La Dryade de Waterton (Thalurania watertonii) est un colibri présentant un net dimorphisme sexuel. Le mâle est plus grand que la femelle (longueur de 11,8 à 13 cm contre de 10 à 11 centimètres), avec des ailes et une queue plus longues, mais son bec est plus court. Le plumage masculin est irisé, avec des reflets bleu, vert et violet, sa calotte et son cou sont vert bronzé, son dos est bleu violet irisé, ses parties inférieures sont vert herbe brillant, ses flancs sont bleu violet et sa queue profondément fourchue est bleue, tandis que celui de la femelle est plus pâle et plus terne, et sa queue est plus courte, légèrement fourchue, à pointes blanches, avec une bande subterminale bleue. Le juvénile ressemble à la femelle.

Cette espèce vit dans la forêt atlantique dans le nord-est du Brésil (États de Pernambuco, d’Alagoas et de Sergipe). En 2015, il a été classé dans la catégorie « en danger » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature du fait de sa faible population (moins de 2 500 adultes) et de son aire de répartition fragmentée : selon Bocalini et al. (2021), sa population serait principalement concentrée dans la forêt atlantique au nord du fleuve São Francisco.

Dans un article récent publié dans le journal Ornithology Research, des ornithologues ont essayé de déterminer plus précisément l’aire de répartition de la Dryade de Waterton.

Pour cela, ils ont compilé toutes les données disponibles concernant cette espèce (spécimens naturalisés, archives sonores de la Fonoteca Neotropical Jacques Vielliard et observations et enregistrements publiées sur les sites web eBird, iNaturalist, Wiki-Aves, Macaulay Library et Xeno-Canto. Les localités associées à ces données ont été saisies dans le Système d’Information Géographique ArcGIS, les zones forestières concernées ont été identifiées et leur superficie totale a été calculée à l’aide de MapBiomas v6, un système qui utilise Google Earth Engine pour déterminer la répartition la plus probable des différents habitats terrestres au Brésil. Les superficies minimale et maximale probables occupées par la Dryade de Waterton ont été calculées, et leur évolution entre 2000 et 2020 a été notée. La zone de présence (« Extent Of Occurrence » ou EOO), c’est-à-dire le secteur compris dans la limite imaginaire reliant tous les sites connus de présence, et celle d’occupation minimale  (« Area Of Occupancy » ou AOO), correspondant au secteur vital pour l’espèce, ont été déterminées. Pour quatre zones forestières considérées comme étant les bastions de l’espèce (l’Estação Ecológica de Murici, le secteur environnant, la Reserva Biológica Saltinho et le Parque Estadual Dois Irmãos), toutes les observations du site web eBird ont été prises en compte. Une nouvelle évaluation de l’état de conservation de l’espèce a enfin été proposée.

Les auteurs ont déterminé que la superficie minimale de forêt occupée par la Dryade de Waterton était de 292 km², tandis que celles de ses zones d’occupation minimale (AOO) et de présence (EOO) étaient respectivement de 910 et de 22 270 km² (16 090 km² en excluant les enregistrements antérieurs à 2000). En combinant toutes les superficies des forêts dans lesquelles l’espèce a été récemment observée, la superficie maximale de son habitat favorable serait de 2 568 km². Entre 2000 et 2020, cette dernière a diminué de 6,6 %, et son taux de fragmentation a augmenté.

Sa présence dans la Reserva Ecológica Brejo dos Cavalos suggère que la limite supérieure de son aire de répartition atteindrait près de 1 000 mètres d’altitude, et non pas 550 mètres comme l’avait suggéré Schuchmann (1999). Sa biologie est mal connue, mais les données compilées montrent que sa période de nidification serait peut-être plus étendue que l’on ne pensait, allant d’octobre à mars.

Situations des cinq secteurs forestiers qui pourraient accueillir des populations de Dryades de Waterton

Situations des cinq secteurs forestiers qui pourraient accueillir des populations de Dryades de Waterton (Thalurania watertonii).
Carte : Ornithomedia.com

En se basant sur les estimations de densité de population d’espèces proches et sur la superficie minimum de son aire de répartition, le nombre total d’adultes serait inférieur à 10 000. L’espèce est en déclin à cause de la déforestation, mais sa zone d’occupation minimale serait de 910 km², donc plus vaste que le seuil de 500 km² qui avait été utilisé pour le considérer comme étant en danger. Sa superficie serait toutefois inférieure à 2 000 km², la limite inférieure pour changer son statut à « vulnérable ».

Les cinq secteurs forestiers ci-dessous pourraient accueillir des populations peut-être « importantes » de Dryade de Waterton :

  • la vaste zone boisée (plus de 200 km²) s’étendant au nord-ouest de Recife et englobant l’Usina São José, le secteur d’Igarassu et le Parque Estadual Dois Irmãos.
  • La zone forestière d’environ 50 km² comprenant principalement l’Usina Serra Grande, où plusieurs observations récentes ont été faites.
  • Plusieurs parcelles isolées à l’est de la Reserva Biológica de Pedra Talhada.
  • Une zone boisée étendue et partiellement fragmentée de plus de 150 km² incluant l’Estação Ecológica de Murici, où des observations répétées (en 2019 et en 2020) pourraient suggérer une certaine tolérance de l’espèce à la dégradation de son habitat.
  • Une zone très fragmentée totalisant près de 200 km² dans les municipalités de São Luís do Quitunde et de Maceió.

L’augmentation de la pression d’observation dans ces secteurs pourrait permettre d’en savoir plus sur le statut de ce colibri, sur les caractéristiques de son habitat et sur les zones à protéger en priorité.

Dryade de Waterton (Thalurania watertonii) mâle dans l’État de Pernambuco (Brésil) le 16 janvier 2015.
Source : CraigtheBirder

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