L’Aigle de Verreaux (Aquila verreauxii) est un grand rapace, avec une envergure pouvant dépasser les 2 m. Ses ailes ont une forme caractéristique en vol, avec un bord de fuite arrondi formé par les rémiges secondaires saillantes et une base étroite. L’adulte a un plumage globalement noir, à l’exception de deux assez larges « bretelles » blanches rejoignant le croupion de la même couleur. Un grand « panneau » blanchâtre est visible sur les rémiges primaires. Le juvénile a un plumage bariolé de fauve, de brun, de blanc et de noir.  

Il vit dans les zones montagneuses et rocheuses, du niveau de la mer jusqu’à 5 000 mètres d’altitude, où il chasse, souvent en couple, des damans (genres Procavia, Dendrohyrax et Heterohyrax), qui constituent l’essentiel de son régime et dont la présence est déterminante dans le succès de la nidification, mais aussi d’autres espèces de mammifères, des reptiles et des oiseaux (lire Un Aigle de Verreaux mange un oisillon de Vautour africain dans son nid au Zimbabwe). Le territoire de chaque couple est très vaste. 

L’espèce n’est pas globalement menacée, mais elle peut disparaître de façon temporaire ou définitive de certains secteurs en cas de déclin des populations de damans causé par la désertification, la chasse et/ou le surpâturage. Elle est principalement sédentaire, même si elle peut effectuer des déplacements importants (nomadisme) en fonction des ressources disponibles et principalement des populations locales de damans, qui augmentent ou baissent en fonction du niveau des précipitations, qui favorisent la croissance de la végétation dont ces mammifères se nourrissent. 

Aire de répartition de l'Aigle de Verreaux (Aquila verreauxii)

Aire de répartition de l’Aigle de Verreaux (Aquila verreauxii) et situation du massif de l’Ahaggar (Algérie), où un adulte a été observé en décembre 2024.
Carte : Ornithomedia.com d’après The Cornell Lab 

Son aire de répartition est principalement centrée sur l’Afrique subsaharienne, mais une petite population d’une soixantaine de couples vit également dans la péninsule arabique (montagnes du Dhofar dans le sultanat d’Oman et montagnes et oueds du Yémen et d’Arabie saoudite). Sa présence est discrète et mal connue dans le Sinaï et dans le sud de l’Égypte (lire Bons spots égyptiens : le Gebel Elba) ainsi qu’en Jordanie, dans les secteurs du Wadi Rum et de la réserve de biosphère de Dana (lire Séjour dans le sud de la Jordanie du 9 au 21 avril 2010). De un à deux oiseaux étaient régulièrement observés dans les années 1990 dans les montagnes d’Eilat (Israël), non loin de la frontière égyptienne, mais un couple y a été brièvement vu en 2022, probablement en provenance du Sinaï.  

En Algérie, les données documentées d’Aigles de Verreaux sont très peu nombreuses, les zones de nidification les plus proches étant situées dans les massifs de l’Ennedi (Tchad) et de l’Aïr (Niger), la dernière observation remontant à décembre 1986, quand des naturalistes belges avaient repéré un individu dans le massif du Tassili n’Ajjer, dans le secteur de l’oued Ihrir : sur notre page Facebook, Mourad Harzallah nous précise que l’aigle « noir et blanc » serait connu par les Touaregs de ce secteur. 

Dans un article publié en 2025 dans la revue Natura Algerica, on apprend qu’un groupe d’observateurs francophones a vu et photographié un adulte le 6 décembre 2024 dans le massif de l’Ahaggar, non loin des cascades d’Im Laoulaouen, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Tamanrasset. Les précipitations exceptionnelles de l’été 2024 avaient permis un fort développement de la végétation après plusieurs années de sécheresse, des conditions favorables aux damans, bien présents dans cette zone montagneuse. 

Des recherches seraient nécessaires pour en savoir plus sur la présence de l’espèce dans le Sud algérien, notamment dans les massifs du Tassili n’Ajjer et de l’Ahaggar, qui pourraient être favorables à la nidification, même occasionnelle, de l’espèce, notamment après des épisodes pluvieux permettant l’augmentation du nombre de damans, ce qui pourrait attirer des Aigles de Verreaux nomades en provenance du Tchad ou du Niger. 

Aigle de Verreaux (Aquila verreauxii) dans les montagnes du Riemvasmaak (Afrique du Sud) en novembre 2021. 
Source : Verreaux FIlm Productions

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