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La Sterne bridée « habituelle » séjourne à nouveau en 2025 sur l’île aux Moutons (Finistère), le royaume breton des sternes
Sterne bridée (Onychoprion anaethetus) sur l’île aux Moutons, dans l’archipel des Glénan (Finistère), le 3 mai 2025.
Photographie : Aurélien Lévy / aurelphotog.com
Introduction
L’archipel des Glénan, situé au large du Finistère Sud, dans le golfe de Gascogne, est connu pour son école de voile, la plus grande d’Europe, créée en 1947. D’une superficie totale de 5 km², il est composé de neuf îles, dont l’île aux Moutons. D’un grand intérêt ornithologique, cette dernière est une réserve gérée par l’association Bretagne Vivante. D’avril à août, elle constitue le plus important site régional de nidification des sternes : en 2020, on y a recensé 3 040 couples de Sternes caugeks (Thalasseus sandvicensis), 49 couples de Sternes de Dougall (Sterna dougallii) et 138 couples de Sternes pierregarins (Sterna hirundo).
D’autres espèces plus rares ont déjà été notées, peut-être attirées par la concentration d’oiseaux : c’est le cas des Sternes arctique (Sterna paradisaea), élégante (Thalasseus elegans) et bridée (Onychoprion anaethetus). Cette dernière, au plumage noir, gris et blanc, est originaire des eaux tropicales des océans Atlantique, Pacifique et Indien, et un oiseau avait stationné du 26 au 30 juillet 2000. Alors qu’ils effectuaient un comptage d’oiseaux sur une plage de l’île, Lucas Mugnier et Manon Billard (site web : Manon & Lucas Photographies de nature) ont observé le 28 juin 2022 une Sterne bridée, qui a été revue jusqu’au 19 août. Le probable même individu a été observé en 2023 (du 13 au 21 mai au moins), en 2024 (du 23 mai au 18 juillet au moins) et en 2025 (du 25 avril au 10 juillet au moins).
Après une présentation de cette espèce et de l’avifaune de l’île aux Moutons, nous vous apportons des précisions sur cette observation remarquable, sur le statut de l’espèce en Europe et sur les facteurs ayant pu favoriser son arrivée. Nous remercions Manon Billard, Aurélien Lévy (site web : aurelphotog.com), Lucas Mugnier et Hubert Pottiau pour leurs informations et/ou leurs photographies.
Abstract
The Glénan Archipelago, which stretches off the Finistère Sud, is best known for its sailing school, the largest in Europe, created in 1947. With a total area of 5 km², it is composed of nine islands, including l’île aux Moutons, which is less far from the mainland than the others.
Of a great ornithological interest, this small island is included in associative reserve which is managed by the association Bretagne Vivante. From April to August, it hosts the largest concentration of breeding terns in Brittany, even if the number of pairs can vary significantly from one year to another depending on various factors (disturbances, predation, etc.). In 2020, it was made up of 3,040 pairs of Sandwich Terns (Thalasseus sandvicensis), 49 pairs of Roseate Terns (Sterna dougallii) and 138 pairs of Common Terns (S. hirundo). Rarer species have already been noted there, perhaps attracted by this concentration of birds. This is the case of the arctic (Sterna paradisaea), elegant (Thalasseus elegans) and bridled (Onychoprion anaethetus) Terns. The latter, with black, gray and white plumage, is native to the tropical waters of the Atlantic, Pacific and Indian oceans: a bird stayed a few days on the island in July 2000. During their civic service for the Bretagne Vivante association, Lucas Mugnier and Manon Billard (Manon & Lucas Photographies de nature) found a Bridled Tern on the 28th of June 2022 while they were counting terns gathered on a beach, which was seen again until August 19. The probable same individual was observed in 2023 (from May 13 to 21 at least), in 2024 (from May 23 to July 18 at least) and in 2025 (from April 25 to July 10 at least).
After a presentation of this species and the avifauna of the Île aux Moutons, we give you some informations about this remarkable record, the status of the species in Europe and the factors that may have favored its arrival. We thank Manon Billard, Aurélien Lévy (website: aurelphotog.com), Lucas Mugnier and Hubert Pottiau for their information and/or photographs.
L’île aux Moutons, le « royaume » des sternes en Bretagne
Situation de l’archipel des Glénan (Finistère). |
L’archipel granitique des Glénan est situé dans le golfe de Gascogne, au large du département du Finistère. Dépendant de la commune de Fouesnant, il est constitué de cinq îles principales (Penfret, du Loch, Drenec, Saint-Nicolas et Bananec) et d’une multitude d’îles plus petites, d’îlots, de rochers isolés et de récifs, entourant un lagon peu profond, bien abrité des vents dominants, que l’on surnomme « la chambre ».
On y trouve le Narcisse des Glénan (Narcissus triandrus capax), une sous-espèce endémique qui pousse dans les dunes de l’île Saint-Nicolas : en 1974, à l’initiative de l’association Bretagne vivante, une partie de cette dernière a été classée en réserve naturelle, dont l’accès est interdit par une clôture.
L’archipel des Glénan accueille plusieurs oiseaux nicheurs, dont le Gravelot à collier interrompu (Anarhynchus alexandrinus), l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), le Cormoran huppé (Gulosus aristotelis) et les Goélands argenté (Larus argentatus), brun (L. fuscus) et marin (L. marinus). Par ailleurs, une belle diversité de limicoles et de passereaux y fait une halte durant les migrations.
Vue de l’île aux Moutons, dans l’archipel des Glénan (Finistère), le 30 juin 2022 (cliquez sur la photo pour l’agrandir). |
L’île aux Moutons, qui fait partie de l’archipel, est située à 5 km du groupe principal. De forme légèrement allongée, sa surface est de cinq hectares, en incluant les îlots proches. Elle n’est pas habitée, et un phare y a été construit. Appartenant à la Société civile de l’Odet et à l’État, elle a été classée en réserve gérée par l’association Bretagne Vivante. Protégée aussi par un arrêté de protection de biotope, son accès est intégralement interdit du 1er avril au 31 août.
En effet, d’avril à fin août, elle accueille la grande colonie mixte bretonne de sternes, qui est surveillée par des bénévoles de l’association Bretagne Vivante, qui mènent aussi des actions d’entretien de la végétation (fauche) pour favoriser la nidification des oiseaux.
En 2020, on a recensé 3 040 couples de Sternes caugeks (Thalasseus sandvicensis), soit la seconde plus importante colonie de France après celle du Banc d’Arguin en Gironde (lire Observer les oiseaux dans la réserve naturelle nationale du Banc d’Arguin), de 49 couples de Sternes de Dougall (Sterna dougallii), soit la plus importante colonie de France (lire Où observer la Sterne de Dougall en Bretagne ?), et de 138 couples de Sternes pierregarins (Sterna hirundo) (plus de 45 % du total breton).
En 2024, 2 409 couples de Sternes caugeks, 107 de Sternes pierregarins et 17 de Sternes de Dougall ont été recensés (lire Yann Jacob nous en dit plus sur la situation actuelle de la Sterne de Dougall en France métropolitaine).
Probablement attirées par cette concentration (près de 75 % des sternes nicheuses en Bretagne) et par la situation géographique de l’île, d’autres espèces de sternes ont déjà été vues sur l’île aux Moutons : Sternes arctique (Sterna paradisaea), élégante (Thalasseus elegans) (un couple mixte avec un Sterne caugek a niché à plusieurs reprises, dont au moins une fois avec succès, entre 1995 et 2006, lire Une Sterne élégante sur l’île aux Moutons en juin 2006) et bridée (Onychoprion anaethetus) : un oiseau vu du 26 au 30 juillet 2000, puis un découvert le 28 juin 2022 et revu jusqu’au 19 août au moins. Le probable même oiseau a été observé en 2023 (du 13 au 21 mai au moins), en 2024 (du 23 mai au 18 juillet au moins) et en 2025 (du 25 avril au 10 juillet au moins).
Outre les sternes, le Gravelot à collier interrompu, l’Huîtrier pie, les Goélands argenté, brun et marin, le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Pipit maritime (Anthus petrosus), l’Accenteur mouchet (Prunella modularis), le Merle noir (Turdus merula), le Pigeon ramier (Columba palumbus) et la Linotte mélodieuse (Linaria cannabina) sont également nicheurs.
Une vingtaine de Phoques gris (Halichoerus grypus) peuple par ailleurs les îlots alentours.
Accéder à l’île aux Moutons et à l’archipel des Glénan
Carte de l’archipel des Glénan (Finistère). L’île aux Moutons, qui fait partie de l’archipel, est située à 5 km au nord du groupe principal. Dans la carte du bas, le groupe principal d’îles est présenté en détail. |
L’île aux Moutons est strictement interdite d’accès du 1er avril au 31 août, mais il est possible d’observer les sternes depuis un bateau au mouillage, tout en gardant une distance respectable afin de ne pas les déranger. Il faut aussi éviter de jeter l’ancre dans les herbiers de zostères, qui constituent un refuge et une zone de ponte pour les poissons et les crustacés. Il est possible pour s’en approcher de contacter un propriétaire de bateaux basé dans l’un des ports de la côte, comme Mousterlin, La Forêt-Fouesnant ou Concarneau.
La compagnie des Vedettes de l’Odet permet de rejoindre l’archipel des Glénan depuis les ports de Bénodet et de Concarneau d’avril à septembre, mais aussi de Loctudy, de Beg-Meil et de Port-la-Forêt en juillet et en août. La Vedette de l’Odet s’amarre tout d’abord à la cale de l’île Saint Nicolas pour une escale libre : vous pourrez ainsi découvrir le Narcisse des Glénan et observer les oiseaux nicheurs et migrateurs de l’île. À marée basse, une langue de sable la relie à l’île de Bananec. La croisière, commentée par un guide, se poursuit ensuite dans le reste de l’archipel. Le navire ne s’approche toutefois pas de l’île aux Moutons.
Plus d’informations sont disponibles sur le site web www.vedettes-odet.com.
La Sterne bridée, une espèce tropicale très rare en Europe
Longueur : 37-42 cm.
Envergure : 65-72 cm.
Description : la Sterne bridée adulte a le dos, le dessus des ailes et de la queue gris brun (plus sombre au niveau des ailes), la calotte noire et le dessous du corps et le front blancs. La queue est profondément fourchue. Le juvénile a la tête moins contrastée, la queue n’est pas bordée de blanc, et le dos et le dessus des ailes présentent un motif écailleux chamois. Le bec et les pattes sont noirâtres.
Elle est un peu plus grande que la Sterne pierregarin et moins massive que la Sterne caugek. Son vol est élégant et gracieux, et elle plonge rarement dans l’eau pour attraper des poissons.
Elle ressemble étroitement à la Sterne fuligineuse (Onychoprion fuscatus), mais elle est plus fine que celle-ci, le dessus du dos et des ailes est plus clair, le blanc est plus étendu sur les bords de la queue, et le dessous des rémiges est plus clair. Dans de bonnes conditions de lumière, on note une démarcation entre le capuchon noir et le manteau gris-brun chez la Sterne bridée, ce qui n’est pas le cas chez la Sterne fuligineuse (aucune transition entre la calotte et le dessus uniformément noirâtre). Sous une bonne lumière, on voit que la Sterne bridée a un manteau plus gris que les ailes, créant parfois un effet de collier pâle.
Le meilleur critère reste toutefois la forme des sourcils : ils sont plus courts et plus carrés chez la Sterne bridée, atteignant seulement l’avant des yeux, alors qu’ils s’étendent au-delà chez la seconde. Par ailleurs, le trait loral (ou sourcilier) est large chez la Sterne bridée, atteignant nettement la mandibule supérieure, alors qu’il est fin et atteint à peine le bec chez la Sterne fuligineuse. Enfin, son front blanc est moins étendu.
Enfin, le vol de la Sterne bridée est plus léger.
Habitat, aire de répartition et sous-espèces
La Sterne bridée niche au sol sous des arbustes et forme des colonies sur des îlots rocheux ou sablonneux dans les océans Atlantique, Indien et Pacifique (lire Philippe Borsa nous dresse le bilan de l’avifaune des atolls Chesterfield-Bampton et d’Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie). C’est une espèce pélagique en dehors de la période de nidification. Notons le cas de nidification d’un couple en 2022 sur l’épave de l’épave du navire Iran-Reshadat, à environ 10 km du port d’Imam Hassan, dans la baie de Bahregan, dans la province de Bushehr (Iran).
Quatre sous-espèces sont reconnues :
- Onychoprion anaethetus anaethetus : océan Indien et Pacifique Ouest.
- Onychoprion anaethetus melanopterus : mer des Caraïbes et Afrique de l’Ouest.
- Onychoprion anaethetus antarcticus : mer Rouge, golfe Persique et ouest de l’océan Indien. L’île de Nakhiloo, située dans le parc national marin iranien de Dayyer-Nakhiloo, constitue l’un des principaux sites de reproduction de l’espèce dans le golfe Persique.
- Onychoprion anaethetus nelsoni : Amérique centrale.
La découverte d’une Sterne bridée sur l’île aux Moutons le 28 juin 2022
Durant la saison de nidification 2022, Lucas Mugnier et Manon Billard effectuent leur service civique dans l’archipel des Glénan pour Bretagne Vivante. Leur rôle est d’assurer une permanence sur l’île aux Moutons avec l’aide des salariés et des bénévoles de l’association afin de protéger les sternes nicheuses des perturbations humaines, mais aussi de suivre leur comportement, de réaliser des comptages, des lectures de bagues et de participer aux actions de gestion (entre autres). Ils contribuent aussi au suivi des goélands, des Huîtriers pie, des Gravelots à collier interrompu, des Cormorans huppés et des Phoques gris dans l’ensemble de l’archipel. Enfin, ils réalisent des actions de sensibilisation auprès des visiteurs qui font une halte sur l’île Saint-Nicolas, où est située la réserve nationale également gérée par l’association.
Le soir du 28 juin 2022, sous une pluie battante, alors qu’elle comptait les sternes réunies sur un reposoir sur l’une des plages de l’île aux Moutons, Manon Billard a repéré dans sa longue-vue une sterne toute sombre posée entre des Sternes pierregarin et de Dougall. Elle a immédiatement pensé à une Sterne bridée car cette espèce avait été observée en début de saison sur les îles de Ré (Charente-Maritime) et de Jersey (Grande-Bretagne) (lire Observer les oiseaux sur l’île de Jersey). Ils ont publié leur observation sur le site web collaboratif faune-france.org.
Lucas Mugnier, qui se tenait à côté de Manon, a pu la voir et confirmer l’identification. Ils l’ont observée durant une vingtaine de minutes avant qu’elle ne disparaisse dans la nuit. Le lendemain, ils l’ont revue vers 14 heures, et elle était toujours présente sur l’île le 7 juillet au moins.
Très mobile, elle a été notée en vol et posée, toujours à proximité des Sternes pierregarins, avec lesquelles elle semblait vouloir « communiquer », criant fréquemment. Elle paradait et les poursuivait, et en retour, elle était soit ignorée, soit attaquée. À trois reprises, ils l’ont vu s’approcher de poussins de Sternes pierregarins et leur donner des coups de bec, provoquant une réaction violente des parents. Des observateurs ont aussi remarqué qu’elle restait fréquemment près d’une crevasse dans les rochers, et qu’elle tenait parfois un petit caillou dans le bec (en juillet 2025).
Il s’agit au moins de la seconde donnée de cette espèce tropicale sur l’île aux Moutons, après un oiseau du 26 au 30 juillet 2000, qui se tenait aussi souvent près des Sternes pierregarins.
La Sterne bridée a été revue jusqu’au 19 août 2022 au moins. Le probable même oiseau a été observé en 2023 (du 13 au 21 mai au moins), en 2024 (du 23 mai au 18 juillet au moins) et en 2025 (du 25 avril au 10 juillet au moins). Avant d’atteindre l’île aux Moutons, elle avait visité le 12 juin 2025 la colonie de sternes de l’estuaire d’Ythan dans l’Aberdeenshire (Grande-Bretagne), puis celle de l’île Coquet, dans le Northumberland, le 13 juin, où elle avait stationné quinze jours durant l’été 2024 (lire Bonnes nouvelles pour la Sterne de Dougall en Grande-Bretagne en 2018). Elle a ensuite fait une brève apparition le 14 juin 2025 au-dessus de la réserve naturelle de Minsmere, dans le Suffolk.
Écoutez ci-dessous un enregistrement de la Sterne bridée sur l’île aux Moutons (Finistère) réalisé par Tristan Guillebot de Nerville (Bretagne Vivante) en juillet 2022 (source : Xeno-Canto). :
Une espèce accidentelle en Europe
La Sterne bridée est une espèce marine originaire des zones subtropicales et tropicales des océans Atlantique, Pacifique occidental et Indien. En Europe de l’Ouest, c’est une espèce accidentelle très rare, qui a principalement été notée entre juin et août, une période de « vagabondage » classique pour les oiseaux marins tropicaux qui ont fini leur période de nidification ou qui n’ont pas niché (lire Une histoire de fous : un Fou à pieds rouges visite la colonie de Fous de Bassan des Sept-Îles).
Les données ouest-européennes sont peu nombreuses : trois aux Pays-Bas (octobre 2012 et durant l’été 1989), deux en Belgique (été 1989), au moins 31 au Royaume-Uni (dont 25 entre juin et août et 6 entre septembre et novembre), une en Irlande (en automne) et au moins douze en France (dont huit en été) jusqu’en 2016 (Comité d’Homologation National).
Outre celles de 2022, 2023, 2024 et 2025 sur l’île aux Moutons, citons entre autres les observations suivantes dans l’hexagone (voir aussi notre rubrique Observations) :
- une trouvée morte (un chat l’avait ramassée sur une plage voisine) dans un jardin à Angoulins (Charente-Maritime) le 5 février 2016.
- Une à 267 km au large de l’île de Sein (Finistère) le 11 novembre 2014 (lire Observer les oiseaux sur l’île de Sein)
- Une depuis la plage de la Pointe à L’Aiguillon-sur-Mer (Vendée) le 9 juillet 2013 (lire La réserve naturelle de la baie de l’Aiguillon : slikke, schorre et oiseaux).
- Une à Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d’Armor) le 22 août 2001 (source : Andréas Guyot).
- Une sur l’île aux Moutons (Finistère) du 26 au 30 juillet 2000.
- Un adulte dans la réserve naturelle du Banc d’Arguin (Gironde) du 13 au 21 juillet 1986.
- Un adulte dans la réserve naturelle du Banc d’Arguin (Gironde) le 3 juillet 1987.
- Un adulte dans la réserve naturelle du Banc d’Arguin (Gironde) le 27 mai 1990.
Quelle est son origine possible ?
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Aire de répartition de la Sterne bridée (Onychoprion anaethetus) (en rouge, les zones de nidification et en bleu, les zones d’hivernage) et situation de l’île aux Moutons (Finistère). |
Comme c’est le cas des oiseaux rares non bagués, il est difficile de déterminer l’origine de la Sterne bridée découverte dans le Finistère le 28 juin 2022 : cette date est en tout cas conforme à celles de la plupart des données européennes de l’espèce.
Quatre sous-espèces sont reconnues, et étant donné la situation géographique de l’île aux Moutons, il est possible que l’individu trouvé le 28 juin sur l’île aux Moutons appartienne à la sous-espèce melanopterus qui niche dans la mer des Caraïbes (environ 8 900 couples en 2012 selon le West Indian Breeding Seabird Atlas), la population des côtes d’Afrique de l’Ouest (de la Mauritanie au golfe de Guinée) étant désormais très réduite.
Après leur saison de nidification, qui s’étale d’avril à octobre, les Sternes bridées qui se reproduisent dans les Antilles migrent vers la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique : certaines suivent le Gulf Stream en été et atteignent parfois la Caroline du Nord, le long de la côte atlantique des États-Unis.
L’espèce est pélagique et vit généralement loin des côtes en dehors de la saison de reproduction. Elle est capable d’effectuer de grands trajets : un suivi d’oiseaux bagués dans le golfe Persique a montré qu’ils pouvaient atteindre l’Indonésie et la péninsule malaise après leur saison de nidification. Hoyo et Collar (2014) avaient par ailleurs indiqué que les Sternes bridées nichant dans le golfe hivernaient au large de l’Afrique de l’Ouest et au nord de l’océan Indien. Un oiseau a été découvert le 13 février 2022 dans le golfe de Maunganui (Nouvelle-Zélande), constituant la seconde donnée acceptée pour le pays.
L’oiseau de l’île aux Moutons découvert en juin 2022 aurait pu atteindre l’Europe de l’Ouest durant l’été précédent, après avoir été entraîné par les vents accompagnant les dépressions transatlantiques de l’été ou de l’automne (lire Comment arrivent les oiseaux rares ?) : une Sterne bridée observée sur l’île de Terschelling (Pays-Bas) en octobre 2012 et une autre signalée le long de la côte du Northumberland (Royaume-Uni) en septembre 2012 avaient en effet peut-être été emportées par l’ouragan Nadine qui avait traversé l’océan Atlantique du 11 septembre au 4 octobre, touchant les îles du Cap-Vert et les Açores.
Quelques photos de la Sterne bridée prises sur l’île aux Moutons (Finistère) le 3 mai 2025
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Compléments
Dans la rubrique Observations d’Ornithomedia.com
Sterne bridée (Onychoprion anaethetus)
Ouvrages recommandés
- Terns : identification
- Le guide Ornitho de L. Svensson
À lire sur le web
- Le site web de Lucas Mugnier et Manon Billard : manonlucasphotography.com
- Le site web de Bretagne Vivante : www.bretagne-vivante.org
- Le site web collaboratif Ornitho.fr : www.ornitho.fr
- Le site web sur les îles du Ponant : www.iles-du-ponant.com
- Le site web de l’office du tourisme de Bretagne : www.tourismebretagne.com
Sources
- Bretagne Vivante (2025). Fiche de poste : Services civiques « Réserve ornithologique de l’île aux Moutons ». www.bretagne-vivante.org
- Birdguides (2025). Review of the Week: 9-15 June 2025. Date : 16/06. www.birdguides.com
- H. Gha,aatian, A. Safahieh, K. Kabiki, A. Savari, M. R. Mohamadezadeh et K. Darvishi (2023). Breeding of Bridled Tern Onychoprion anaethetus on a shipwreck in Bahregan Bay, Persian Gulf: a case report. Marine Ornithology. Numéro : 51. Pages : 43–45. www.researchgate.net
- C. M. Miskelly et al. (2023). Vagrant and extra-limital bird records accepted by the Birds New Zealand Records Appraisal Committee 2021–2022. Notornis. Volume : 70. Numéro : 2. Pages : 60–73. www.researchgate.net
- Yann Jacob (2021). Sternes nicheuses 2020 – Observatoire Oiseaux Marins et Côtiers de l’OFB et Observatoire Régional de l’Avifaune en Bretagne. OEB. bretagne-environnement.fr
- Y. Jacob (Coord.) 2023. Sternes nicheuses 2022 du littoral Manche-Atlantique. Rapport de l’observatoire oiseaux marins et côtiers
de l’office français de la biodiversité et de l’observatoire régional de l’avifaune en Bretagne. Bretagne Vivante, Brest. 58 pages. www.bretagne-vivante.org - Bretagne Vivante (2020). L’île aux Moutons interdite exceptionnellement au débarquement cet été. Date : 21/07. www.bretagne-vivante.org
- Sophie Meriotte (2019). Sterne bridée. Balades Naturalistes. Date : 9/12. balades-naturalistes.fr
- Minne Feenstra (2012). Brilstern Onychoprion anaethetus langs Terschelling in 2012. Sula. Volume : 25. Numéro : 2. Pages : 80-84. Sula
- Yannig Coulomb (2008). Plan de gestion de la réserve de l’île aux Moutons 2009-2013. LIFE-Nature 2005-2010. www.life-moule-perliere.org
- Philippe J. Dubois et Pierre Yésou (1991). Les oiseaux rares en France. Editions Raymond Chabaud
















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