Le Bihoreau superbe (Oroanassa magnifica) mesure de 54 à 56 cm de long. Il était autrefois classé dans le genre Gorsachius, et contrairement à son nom vernaculaire français, il n’est pas apparent aux bihoreaux : Jimmy Gaudin propose de le nommer Vachoa superbe, de son nom vietnamien « Vac hoa ».  

Le mâle adulte est majoritairement brun noirâtre, avec les côtés du cou châtain, le dessus de la tête et la nuque noirs, des bandes postoculaires et une gorge blanches et les parties ventrales brunes striées de blanc. La femelle est semblable, mais les motifs de la tête et du cou sont moins marqués et elle présente des stries blanchâtres sur le dos et les ailes. Le juvénile a un plumage plus brun, avec des taches beige clair. Les yeux sont jaune-orangé et les pattes sont vertes. Ses cris sont des appels rauques et profonds (« whoaa »), répétés toutes les 5 à 15 secondes.

C’est un oiseau plutôt nocturne et discret, qui se nourrit de poissons, de crevettes et d’autres invertébrés. Il niche dans les arbres le long des cours d’eau et dans les marais dans les forêts tropicales primaires, mais aussi parfois dans les boisements dégradés. C’est l’un des hérons les plus rares du monde (lire La population du rarissime Héron impérial est restée stable au Bhoutan d’après le dernier comptage national effectué en 2025), considéré comme étant en danger selon l’Union International pour la Conservation de la Nature. Il est localisé dans le sud de la Chine et dans le nord du Vietnam, mais des oiseaux ont récemment été observés en Inde, au Bangladesh et au Cambodge. Sa population totale serait inférieure à mille individus. Il est menacé par la destruction de son habitat, la chasse illégale, les dérangements et les infrastructures (collisions contre les lignes électriques). 

Aire de nidification du Bihoreau superbe (Oroanassa magnifica)

Aire de nidification du Bihoreau superbe (Oroanassa magnifica).
Carte : Ornithomedia.com d’après Birdlife International

En 2021, le gouvernement chinois a renforcé le statut de protection de l’espèce. Au cours des deux dernières décennies, un nombre croissant de localités où l’espèce est présente ont été documentés dans le pays. Il est principalement présent dans quelques provinces chinoises (Shanxi, Mongolie intérieure, Yunnan, Sichuan, Guizhou, Hubei, Hunan, Anhui, Jiangxi, Zhejiang, Fujian, Guangdong, Guangxi et Hainan), mais du fait de sa discrétion, il passe facilement inaperçu.  

Dans un article publié en 2025 dans le Biodiversity Data Journal, des ornithologues ont présenté le résultat d’une synthèse de données collectées entre 2015 et 2024 auprès de différentes sources (China News Service, Baidu, China Central Television et médias locaux gérés par les autorités gouvernementales). Fans certains cas, des observateurs locaux ont été contactés pour obtenir des confirmations. Ils ont également effectué une surveillance systématique de l’espèce entre 2013 et 2024 dans le parc forestier de Junwu près de Liuzhou, dans le Guangxi.

Les observations collectées ont été faites dans différentes localités, dont plusieurs sont nouvelles pour l’espèce, réparties dans 11 provinces (Guangxi, Jiangxi, Hubei, Hunan, Guangdong, Zhejiang, Anhui, Sichuan, Yunnan, Fujian et Guizhou). Six nouveaux sites de nidification ont été identifiés dans les secteurs suivants : Jiuliangshan, Baise, Xuancheng, Neijiang, Xianning et le sud-ouest de la province de Guizhou. 

La population chinoise de Bihoreaux superbes avait été estimée à moins de 100 couples en 2009, mais  ce chiffre pourrait être sous-estimé : un suivi à long terme (entre 2017 et 2020) sur le lac Qiandao, dans le Zhejiang, avait en effet permis de recenser 310 nids. Toutefois, le déclin local de la colonie du parc de Junwu, qui est passée de six à deux couples entre 2013 et 2024, est préoccupant et suggère que l’espèce est fragile et menacée par plusieurs facteurs, comme la dégradation de son habitat.

Les données collectées ont par ailleurs permis d’identifier 17 cas de blessures aux ailes, aux pattes et aux yeux, qui montrent que les lignes de pêche abandonnées et les hameçons constituent également des menaces sérieuses. 

Les auteurs  recommandent que les efforts de conservation portent non seulement sur la protection de l’habitat du Bihoreau superbe, mais aussi sur l’atténuation des impacts directs des activités humaines sur l’espèce. Des campagnes de sensibilisation du public pourraient par exemple être lancées. La Chine n’a pas encore établi de zones protégées désignées spécifiquement pour cet oiseau, dont  seule une petite partie vit dans des réserves, comme celles de Chebaling (Guangdong) et de Jiulianshan (Jiangxi).

Vidéo sur le Bihoreau superbe (Gorsachius magnificus) dans le nord du Guangdong (Chine).
Source : CGTN Nature

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