds, elles ne font que pousser des cris et les survoler, alors qu’elles donnent parfois des coups de bec et de griffes aux premiers.

Ces résultats suggèrent que les pies-grièches sont capables de distinguer les coucous et les éperviers, malgré leur ressemblance globale, et la violence de leur réaction pourrait avoir fini par « décourager » les premier de les parasiter, comme cela a aussi été montré pour la Rousserolle turdoïde. Cette efficacité pourrait se combiner avec leur capacité à reconnaître les œufs des intrus, mais des études seraient nécessaires pour le montrer. Dans les monts Doupov (Tchéquie), bien qu’aucun cas de parasitisme n’ait été noté depuis vingt ans, les pies-grièches continuent de réagir violemment en présence d’un coucou. La réduction de la densité de cette espèce au cours des trente dernières années a aussi été avancée pour expliquer la diminution des cas de parasitisme, mais cette explication ne semblent pas tenir dans cette zone, car elle est restée forte. 

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