La Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) est très semblable à la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus), mais elle est un peu plus compacte, sa tête est un peu plus ronde et moins pointue, le dessin de la tête est plus marqué, avec des sourcils pâles plus nets à l’avant de l’œil et un cercle oculaire un peu plus net, le plumage des parties supérieures est généralement plus gris et plus « froid », et en particulier la couleur du croupion ne se différencie presque pas du reste du dessus du corps, ses ailes sont légèrement plus longues et ses pattes sont en général plus claires et plus courtes. Le chant est le meilleur critère d’identification : il est émis souvent à l’aube et au crépuscule et est varié, long, nerveux, composé de sifflements, de cliquetis et de nombreuses imitations (merle, hirondelles…), au rythme variable (lire Distinguer les Rousserolles effarvatte et verderolle). 

Situation de Neurhede, dans le district d'Emsland, en Basse-Saxe (Allemagne)

Situation de Neurhede, dans le district d’Emsland, en Basse-Saxe (Allemagne).
Carte : Ornithomedia.com  

Elle niche du sud-est de la Grande-Bretagne, où elle est rare, au Kazakhstan, en passant par le nord de l’Italie, les Balkans, le nord de la Turquie et le Caucase. En France, elle se reproduit surtout dans le Nord et dans l’Est, et elle est rare ou absente dans l’Ouest et le Sud-ouest. Elle hiverne en Afrique tropicale.

Au printemps, la Rousserolle verderolle se reproduit dans la végétation herbacée humide composée d’orties, de Reines des près, d’épilobes et/ou d’ulmaires, parfois aussi en bordure de roselières, souvent près des fossés ou dans des endroits inondés, mais aussi dans des secteurs plus secs, y compris près des cultures.

Dans le cadre d’un inventaire de l’avifaune nicheuse dans une zone située à Neurhede, dans le district d’Emsland, dans le Land de Basse-Saxe, au nord-ouest de l’Allemagne, 26 chanteurs de Rousserolles verderolles ont été découverts en juin 2024 dans trois champs de Chanvre cultivé (Cannabis sativa) totalisant 27,5 hectares, soit une densité 7,8 chanteurs pour dix hectares. Sur les 669 hectares restants de la zone d’étude, seuls trois chanteurs ont été repérés dans des habitats plus « classiques » pour l’espèce. Quatre autres mâles ont été découverts en juillet 2024 dans trois autres champs de chanvre semés plus tard et qui n’avaient pas encore atteint leur hauteur maximum en juin.

Ces mâles étaient principalement postés en bordure des champs, à une distance moyenne de 16 mètres de leur limite externe, bien que certains ont été notés jusqu’à 74 mètres à l’intérieur des parcelles. Ils chantaient parfois pendant plusieurs minutes au sommet des pieds. Six cas de nidification ont été suspectés (accouplements et constructions de nids).

Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris)

Mâle chanteur de Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) dans un champ de Chanvre cultivé (Cannabis sativa) à Neurhede, dans le district d’Emsland, dans le Land de Basse-Saxe (Allemagne), en juin 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Thorsten Krüger / Vogelwarte

Ces observations sont intéressantes mais elles ne sont pas inédites en Allemagne : en effet, dès 1819, H. R. Schinz avait écrit que ce passereau était souvent vu dans les champs de chanvre, une caractéristique remarquée par d’autres naturalistes  au XIXe siècle. En 1997, R. Gnielka avait signalé la présence de 12 chanteurs de Rousserolles verderolles en période de reproduction dans deux zones de culture expérimentale totalisant 18 hectares dans le district de Salzwedel, en Saxe-Anhalt. L’année suivante, la présence et même la nidification de l’espèce (au moins un cas) ont été détectées dans 21 parcelles.

Ces données suggèrent donc que le Chanvre cultivé semble être attractif pour la Rousserolle verderolle au printemps, parfois même peut-être davantage que la végétation herbacée humide proche de l’eau, un habitat pourtant typique de l’espèce. Si des études futures démontraient que le succès de nidification de cette espèce dans cette culture était important, qui a comme autre avantage celui d’être récolté en septembre, elle pourrait constituer un espoir pour sa conservation dans de nombreux pays d’Europe occidentale et centrale, où elle est en déclin, comme en Allemagne, où une baisse annuelle de 1 à 3 % a été constatée entre 1980 et 2016, à cause de l’intensification de l’agriculture (destruction des haies et de la végétation le long des chemins, des voies ferrées et des fossés, diminution des surfaces de jachères, utilisation d’herbicides, etc.). Dans les Landër de Basse-Saxe et de Brême, le programme de surveillance a même montré un déclin de 40 % entre 2003 et 2023. 

La culture de chanvre avait fortement décliné en Europe, puis pratiquement disparu au milieu du XXe siècle. Depuis quelques années, elle est à nouveau en développement : ses fruits (akènes) lisses contiennent en effet des graines brunes riches en vitamines et en protéines appelées couramment chènevis, dont on tire une huile à une forte teneur en acides gras polyinsaturés, et ses fibres servent dans l’industrie textile et la fabrication de matériaux isolants.

Par ailleurs, en automne, de nombreux passereaux visitent les champs de chanvre, dont ils apprécient les graines (lire Le Chanvre cultivé, une plante d’avenir dont les graines plaisent aux oiseaux). Le colza est une autre culture appréciée par de nombreuses espèces d’oiseaux (lire Le colza, une plante intéressante pour les oiseaux, les insectes et le sol). 

Vue d'une parcelle de Chanvre cultivé (Cannabis sativa)

Vue d’une parcelle de Chanvre cultivé (Cannabis sativa) à Neurhede, dans le district d’Emsland, dans le Land de Basse-Saxe (Allemagne), où des chanteurs de Rousserolles verderolles (Acrocephalus palustris) ont été observés en juin 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Thorsten Krüger / Vogelwarte
Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris)

Mâle chanteur de Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) dans un champ de Chanvre cultivé (Cannabis sativa) à Neurhede, dans le district d’Emsland, dans le Land de Basse-Saxe (Allemagne), en juin 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Thorsten Krüger / Vogelwarte

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire