La Cigogne noire (Ciconia nigra) est légèrement plus petite que la Cigogne blanche (C. ciconia), avec une longueur de 95 à 100 cm pour une envergure de 145 à 155 cm. Son plumage est presque totalement noir, avec des reflets verts et violet, les plumes de son ventre, du bas de sa poitrine ses axillaires et de ses sous-caudales étant blanches. Son bec, ses pattes et la zone de peau nue autour de yeux sont rouges. Le mâle est légèrement plus grand que la femelle. Le juvénile est plus terne, les extrémités des plumes de ses scapulaires, de ses ailes et de ses sus-caudales sont pâles, et ses pattes, son bec et sa zone de peau nue autour des yeux sont gris verdâtre.

Son régime alimentaire est varié (lire La Cigogne noire peut être aussi adaptable qu’un Héron cendré durant sa migration). Son nid, qui est fait de branchages, est construit dans un arbre, ou sur un escarpement rocheux, souvent à proximité d’un plan ou d’un cours d’eau (lire Pillage en direct d’un nid de Cigognes noires par une Martre des pins). Elle est discrète et se reproduit dans des zones boisées riches en étangs et en ruisseaux, mais dans ses zones de halte migratoire et d’hivernage, elle fréquente des zones humides variées (lire Bilan de la migration postnuptiale 2016 de la Cigogne noire sur les lacs aubois), mais aussi des décharges, des cultures, etc.

Son aire de nidification s’étend de façon discontinue de la péninsule ibérique à la Chine et en Afrique australe et elle hiverne en Afrique tropicale et en Asie du Sud (lire Importance des dortoirs pour les Cigognes noires hivernant en Afrique de l’Ouest). En Europe, sa population est en augmentation et serait comprise entre 9 800 et 13 900 couples (2015), principalement concentrés dans la péninsule ibérique et dans l’est du continent. 

Aire de nidification de la Cigogne noire (Ciconia nigra) en France et axes de progression de la population

Aire de nidification de la Cigogne noire (Ciconia nigra) en France et axes de progression (flèches noires) de la population à partir des noyaux « historiques » (rouge sombre). 
Carte : Ornithomedia.com d’après Benjamin Brouillard et al

En France, après une longue période d’absence d’une durée indéterminée, la découverte de la première nidification remonte en 1973. Depuis cette date, la population ne cesse de croître, et sa présence est confirmée dans 33 départements en 2024, principalement dans l’est et le centre du pays. Grâce aux suivis des nids réalisés, il est possible d’affirmer l’existence d’un minimum de 75 couples nicheurs sur le territoire en 2022. Les jeunes adultes ayant tendance à revenir nicher dans les secteurs où ils sont nés (la distance moyenne observée entre lieu de naissance et lieu de reproduction est de 120 km), l’expansion de l’espèce semble suivre des directions privilégiées à partir des départements les plus anciennement occupés que sont le Cher, la Côte-d’Or, la Meurthe-et-Moselle, la Nièvre et les Ardennes. L’un de ces axes de progression est orienté vers le Nord-ouest à partir de la Bourgogne et se dirige donc vers l’Île-de-France. 

Sur son site web, l’association Pie verte Bio 77, dédiée à la protection de la biodiversité dans le département de la Seine-et-Marne, a annoncé le 6 août 2025 la découverte d’une nichée dans la forêt domaniale de Villefermoy, après plusieurs années d’observations d’individus en période de reproduction. Il s’agit de la première nidification confirmée de l’espèce en région parisienne depuis son retour dans l’hexagone dans les années 1970. 

Le nid avait été découvert en 2024 et il n’était alors pas occupé, mais en mai 2025, des membres de l’association ont constaté la présence d’une quantité impressionnante de fientes sur le sol. Un adulte posé a été trouvé le 15 mai et la présence de trois cigogneaux a été confirmée le 9 juin : ils ont été bagués le 22 juin dans le cadre du programme national de baguage de la Cigogne noire. Le 27 juillet, les trois jeunes ont quitté leur nid. 

Jeunes Cigognes noires (Ciconia nigra)

Jeunes Cigognes noires (Ciconia nigra) baguées prêtes à quitter leur nid le 25 juillet 2025 dans la forêt domaniale de Villefermoy (Seine-et-Marne) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Antoine Bauchet / La Pie Verte Bio 77 

La forêt de Villefermoy est un massif de plus de 4 000 hectares, dont 2 675 hectares sont gérés par l’État (forêt domaniale). Elle est située sur le plateau argileux humide de la Brie, à une soixantaine de kilomètres de Paris et à une vingtaine de Melun. Elle est principalement composé de beaux peuplements de Chênes sessiles (Quercus petraea), dont 59 ont été coupés en 2021 pour participer à la restauration de la flèche de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, qui a brûlé en 2017 (lire Cinq ans après l’incendie, où en sont les Faucons crécerelles de Notre-Dame de Paris ?), mais aussi de hêtres et de charmes. On y trouve aussi des prairies (sèches et humides), des marais, des mares et des étangs. L’Office National des Forêt procède au renouvellement progressif des peuplements par l’utilisation d’une technique sylvicole de régénération respectant les classes d’âge, ce qui permet de concilier production de bois et protection de la biodiversité.

Le massif de Villefermoy présente un intérêt écologique et paysager remarquable, avec plus de 1 300 espèces animales recensées, dont 8 espèces de chauves-souris, 25 d’odonates, 41 de mammifères et 142 d’oiseaux (dont six espèces de pics et plusieurs de rapaces).
 
La découverte de la nidification d’un couple de Cigognes noires confirme la qualité écologique de certaines forêts franciliennes, dont les peuplements mâtures de chênes sont désormais suffisamment étendus et calmes pour accueillir l’exigeante Cigogne noire. D’autres couples pourraient se reproduire (ou se reproduisent déjà mais n’ont pas encore été repérés) dans la région si des mesures adaptées étaient prises, comme la définition d’un périmètre de quiétude de 300 mètres autour du nid, à l’intérieur duquel les forestiers n’interviendraient pas du 1er mars au 15 juillet.

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