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Des Linottes à bec jaune nées en captivité pourraient être lâchées en Angleterre (Grande-Bretagne) en 2026
Linottes à bec jaune (Linaria flavirostris) se nourrissant de graines de tournesol dans la réserve naturelle RSPB d’Oa, sur l’île écossaise d’Islay (Grande-Bretagne) le 30 janvier 2022. Notez leur bec jaune et les bagues posées sur certains individus.
Photographie (extraite d’une vidéo) : David Dinsley / Sa page X
La Linotte à bec jaune (Linaria flavirostris) ressemble à la Linotte mélodieuse (L. cannabina), mais elle s’en distingue par son dos fortement marqué de noir, ses parties inférieures teintées de beige et aux stries sombres, sa gorge unie et son bec jaune en dehors de la période nuptiale. Au printemps, le mâle n’a pas le front et la poitrine rouges, mais son croupion est rosé (brun chez la femelle).
Elle niche dans la toundra, les landes et les formations broussailleuses basses en haute montagne. En hiver, elle forme des troupes se nourrissant de graines (notamment des plantes appartenant aux genres Aster, Salicornia, Cakile, Spartina, Armeria, Suaeda, Achillea, Anthemis, Chrysanthemum, Taraxacum et Artemisia) le long des côtes, dans les friches et dans les cultures.
Linotte à bec jaune (Linaria flavirostris flavirostris) hivernante à Kwade Hoek (Pays-Bas). |
Son aire de nidification est discontinue (îles britanniques, Scandinavie, péninsule russe de Kola, Caucase et Asie centrale). Neuf sous-espèces sont reconnues, dont trois nichent sur le continent européen (jusqu’à ses limites géographiques) :
- L. f. flavirostris qui se reproduit en Scandinavie et sur la péninsule de Kola et qui hivernent le long des côtes des mers Baltique, du Nord et de la Manche (lire Observer les oiseaux près du Fort-Vert, de la « jungle » de Calais à une zone humide arrière-dunaire), ainsi qu’en Europe centrale et orientale.
- L. f. pipilans nichant dans le nord de l’Irlande et en Grande-Bretagne et hivernant le long des côtes écossaises et du sud-est de l’Angleterre (lire La Linotte à bec jaune, une visiteuse hivernale remarquable des mangeoires de l’île écossaise d’Islay).
- L. f. brevirosris dans le Caucase (lire Ascension printanière du mont Kazbek, à la recherche des oiseaux montagnards du Grand Caucase).
Selon certains auteurs, l’archipel écossais des Hébrides extérieures (lire Séjour ornithologique printanier dans les Hébrides extérieures et les monts Cairngorms) accueillerait une sous-espèce distincte, L. f. bensonorum. Grâce à des programmes de baguage, on a découvert que les sous-espèces pipilans et flavirostris n’hivernaient pas dans les mêmes zones.
La population d’Europe de l’Ouest serait comprise entre 110 000 et 520 000 couples, dont la grande majorité en Norvège.
Selon le dernier recensement national disponible, il y avait 7 831 couples en Grande-Bretagne en 2013, dont 98 % en Écosse. On ne comptait alors plus que 164 couples en Angleterre (en baisse de 72 % depuis 1999), 16 au Pays de Galles et 18 en Irlande du Nord. L’Écosse constitue donc le bastion britannique de l’espèce, les Hébrides intérieures accueillant 25 % des couples, 17 % pour les Shetland (lire Les îles Shetland, une destination ornithologique passionnante en automne) et les Orcades (lire Observer les oiseaux dans l’archipel écossais des Orcades) et 16 % pour les Hébrides extérieures.
Les causes du déclin de la population britannique de Linottes à bec jaune, et notamment anglaise, où ce passereau a pratiquement disparu (en 2021, il n’y avait plus que 12 couples) sont l’intensification des cultures, occasionnant une réduction des surfaces de prairies riches en fleurs graines nécessaires pour nourrir les adultes et leurs petits, la diminution des surfaces de cultures de navets et de colza (lire Le colza, une plante intéressante pour les oiseaux, les insectes et le sol) au cours des dernières décennies en raison de l’évolution des pratiques agricoles et des subventions, et la perte de sites de nidification favorables (landes côtières et intérieures).
Afin de tenter d’empêcher l’extinction de la sous-espèce L. f. pipilans dans le sud de son aire de répartition (Angleterre et Pays de Galles), plusieurs initiatives complémentaires ont été ou sont lancées par plusieurs organismes : création ou la gestion de prairies riches en graines autour des sites de nidification (par exemple : semer des prairies de plantes natives, laisser des bandes non fauchées, etc.) afin d’assurer une alimentation suffisante pour les adultes et les poussins, baguage d’individus en Écosse (pose de bagues colorées) pour connaître leurs déplacements, et lancement d’un programme d’élevage d’oiseaux en captivité, appelé le Twite Conservation Project, qui vise à créer à renforcer la population anglaise existante via des lâchers dans des secteurs favorables (après des actions de restauration d’habitats si nécessaire), où la sous-espèce a disparu ou est devenue très rare.
Situation du centre d’élevage OC Aviary, dans le comté de Staffordshire (Grande-Bretagne). |
Le Twite Conservation Project a été initié en 2023 par des ornithologues amateurs et des partenaires comme le Keep It Wild Trust. Il comprend un centre d’élevage, appelé OC Aviary, situé dans le comté de Staffordshire, dans le centre de l’Angleterre, composé de plusieurs volières de taille moyenne et de grande construites d’une capacité totale de plus 150 oiseaux, construites pour accueillir des couples et de futurs groupes de reproduction. À partir d’oiseaux capturés dans la nature (après a priori obtention d’un permis de capture), six couples se sont formés, dont cinq ont donné un total de 15 jeunes en 2024. De nouveaux adultes ont été ajoutés incorporés en 2024. En automne, les oiseaux ont été rassemblés dans une seule volière afin de leur permettre d’adopter des comportements communautaires et d’identifier des partenaires potentiels. Leur alimentation est alors diversifiée, en y ajoutant de petites quantités d’insectes et un mélange de graines sauvages. Des oiseaux s’accoupleront et seront transférés dans des volières individuelles pour la saison de reproduction suivante.
Les responsables du Twite Conservation Project espèrent pouvoir commencer les lâchers dès 2026, après avoir produit et conditionné suffisamment d’oiseaux captifs, si toutefois les conditions favorables sur le terrain sont réunies. Plusieurs sites potentiels, localisés dans des secteurs où l’espèce était autrefois ou est encore présente, comme les South Pennines, sont en cours d’identification et n’ont pas été précisés. Ils devront réunir plusieurs conditions : des landes favorables à la nidification, des secteurs ouverts riches en graines, des sources d’eau disponibles, une pression de prédation réduite, une possibilité de suivi des oiseaux relâchés (par baguage et/ou observation) et des accords menés avec les propriétaires fonciers et des associations locales.
Ce type d’approche (élevage en captivité pour effectuer ensuite des lâchers en milieu naturel) a déjà été utilisé avec succès pour d’autres espèces en danger, et pourrait constituer une « assurance démographique » pour la sous-espèce L. f. pipilans si ses populations méridionales de décliner.
Précisons qu’un programme d’élevage en captivité est également mené en Grande-Bretagne pour la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) (lire Une intéressante tentative de création d’une population sédentaire de Tourterelles des bois en Grande-Bretagne).
Vidéo de présentation du Twite Project.
Source : OC Aviary
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Compléments
Ouvrages recommandés
- Le Guide Ornitho de L. Svensson et al
- Northern Scotland, Orkney and Shetland (Carte) de Ordnance Survey
- Where to Watch Birds in Scotland de Mike Madders
Sources
- Keep It Wild Trust (2025). Twites. keepitwild.uk
- Nick et Elena Martin (2024). Consano Earth’s Christmas 2024 Letter. Date : 08/12. www.consanoearth.org
- OC Aviary (2024). British Twites (Linaria flavirostris pipilans). www.facebook.com




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