La Paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii) est un passereau de 14 à 15 cm de longueur. Le mâle adulte a les parties supérieures gris-bleuté, la poitrine et le ventre jaune vif, des flancs striés de noir, un masque facial noir et un cercle oculaire blanc interrompu bien visible (lire ). La femelle et le jeune ont des couleurs plus ternes (gris-brun dessus, jaune plus pâle dessous) et des marques faciales moins marquées.

Elle affectionne les sites au sol sablonneux bien drainé, où pousse une végétation dense composée d’une strate basse (myrtilles, fougères, graminées, etc.) et de jeunes Pins gris (Pinus banksiana) âgés de 5 à 20 ans (souvent entre 1,5 m et 5 m de hauteur). Elle nidifie au sol, sous les branches basses de ces jeunes conifères, qui lui offrent une bonne protection contre les prédateurs.

Zones de nidification et d'hivernage de la Paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii)

Aires de nidification (en rouge) et d’hivernage (en bleu) de la Paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii).
Carte : Ornithomedia.com d’après  BirdLife International

La Paruline de Kirtland niche principalement dans le nord de la péninsule inférieure du Michigan (États-Unis), ainsi dans quelques sites de la péninsule supérieure, du Wisconsin et du sud de l’Ontario (Canada). Elle hiverne principalement dans les archipels des Bahamas et des Turques-et-Caïques, et occasionnellement à Cuba et sur d’autres îles des Caraïbes. 

Le Pin gris ne libère ses graines que sous l’action de la chaleur intense provoquée par les incendies de forêt, et elle colonise donc facilement les terrains brûlés. Les pinèdes en voie de régénération étaient plus répandues au Michigan et dans les régions voisines au XIXe siècle, lorsque l’exploitation forestière était intense et que les incendies était fréquents et non contrôlé : paradoxalement, c’est la lutte contre les feux de forêts au au cours du 20ème siècle qui a considérablement réduit l’habitat propice à la Paruline de Kirtland. L’espèce a été placée en 1967 sur la liste des espèces en danger des États-Unis : il ne restait plus que 167 couples en 1974, tous localisés dans le nord de la péninsule inférieure du Michigan.

Une autre menace a pesé sur cette espèce au XX siècle : l’expansion du Vacher à tête brune (Molothrus ater) au cours des années 1960, une espèce pondant dans le nid des autres. Au début des années 1970, près de 70 % des nids de parulines étaient parasités, ce qui a fortement réduit la productivité de cette espèce. En moyenne, seul un oisillon était produit par couple et par année. La lutte contre les vachers a débuté en 1972 et le taux de parasitisme a été réduit à environ 3 %, un niveau négligeable. Mais malgré cette action, la population de parulines ne parvenait pas à remonter significativement et ne comptait encore que 200 couples en 1989.

Des mesures de restauration et de création de peuplements de jeunes Pins gris, associant l’U. S. Fish and Wildlife Service, les autorités, les propriétaires et les associations, ont alors été prises : les techniques de récolte et de semis des graines ont été améliorées et généralisées, et de vastes surfaces ont été semées. La population de parulines a alors enfin connu une lente remontée : on comptait entre 700 et 800 couples en 1999, et quelques couples se sont établis dans la péninsule supérieure du Michigan. La population totale a dépassé les 1 000 couples en 2001 et l’espèce s’est installée au Wisconsin et en Ontario. En 2011, 1 828 couples ont été comptés, et en 2015, la barre des 2 000 couples a été franchie (lire Le beau succès du programme de protection de la Paruline de Kirtland). En 2021, environ 2 245 couples ont été recensés dans le Michigan, auxquels il faut ajouter une cinquantaine d’adultes en Ontario. Toutefois, certaines données récentes (2025) indiquent une possible baisse de la population due au manque d’habitats jeunes disponibles, malgré les efforts de reforestation et de gestion.

Paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii)

Paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii) posée dans un Pin gris (Pinus banksiana).
Photographie : Joel Trick / USFWS

La conservation de la Paruline de Kirtland repose principalement sur la création et la gestion de plantations forestières rappelant les habitats naturellement recolonisés par le Pin gris après le passage du feu. Cette essence est donc densément plantée après coupe ou brûlage contrôlé.

Des plantations de sapins et de pins de Noël ont aussi été reconverties en zones de nidification dans certains comtés américains et en Ontario : c’est le cas par exemple dans le comté de Simcoe, où nichent environ 50 % de la population canadienne de Parulines de Kirtland. Près de Barrie, dans une plantation de Pins sylvestres (Pinus sylvestris), une essence utilisée localement comme arbre de Noël, un brûlage dirigé a été réalisé en 2018 afin de favoriser l’installation et la plantation d’espèces indigènes et d’empêcher la repousse des Pins sylvestres, puis environ 160 000 Pins gris ont été plantés. Ces travaux préparatoires ont été terminés en 2019 et dès 2022, les premiers mâles chanteurs de Parulines de Kirland oiseaux ont été observés.

De nombreuses autres plantations de pins et de sapins de Noël du sud de l’Ontario pourraient offrir un habitat potentiel de nidification pour la Paruline de Kirtland, après leur restauration.  

En Europe, plusieurs études ont montré que les plantations de sapins et d’épicéas destinés à être coupés pour les festivités de fin d’année pouvaient être favorables, sous certaines conditions, à la nidification de plusieurs espèces d’oiseaux, comme le Pipit des arbres (Anthus trivialis), l’Alouette lulu (Lullula arborea), la Linotte mélodieuse (Linaria cannabina), le Bruant jaune (Emberiza citrinella) et l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) en Europe, ou la Paruline des prés (Setophaga discolor), la Bécasse d’Amérique (Scolopax minor), le Colin de Virginie (Colinus virginianus), cinq espèces de bruants, en particulier les Bruants vespéral (Pooecetes gramineus) et sauterelle (Ammodramus savannarum), le Passerin indigo (Passerina cyanea), le Tohi à flancs roux (Pipilo erythrophthalmus) et le Chardonneret jaune (Carduelis tristis) en Amérique du Nord (lire Concilier les plantations de sapins de Noël et la conservation des oiseaux).

Enfin, après son utilisation, un sapin de Noël coupé pourra être utilisé de différents façons pour aider l’avifaune, que ce soit dans votre jardin (lire Quelques idées pour recycler son sapin de Noël après les fêtes pour aider les oiseaux) ou dans les milieux naturels (lire Des sapins de Noël utilisés pour créer des sites de nidification pour les oiseaux sur l’île Poplar dans le Maryland).

Vidéo de présentation du programme de conservation de la Paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii) mené aux 
Source : OC Aviary

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