Brèves
Des signes encourageants mais fragiles de l’amélioration de l’état de conservation du Mohoua à tête jaune en Nouvelle-Zélande
Mohoua à tête jaune (Mohoua ochrocephala).
Source : Department of Conservation
Le Mohoua à tête jaune (Mohoua ochrocephala) est un passereau mesurant environ 15 cm de long, facilement reconnaissable à sa tête et sa poitrine jaune vif, à son dos brun, à ses ailes et au dessus de sa queue vert brun à son bas-ventre blanc. Ses pattes et son bec sont noirs. Très vocal, il émet un babil rapide et saccadé, semblable à une mitraillette, émit par les deux sexes. Le mâle produit également un chant mélodieux qui varie localement, tandis que la femelle lance un bourdonnement descendant distinctif.
C’est un oiseau actif et agile qui évolue essentiellement dans la canopée des forêts, où il glane des invertébrés. Il se reproduit durant le printemps austral. Il forme des couples monogames, parfois aidés par des individus auxiliaires. En dehors de la saison de reproduction, il se déplace en groupes, parfois accompagnés d’autres espèces comme les Kakarikis à front jaune (Cyanoramphus auriceps) et les rhipidures (Rhipidura sp.).
C’est une espèce endémique de Nouvelle-Zélande. Autrefois abondant dans toutes les forêts de Hêtres austraux de Nouvelle-Zélande (Nothofagus menziesii) des îles du Sud et Stewart (lire Périple ornithologique sur l’île du Sud et dans les petites îles néo-zélandaises, des Hen and Chicken à Campbell), il a connu une forte régression depuis l’introduction des rats, des hermines et des opossums. Il est en effet particulièrement vulnérable durant sa période de reproduction, car il niche et dort dans des cavités d’arbres, ce qui le rend très exposé aux attaques de ces prédateurs introduits. Or après les épisodes de fructifications massives des hêtres, les populations de rongeurs explosent, comme cela a été le cas en 2000, en 2014 et en 2016.
Aire de répartition du Mohoua à tête jaune (Mohoua ochrocephala). |
Ces prédateurs, combinés à la fragmentation de son habitat, ont décimé ses populations, surtout dans les forêts de basse altitude. Malgré son taux de reproduction élevé (il peut faire deux couvées par an), l’espèce a donc connu un effondrement de ses effectifs et de son aire de répartition à partir des années 1970. Dans les zones d’altitude ou sur les îles sans prédateur, ses populations se maintiennent mieux. Aujourd’hui, il ne subsiste plus que sous forme de petites populations dispersées occupant environ 5 % de son aire de répartition d’origine.
Le Mohoua à tête jaune est une espèce emblématique pour la Nouvelle-Zélande, qui figure sur le billet de 100 dollars néo-zélandais et grâce à sa capacité de reproduction dynamique et à des efforts soutenus de conservation, il est possible d’envisager la restauration à long terme de ses populations, si la pression exercée par les prédateurs était réduite de manière durable. Le Department of Conservation (DOC) mène donc des opérations de contrôle à grande échelle pour protéger ses principales populations et effectue un suivi des résultats obtenus.
Dans un communiqué publié le 8 octobre 2025, Graeme Elliott, conseiller scientifique principal du DOC, a indiqué que les comptages effectués dans neuf forêts de l’île du Sud durant le dernier été austral avaient montré que les populations de Mohuas à tête jaune étaient en augmentation ou stables dans cinq d’entre elles, mais en déclin dans les quatre autres. Il précise : « nous avons noté de légères augmentations dans les vallées d’Eglinton et de Dart, situées dans les parcs nationaux du Fiordland et d’Aspiring, où les résultats sont les meilleurs depuis cinq ans. Les petites populations des vallées de Hawdon et de Hurunui, dans la région de Canterbury, sont restées stables, tandis que dans le bastion de la vallée de Landsborough, située dans le sud-ouest de la région de Westland, l’espèce continue de progresser. Le tableau est plus sombre ailleurs : les populations continuent en effet de diminuer dans les Blue Mountains dans la région de l’Otago, ainsi que dans les vallées de Caples et de Grebe et dans les Catlins, dans le Fiordland ».
Dans la vallée de Landsborough, les actions de contrôle ont permis en 26 ans au Mohoua à tête jaune de redevenir commun. Malheureusement, l’année dernière, ses effectifs y ont chuté à cause d’une invasion de rats favorisée par une fructification importante des hêtres austraux en 2023, survenue avant les opérations de lutte menées en janvier 2024.
Ces résultats montrent qu’une lutte résolue contre les prédateurs, combinant une distribution d’appâts empoisonnés par voie aérienne et la pose de pièges, porte ses fruits, mais ils illustrent aussi la fragilité des résultats obtenus, car ils sont liés au maintien des populations de rats et d’hermines à des niveaux suffisamment bas. Graeme Elliott a ajouté : « des opérations de distribution aérienne d’appâts empoisonnés sont à nouveau menées en 2025 dans tous les sites clés afin de protéger les mohas de la recrudescence des rongeurs attendue en 2026 en raison de la fructification massive des hêtres dans les forêts de l’île du Sud prévue durant l’été austral ». L’objectif est de cibler les rongeurs avant que les faines ne tombent au sol et après la consommation totale de ces dernières, lorsque les mammifères sont les plus enclins à consommer les appâts.
Le DOC rappelle que chaque citoyen peut contribuer à ces opérations en posant des pièges dans son jardin, en rejoignant un groupe local de piégeage ou en faisant un don dans le cadre de l’objectif de faire de la Nouvelle-Zélande un pays sans prédateurs exotiques d’ici à 2050.
Vidéo sur la distribution d’appâts empoisonnés dans les forêts de hêtres austraux de Catlins (Nouvelle-Zélande) pour lutter contre les prédateurs du Mohua à tête jaune (Mohoua ochrocephala).
Source : Fergus Sutherland
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Compléments
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- The Hand Guide to the Birds of New Zealand (2015) de Hugh Robertson (Auteur), Barrie Heather (Auteur), Derek Onley (Illustrations)
- Collins Field Guide – Birds of New Zealand, Hawaii, Central and West Pacific de Ber van Perlo
- The Field Guide to the Birds of New Zealand de Hugh Robertson et Barrie Heather
- Guide photo des oiseaux marins du monde: Identifier toutes les espèces pélagiques de Steve N.G. Howell, Kirk Zufelt, et al.
- Albatrosses, Petrels and Shearwaters of the World de Derek Onley et Paul Scofield
- Seabirds: The New Identification Guide (2021) de Peter Harrison (Auteur), Martin Perrow (Auteur), Hans Larsson (Auteur)
Sources
- Department of Conservation (2025). Glimmers of hope for brightest bird. Date : 08/10. www.doc.govt.nz
- New Zealand Birds Online. Mohua / Yellowhead. www.nzbirdsonline.org.nz




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