L’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) est un rapace de taille moyenne (envergure : 145 à 165 cm) aux ailes plutôt arrondies et à la queue assez longue avec une large bande subterminale. Chez l’adulte, le dessus est gris-brun foncé avec une zone blanchâtre de taille variable tandis que le bord antérieur du dessous des ailes, le ventre et la gorge sont blanchâtres. Les grandes ouvertures et les poignets sont noirs et forment une bande sombre bien visible d’en dessous. Chez le juvénile, le dessous du corps et les couvertures sous-alaires sont beige roussâtre, et il n’acquerra son plumage adulte que vers trois à quatre ans.

Il  vit généralement dans les zones de collines ou de montagnes boisées au climat semi-aride, méditerranéen ou tropical, comportant des parois rocheuses pour nicher, du niveau de la mer à plus de 3 000 mètres d’altitude. Son alimentation est variée et dépend de l’habitat et des proies disponibles : il se nourrit principalement d’oiseaux (corvidés, pigeons, perdrix, passereaux, goélands, etc.), mais aussi de petits mammifères (écureuils, lapins, rongeurs, etc.), ainsi parfois de reptiles (lézards, etc.) (lire Un cas de prédation d’un Aigle de Bonelli sur un Grand-duc d’Europe).

Son aire de distribution s’étend de façon fragmentée de l’Europe du Sud et de l’Afrique du Nord à l’Asie du Sud-est en passant par le Moyen-Orient, le sous-continent indien, le sud de la Chine et l’Asie du Sud-est.

Il est en déclin global dans son aire de répartition en raison de l’utilisation de pesticides, de la dégradation de son habitat (disparition de l’agriculture traditionnelle, urbanisation, installation de parcs photovoltaïques et éolien etc.), des collisions avec les lignes à haut tension, de la disparition ou de la diminution de ses proies, des dérangements, des collisions avec les lignes électriques, de maladies comme la trichomonose (lire La trichomonose chez les oiseaux des jardins : présentation et prévention), des persécutions et de la compétition avec d’autres rapaces (lire La réintroduction de l’Aigle de Bonelli à Majorque aurait des effets négatifs pour l’Aigle botté). La population européenne serait comprise entre 1 100 et 1 200 couples selon BirdLife International (2015), l’Espagne en accueillant plus de 700 (2018) : elle aurait diminué de près de 30 % en plus de 50 ans sur notre continent et l’espèce y est considérée comme menacée. 

Massif calcaire des Alpilles (Bouches-du-Rhône)

L’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) niche par exemple dans le massif calcaire des Alpilles (Bouches-du-Rhône).
Photographie : Christian Ferrer / Wikimedia Commons

En France, l’Aigle de Bonelli niche sur les parois rocheuses des reliefs méditerranéens de basse et moyenne altitude (lire Observer les oiseaux dans le massif provençal de la Sainte-Baume, du Pic noir à l’Aigle de Bonelli) et chasse dans les secteurs de garrigues, de pelouses sèches et de cultures. En hiver, il visite volontiers les zones humides, comme la Camargue (Bouches-du-Rhône).

C’est l’un des rapaces nicheurs les plus menacés du territoire hexagonal, où sa population ne comptait plus que 22 couples en 2002, contre près de 80 en 1960. Afin de tenter de stabiliser voire d’inverser la situation, l’espèce a fait l’objet depuis 1999 de trois Plans Nationaux d’Actions (PNA) (de 1999 à 2003, de 2005 à 2009 et de 2014 à 2023) élaborés par le Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie et animés par un collectif d’associations naturalistes et de représentants du monde de la chasse et des collectivités territoriales. Parmi les mesures prises figurent la surveillance des aires, l’étude de la dynamique de la population par le baguage de poussins et le suivi de plusieurs oiseaux par télémétrie (lire Capture de deux Aigles de Bonelli et d’un Aigle royal dans l’arrière-pays gardois), la réouverture de  zones de chasse qui s’embroussaillaient, la préservation de domaines vitaux et la sensibilisation du public et des acteurs impliqués. Ces efforts commencent à porter leurs fruits depuis quelques années : la population s’est ainsi stabilisée à partir de 2010 autour de 30 couples cantonnés, puis elle a atteint 35 couples en 2018, 41 en 2020, 42 en 2021 et 49 en 2024. Des secteurs et même des départements autrefois désertés sont progressivement réoccupés : citons par exemple le retour de l’espèce en 2024 dans les Alpes de Haute-Provence. Le nombre de jeunes produits a aussi progressivement augmenté, même si la courbe est plus irrégulière, certaines années étant meilleures que d’autres.

Sur sa page Facebook, le Groupe Ornithologique du Roussillon (GOR), qui est partenaire du PNA pour le département des Pyrénées-Orientales, a publié le 28 juillet le bilan de la reproduction en France en 2025 : 51 couples cantonnés ont été recensés (dont 20 dans la région Occitanie), 38 couples ont pondu (dont 12 en Occitanie) et 34 poussins ont été bagués dans 24 sites. La barre des 50 couples est ainsi franchie à nouveau depuis plusieurs décennies. 

On peut lire sur le site web du PNA en faveur de l’Aigle de Bonelli que « récupérer une population de 50 à 60 couples de Bonelli en France s’avère un objectif déjà ardu mais néanmoins plus réaliste que celui des potentiels 80 couples des années 1960 » : cet objectif a donc été en partie atteint, mais la situation de cette espèce reste fragile et les efforts doivent être poursuivis. 

Présentation des actions du Plan National d’Actions pour l’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata). 
Source : CEN Occitanie

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