Le Strigops kakapo (Strigops habroptila) est un grand (longueur comprise entre 58 et 64 cm) et gros (de 2 à 4 kg) perroquet endémique de  Nouvelle-Zélande (lire À la recherche des oiseaux endémiques de Nouvelle-Zélande). Il a le dessus vert mousse marbré de noir ou de taches brun foncé et gris sombre, une coloration cryptique qui lui permet de se camoufler efficacement dans la végétation. Ses  parties inférieures (poitrine, ventre et dessous de la queue) sont vert jaunâtre moucheté de sombre. Il possède un disque facial brunâtre, des vibrisses autour du bec et des yeux orientés vers l’avant, d’où son surnom de « perroquet-hibou ». C’est le seul perroquet au monde incapable de voler : ses ailes sont en effet trop petites et son sternum n’a pas de bréchet. Il se déplace donc en marchant ou en grimpant, ses ailes lui servant à s’équilibrer ou à amortir sa chute.

Il se nourrit de végétaux (fruits, baies, de graines, pousses, racines, rhizomes, tubercules, feuilles, écorces, mousses, etc.) et de champignons selon les saisons. Il est essentiellement nocturne. En dehors de la période de reproduction, les individus sont plutôt solitaires.

Le mâle pousse pendant des cris graves et profonds pour attirer les femelles sur les arènes de parade (leks). Les deux sexes émettent aussi un cri aigu et sonore. La période de reproduction se déroule durant l’été austral, de décembre à février, mais les oiseaux ne se reproduisent pas chaque année, en fonction des ressources alimentaires disponibles. L’accouplement commence généralement aux alentours de Noël et atteint son apogée en janvier. Les œufs, pondus en février et mars, éclosent environ un mois plus tard. Les petits atteignent leur indépendance en septembre ou en octobre. 

Emplacements des sanctuaires de Nouvelle-Zélande où vivent actuellement des Strigops kakapo (Strigops habroptila)

Emplacements des sanctuaires de Nouvelle-Zélande où vivent actuellement des Strigops kakapo (Strigops habroptila) : (1) Whenua Hou/Codfish Island, (2) Te Puka-Hereka/Coal Island, (3) Puke Nui/Anchor Island et (4) Sanctuary Mountain Maungatautari.
Carte : Ornithomedia.com

Il vit dans les forêts denses ou clairsemées. Autrefois répandu dans l’ensemble de l’archipel, sa répartition actuelle est restreinte à trois petites îles (Whenua Hou/Codfish Island, Puke Nui/Anchor Island et Te Puka-Hereka/Coal Island) et un secteur montagneux (Sanctuary Mountain Maungatautari) débarrassés des prédateurs introduits. Lorsque le programme de conservation a débuté en 1995, l’espèce était au bord de l’extinction et sa population ne comptait que 51 individus, dont seulement 20 femelles. Actuellement, elle atteint 237 oiseaux. 

Dans un article le 3 décembre 2025 sur le site web de l’Université d’Auckland, une équipe a affirmé que la saison de reproduction qui vient de débuter pourrait être la meilleure depuis 1977. En effet, la professeure Jacqueline Beggs, qui préside le Kākāpō Recovery Group, a indiqué que les 84 femelles en âge de se reproduire devraient pondre.  

Cette prévision repose sur une abondance des fruits du conifère Dacrydium cupressinum, appelé localement Rimu, qui constituent une partie importante du régime alimentaire de ces perroquets et sur le bon état reproductif de toutes les femelles, ce qui est rare. La dernière bonne saison de reproduction remonte à 2022, avec 57 oisillons nés. 

Le laboratoire du professeur Mike Taylor avait réalisé la première description détaillée du microbiote intestinal du Strigops kakapo, aidant les spécialistes de la conservation à comprendre l’influence de l’alimentation, des antibiotiques et des facteurs de stress environnementaux sur sa santé.

La docteure Caroline Lees a de son côté développé des outils permettant de prédire l’impact de différents scénarios de reproduction et de gestion des sites sur la croissance de la population de Strigops kakapo et sur le risque d’extinction. Ces modèles ont contribué à évaluer les variations de la fructification du Dacrydium cupressinum dues aux changements climatiques. Les scientifiques ne comprennent pas encore comment ces perroquets perçoivent que la fructification de ces conifères sera bonne, déclenchant le début d’une saison de reproduction record.  

Fruits du conifère endémique appelé Rimu (Dacrydium cupressinum)

Fruits du conifère endémique appelé Rimu (Dacrydium cupressinum). 
Photographie : John Barkla / Wikimedia Commons

Toutefois, de nombreux imprévus peuvent survenir : en particulier, certaines années, les fruits des Rimus ne mûrissent pas à cause des intempéries ou d’autres facteurs, et les Strigops kakapo abandonnent alors leurs nids.

Par ailleurs, bien que l’augmentation probable et significative du nombre de Strigops kakapo soit une excellente nouvelle, trouver de nouveaux territoires où la population peut s’étendre, représente un véritable défi. Actuellement, ces perroquets nocturnes vivent dans quatre sanctuaires exempts de prédateurs, dont trois sont situés sur des îles; or ces dernières atteignent leur capacité d’accueil maximale, et par conséquent, certains individus devront être transférés vers des zones où le nombre de prédateurs a été réduit, mais dont une partie subsiste. 

Jacqueline Beggs précise : « nous passons de la situation d’une espèce en soins intensifs à celle ou elle va devoir établir par elle-même de nouvelles populations, ce qui est à la fois inquiétant et enthousiasmant. Nous pouvions à peine imaginer que nous en arriverions là lorsque le programme de rétablissement a débuté dans les années 1990 ».

Une fois que les Strigops kakapo ont atteint un nombre important dans un site donné, le risque de combats entre mâles et de conflits autour des nids augmente. Il faut aussi penser à répartir la population afin que si une maladie se propage dans un sanctuaire, elle n’anéantisse pas tous les oiseaux. C’est d’autant plus important que le « goulot d’étranglement génétique » survenu dans les années 1990, lorsqu’il ne restait plus que 51 individus, a probablement affaibli leur système immunitaire.

Documentaire sur le Strigops kakapo (Strigops habroptila).
Source : BBC Earth

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