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Comment différencier les Goélands dominicain (et du Cap) et brun ?
Goéland du Cap (Larus dominicanus vetula) adulte dans l’Espace Naturel Sensible des Olivettes (Seine-et-Marne) le 12 juillet 2025. Notez le bec et la silhouette massifs, les pattes gris-vert assez épaisses et le manteau et le dessus des ailes gris-noir.
Source : Enrique Sans
Introduction
Les décharges ne sont pas particulièrement esthétiques, mais elles sont très attractives pour de nombreux oiseaux, notamment pour les laridés (goélands et mouettes) en automne et en hiver, et parmi des espèces communes, comme les Goélands argenté (L. argentatus), leucophée (G. michahellis) et brun (L. fuscus), d’autres plus rares peuvent être trouvées avec de l’attention et de l’habitude. Le 21 février 2018, Thibaut Chansac avait ainsi découvert une espèce inattendue rarissime en Europe dans le Centre d’Enfouissement Technique (décharge) de Bouqueval près du Mesnil-Aubry (Val-d’Oise), à environ 20 km au nord de Paris : un Goéland dominicain (Larus dominicanus), probablement de quatrième année, une espèce de l’hémisphère sud nichant en Afrique australe, en Amérique du Sud, à Madagascar, dans les îles subantarctiques, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Bien que la sous-espèce L. d. vetula, dite Goéland du Cap, niche aussi occasionnellement au Sénégal, et que des oiseaux soient parfois vus jusqu’au sud du Maroc, cette observation est vraiment remarquable et constituait alors seulement la seconde donnée française, après un oiseau vu à Paris en janvier 1995, et l’une des seules au niveau européen. Il s’agit probablement d’un oiseau de la sous-espèce L. d. vetula, originaire d’Afrique et en expansion vers le Nord.
Le probable même individu, devenu un adulte depuis, a été revu le long de la Seine parmi des Goélands leucophées dans la commune d’Épône (Yvelines) en juillet 2022, puis très récemment dans l’Espace Naturel Sensible des Olivettes (Seine-et-Marne) en juillet 2025.
Le Goéland dominicain (et du Cap), dont l’adulte et le subadulte ont le manteau et le dessus des ailes très sombres, est facile à confondre avec d’autres espèces, principalement avec le Goéland brun : il existe toutefois plusieurs critères de plumage et de structure permettant de l’identifier.
Après une présentation du Goéland dominicain (et du Cap) et des observations de cette espèce en Europe, nous recensons les critères permettant de le distinguer du Goéland brun. Nous remercions Thibaut Chansac, Pierre Tillier et Enrique Sans pour leurs photos et leurs informations.
Abstract
Landfills are not particularly aesthetic, but they are very attractive to many birds, especially gulls in autumn and winter, and among common species, such as the Herring Gull (L. argentatus), Yellow-legged Gull (G. michahellis) and Lesser Black-backed Gull (L. fuscus), others rarer can be found with attention and practice. On February 21, 2018, Thibaut Chansac discovered an unexpected species extremely rare in Europe in the Bouqueval Technical Landfill Center (landfill) near Mesnil-Aubry (Val-d’Oise), about 20 km north of Paris: a Kelp Gull (Larus dominicanus), probably in its fourth year, a species of the southern hemisphere nesting in southern Africa, South America, Madagascar, the subantarctic islands, Australia and New Zealand. Although the subspecies L. d. vetula, known as the Cape Gull, also occasionally nests in Senegal, and birds are sometimes seen as far south as Morocco, this observation is truly remarkable and constitutes only the second French record, after a bird seen in Paris in January 1995, and one of the only ones in Europe. It is probably a bird of the subspecies L. d. vetula, native to Africa and expanding northward.
The same individual, which has since become an adult, was seen again along the Seine among Yellow-legged Gulls in the commune of Épône (Yvelines) in July 2022, then very recently in the Espace Naturel Sensible des Olivettes (Seine-et-Marne) in July 2025.
The Kelp (and Cape) Gull, whose adults and subadults have very dark mantles and upperwings, is easily confused with other species, primarily the Lesser Black-backed Gull. However, several plumage and structural criteria exist to identify it.
After an introduction to the Kelp (and Cape) Gull and observations of this species in Europe, we list the criteria for distinguishing it from the Lesser Black-backed Gull. We thank Thibaut Chansac, Pierre Tillier, and Enrique Sans for their photos and information.
Le Goéland dominicain (Larus dominicanus)
Longueur : 56 à 65 cm.
Envergure : 128 à 142 cm.
Description générale : le Goéland dominicain ressemble à un Goéland brun (Larus fuscus) au dessus très sombre. Ses dimensions varient en fonction de la région de nidification, les plus grands oiseaux, qui se reproduisent en Antarctique et en Afrique australe, ayant la taille du Goéland leucophée (Larus michahellis). Le mâle est plus grand et plus massif que la femelle, et son bec est plus massif. Le bec est épais, avec un angle gonial (= arête de la mandibule inférieure) marqué.
La tête est proportionnellement assez grosse (les yeux semblent petits), le front est plutôt fuyant, les ailes sont larges et arrondies et s’étendent un peu au-delà de l’extrémité de la queue quand l’oiseau est au repos, et les pattes (et plus précisément les tarses) sont assez épaisses.
Oiseaux juvénile et de premier hiver (première année calendaire) : les oiseaux juvénile et de premier hiver ressemblent aux Goélands bruns, mais ils sont plus sombres et plus uniformes dessus, avec des pattes brun ou olive-brun (rose pâle chez le Goéland brun). Le bec sombre présente une pointe jaune à partir de juin, et chez l’oiseau de premier été, il a une base pâle. Les pattes sont rosées, marquées de brun et parfois entièrement gris-brun. L’iris est sombre.
Le dessus de l’aile ressemble à celui du Goéland brun : les scapulaires du juvénile sont sombres, avec des bordures pâles. Les petites couvertures sont brun sombre, formant une barre foncée à l’avant de l’aile. Les couvertures moyennes sont brun sombre avec une étroite bordure blanche. Les grandes couvertures ont la base foncée. Les rémiges tertiaires sont sombres, avec du blanc à leur extrémité.
Après la mue post-juvénile, un collier pâle apparaît sur le cou et sur la nuque, ainsi qu’un masque sombre. À la fin de l’hiver et au début du printemps, la tête est largement blanche, avec des marques sombres sur la face et le cou. La queue ressemble à celle du Goéland d’Amérique (Larus smithsonianus) de premier hiver (lire Identifier le Goéland d’Amérique) : elle est toute noire, avec quelques marques blanches sur les rectrices externes et à leur base. Le croupion et le dessus de la queue sont blancs barrés de brun, ce qui rappelle aussi le Goéland d’Amérique.
Oiseaux de premier été et de deuxième hiver (seconde année calendaire) : ces oiseaux ont un plumage variable. Un collier clair est généralement visible. Les oiseaux ont la tête claire, mais des stries sombres sont visibles sur la nuque. Les scapulaires et le manteau sont gris. Les couvertures sus-alaires et les rémiges tertiaires sont brun sombre ou gris-brun. Le bord de fuite blanc est confiné aux rémiges secondaires internes. La queue est très sombre, mais du blanc est visible sur les rectrices externes et leur base est blanche. Le croupion est blanc. Le bec est généralement noir, avec une pointe jaune-crème et une base jaune pâle. L’iris est brun pâle. Les pattes sont brunes à gris-rose.
Oiseaux de deuxième été et de troisième hiver (troisième année calendaire) : ces oiseaux ressemblent déjà beaucoup aux adultes. Le manteau et le dessus des ailes sont gris-noir, la tête est plus ou moins striée de gris, et du noir est visible sur la queue. Le bec présente une tache noire et son extrémité est plus claire. Les rémiges primaires sont teintées de brun au printemps. Le croupion est blanc. Les rémiges secondaires sont largement bordées de blanc. Un petit miroir blanc est visible sur la dixième rémige primaire (P10). Jusqu’à huit rémiges primaires ont une extrémité noire, et des « langues » (= zones s’étendant entre la base gris sombre et l’extrémité noire) blanches sont visibles sur les rémiges primaires P4 à P6. Le dessous du corps est blanc. L’iris peut être plus ou moins sombre : il est plus sombre chez la dite du Cap (L. d. vetula) et plus clair chez la sous-espèce nominale. Les pattes sont jaunâtres chez la sous-espèce nominale et gris-bleu ou gris-vert chez la sous-espèce du Cap.
Oiseaux adultes (quatrième année calendaire) : le plumage adulte est définitivement acquis au cours de la quatrième année calendaire. L’adulte ressemble beaucoup au Goéland brun du même âge, mais sa silhouette est différente : il est plus massif et moins élancé. La tête est blanche, même en hiver (mais parfois quelques taches grises sont visibles après la mue postnuptiale). Le manteau et le dessus des ailes sont gris-noir. Le bord de fuite blanc sur les secondaires est plus large que chez le Goéland brun, un croissant blanc plus grand est visible sur les tertiaires et les scapulaires, et de longues langues blanches sont présentes sur les rémiges primaires P5 à P7. Cinq ou six rémiges primaires ont une extrémité noire. Un miroir blanc est présent sur la rémige primaire P 10 (les oiseaux des îles subantarctiques ont généralement deux miroirs blancs) Le dessous est blanc. Un cercle oculaire rouge est visible chez les oiseaux nicheurs, devenant orange le reste de l’année, comme chez le Goéland brun.
Durant la période nuptiale, le bec est jaune brillant, teinté d’orange, avec une large tache rouge : le reste de l’année, il est plus terne, avec une tache rouge plus petite. Les pattes sont jaune moutarde durant la période nuptiale chez la sous-espèce nominale et jaunâtres le reste de l’année, alors qu’elles sont gris-bleu ou gris-vert chez la sous-espèce du Cap. L’iris varie de l’ambre clair (chez la sous -espèce nominale) au noir (chez la sous-espèce du Cap).
Voix : les cris fréquents sont des « ee-ah » ou « kee-aa » caractéristiques, stridents et répétitifs. Le cri d’alarme est un « pok » bref répété à de multiples reprises.
Répartition : le Goéland dominicain est une espèce de l’hémisphère sud, nichant en Amérique du Sud, en Antarctique, en Afrique australe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et sur plusieurs îles subantarctiques au sud de l’océan Indien. Des oiseaux non nicheurs sont régulièrement notés sur les rivages de l’Afrique de l’Ouest et de l’Amérique du Nord. Il niche de façon irrégulière au Sénégal.
Carte de répartition du Goéland dominicain (Larus dominicanus) : en violet, les zones de nidification et en jaune, les zones de « vagabondage ». |
Les oiseaux observés en Afrique de l’Ouest et dans le Paléarctique occidental (lire Qu’est-ce que le Paléarctique occidental ?) pourraient provenir d’Afrique australe, tandis que ceux notés en Amérique du Nord proviennent certainement d’Amérique du Sud. Un hybride avec le Goéland d’Amérique a déjà été noté en Louisiane.
Taxonomie
Des études biométriques, phénotypiques (basées sur le dessin des rémiges primaires) et génétiques suggèrent que le Goéland dominicain devait être divisé en cinq sous-espèces :
- L. d. dominicanus (sous-espèce nominale) : du nord du Pérou au sud du Brésil et Patagonie. Dans le sud-est de Australie et en Nouvelle-Zélande, la sous-espèce L. d. antipodus n’est pas validée par tous les auteurs et est souvent rattachée à L. d. dominicanus.
- L. d. vetula (Goéland du Cap) : de la Namibie (cap Cross) au nord-est de l’Afrique du Sud (province de KwaZulu-Natal). Cette sous-espèce niche occasionnellement au Sénégal. Des oiseaux non nicheurs sont observés du nord de l’Angola à la Mauritanie (Banc d’Arguin) et au sud-ouest du Maroc, sur la lagune de Khnifiss (lire La côte proche d’Akhfenir, un bon secteur pour observer entre autres la Sterne d’Afrique à la fin de l’été), mais aussi au Mozambique.
- L. d. melisandae : sud de Madagascar.
- L. d. judithae : îles subantarctiques (sud de l’océan Indien).
- L. d. austrinus : archipels de la Géorgie du Sud et des Malouines et rivages antarctiques.
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Topographie d’un goéland : (1) manteau, (2) scapulaires, (3) petites couvertures, (4) couvertures moyennes, (5) grandes couvertures, (6) rémiges secondaires, (7) rémiges tertiaires, (8) rémiges primaires et (9) projection primaire (= longueur visible des rémiges primaires au-delà des tertiaires et des secondaires quand l’aile est fermée). |
Les mues du Goéland dominicain (et du Cap)
On peut distinguer quatre classes d’âge chez un « grand » laridé comme le Goéland dominicain (classification en années civiles ou calendaires, la plus fréquente) :
- première année civile : plumages juvénile et de premier hiver.
- Deuxième année civile : plumages de deuxième hiver et de deuxième été. Il n’y a pas de mue pré-alternative ou prénuptiale chez les grands goélands, donc ils passent directement du plumage de premier hiver à celui de second hiver.
- Troisième année civile : plumages de troisième hiver et de troisième été.
- Quatrième année civile (adulte) : plumages nuptial et internuptial.
Il existe un autre système de classification, dit de Humphrey-Parkes, basé sur des « cycles de plumage » : chaque cycle est compris entre deux mues des rémiges primaires. Le premier cycle débute de l’acquisition du plumage juvénile à la mue de la première rémige primaire, soit avril-mai de l’année suivant celle de la naissance.
Le Goéland dominicain est une espèce de l’hémisphère austral, un point important à prendre en compte car les saisons sont inversées par rapport aux nôtres (la saison de nidification se déroule en automne/hiver). La mue partielle, qui permet de passer du plumage juvénile à celui de premier hiver, débute en mars-avril, mais des scapulaires juvéniles peuvent être conservées jusqu’à la fin de l’hiver austral. Certains oiseaux peuvent conserver leur plumage juvénile durant leur premier hiver. La première mue complète (entre les plumages de premier hiver et de second hiver) se déroule entre septembre-décembre et février-avril. La mue postnuptiale, permettant d’acquérir le plumage de troisième hiver, débute en octobre-décembre et se termine en avril-juin. La mue complète postnuptiale de l’adulte débute en décembre-février et s’achève en juin-août.
Déterminer l’âge des immatures peut être délicat car certains oiseaux de seconde et de troisième années peuvent ressembler à des oiseaux de troisième année et à des adultes. En résumé, les immatures muent entre décembre et février, et les adultes muent entre février et juin.
Biologie
Le Goéland dominicain niche en octobre en Afrique du Sud, de septembre à décembre en Australie, de la mi-octobre à janvier en Nouvelle-Zélande, en novembre dans les îles subantarctiques, en décembre dans l’archipel des Malouines, et d’octobre à décembre en Amérique du Sud (lire À la découverte des oiseaux et des mammifères de la péninsule Valdés). Il se reproduit de façon isolée ou en petites colonies sur les rivages sablonneux ou rocheux. Seules les populations antarctiques sont totalement migratrices. Des oiseaux non nicheurs sont notés en Afrique de l’Ouest, aux États-Unis, au Mozambique et sur les côtes australiennes jusqu’au Queensland. Les oiseaux de Nouvelle-Zélande et des Malouines sont sédentaires.
Son régime alimentaire est varié : mollusques, poissons, invertébrés, oiseaux et oeufs, petits mammifères et déchets divers. Dans les îles subantarctiques, il peut s’attaquer aux nouveaux nés des otaries (lire Des Goélands dominicains aveuglent les petites otaries puis les mangent), et en Patagonie, des oiseaux prélèvent des morceaux de chair sur le dos des baleines (lire Quand les goélands attaquent des baleines).
Les observations de Goélands dominicain (et du Cap) en Europe
Le Goéland dominicain (dont la sous-espèce du Cap) est une espèce accidentelle rarissime en Europe. Selon le site web du Comité d’Homologation National, il n’existait qu’une seule donnée confirmée avant 2018 : un oiseau trouvé à Paris en janvier 1995. Au niveau européen, un individu de la sous-espèce vetula a été observé au Portugal en 2013, et en août 2022, un oiseau de deuxième été a été observé sur le réservoir de Grafham Water dans le Cambridgeshire (Grande-Bretagne) (lire Observation et identification d’un Goéland du Cap en Grande-Bretagne en août 2022). Un oiseau, probablement de seconde année, a été découvert en décembre 2024 dans le port de pêche de Laredo, dans la communauté autonome de Cantabrie (Espagne), où il était encore présent en août 2025. Il a été bagué pendant son séjour.
Un Goéland du Cap découvert en Île-de-France en février 2018, puis revu en 2022 et en 2025
Le 21 février 2018, alors qu’il observait les milliers de goélands se nourrissant dans un Centre d’Enfouissement Technique (C. E. T.) dans le Val-d’Oise, Thibaut Chansac a aperçu un intéressant goéland au dessus très sombre parmi les nombreux Goélands bruns et argentés, mais il n’a pas pu le photographier, son reflex s’étant cassé. Après d’actives recherches en compagnie de Stanislas Wroza, l’oiseau a été retrouvé brièvement dans des champs au nord de la décharge. Finalement, il a pu être photographié à la tombée de la nuit. Les clichés ont été envoyés à Peter Adriaens (Belgique) et Amar Ayash (États-Unis), deux spécialistes des laridés, qui ont immédiatement confirmé qu’il s’agissait bien d’un Goéland dominicain de quatrième année appartenant probablement à la sous-espèce africaine L. d. vetula, la plus logique en Europe pour des raisons de proximité géographique, mais aussi du fait de la couleur gris-vert de ses pattes et de son iris bien noir, alors qu’il est généralement pâle ou ambré chez la sous-espèce nominale L. d. dominicanus. Thibaut Chansac avait déjà observé à plusieurs reprises cette espèce en Afrique. L’observation a aussitôt été publiée sur www.faune-france.org.
Il a été revu et photographié jusqu’au 22 mars 2018 au moins (voir une synthèse des données dans notre rubrique Observations) par d’autres observateurs sur le bassin de la décharge et dans des champs au nord de cette dernière, où les laridés se reposaient durant la journée. Selon Pierre Tillier (site web : Mécoptères de France et du Paléarctique occidental), il était facile à repérer quand il était isolé, mais pouvait passer complètement inaperçu au sein d’un groupe.
Le probable même individu, devenu depuis un adulte, a été revu le long de la Seine parmi des Goélands leucophées (L. michahellis) dans la commune d’Épône (Yvelines) en juillet 2022, puis très récemment dans l’Espace Naturel Sensible des Olivettes (Seine-et-Marne) en juillet 2025 (lire Une sélection de bons sites franciliens pour observer les oiseaux le long de la Marne).
Les critères utilisés pour différencier les Goélands dominicain (et du Cap) et brun
Le Goéland du Cap du Val-d’Oise de 2018 avait un plumage très proche de celui d’un adulte, mais la présence d’une marque noire sur le bec jaune terne (et non pas jaune vif), de taches sombres sur les rectrices (queue), ainsi que la tête et la nuque striées, constituent des indices « d’immaturité », ce qui suppose qu’il n’a pas encore acquis son plumage adulte. Son âge n’avait pas été déterminé avec certitude, mais s’agissait a priori d’un oiseau de quatrième année (ou en tout cas au minimum dans son troisième cycle de plumage, lire notre paragraphe sur la mue). Il appartient probablement à la sous-espèce du Cap L. d. vetula, originaire d’Afrique et en expansion vers le Nord, qui se distingue du Goéland dominicain de la sous-espèce nominale (L. d. dominicanus) par ses pattes gris-vert ou gris-bleu et non pas jaunes et par son iris noir et non pas ambré.
Malgré le manteau et le dessus de ses ailes très sombres, les Goélands dominicains (et du Cap) adulte et subadulte n’évoquent pas vraiment le Goéland marin (Larus marinus), mais plutôt le Goéland brun (Larus fuscus) (lire La succession des plumages du Goéland brun). Ils s’en distinguent notamment par :
- la silhouette plus massive, plus « lourde » et les pattes assez épaisses ce qui lui donne une allure de canard quand il marche;
- la taille un peu plus grande, comparable à celle d’un Goéland argenté (Larus argentatus);
- le bec plus massif, avec un angle gônial bien marqué. Chez le subadulte, il est jaune terne et marqué de noir;
- l’iris plus sombre;
- les ailes plus larges, un peu plus courtes et plus arrondies;
- la projection primaire est un peu plus courte;
- un écart important entre les pointes des rémiges P7 et P8, une caractéristique rare chez les goélands du Paléarctique occidental;
- les taches blanches (« lunes « ou « fenêtres ») plus petites visibles dans les extrémités noires des rémiges primaires;
- le petit miroir blanc visible sur la rémige primaire P10 (un critère qui élimine le Goéland marin);
- la large bordure blanche des rémiges secondaires, bien visible quand l’aile est repliée, mais aussi en vol;
- les pattes gris-verdâtre et non pas jaunes.
Le manteau et le dessus des ailes sont plus sombres que ceux des Goélands bruns, notamment ceux qui nichent en France (sous-espèce graellsii), mais ce critère n’est pas toujours évident à utiliser car la luminosité peut être trompeuse.
Une vidéo du Goéland du Cap adulte observé dans l’Espace Naturel Sensibles des Olivettes (Seine-et-Marne) en juillet 2025
Goéland du Cap (Larus dominicanus vetula) adulte dans l’Espace Naturel Sensible des Olivettes (Seine-et-Marne) le 12 juillet 2025.
Source : Enrique Sans
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Compléments
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Dans la rubrique Observations d’Ornithomedia.com
Goéland dominicain (Larus dominicanus)
Ouvrages recommandés
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- Gulls of Europe, Asia and North America de Klaus Malling Olsen et Hans Larsson
- Birds of Southern South America and Antarctica de M. R. de La Pena et al.
- Birds of Argentina & Uruguay: A Field Guide de Dario Yzurieta (Auteur) et Tito Narosky (Auteur)
Sources
- Thibaut Chansac et Stanislas Wroza (2018). Rarity finders: Kelp Gull in northern France. Birdguides. www.birdguides.com/articles/rarity-finders-kelp-gull-in-northern-france/
- Chris Robbins. Identification of first cycle Larus dominicanus vetula:The Cape Gull of good hope? Gull Research. http://gull-research.org/papers/papers7/identification-of-first-cycle-cape-gull.pdf
- Frédéric Jiguet, Alvado Jaramillo et Ian Sinclair. Identification of Kelp Gull. Gull Research. http://gull-research.org/papers/papers7/Jiguet-Jaramillo-and-Sinclair-ID-of-Kelp-Gull-cropped.pdf
- Oiseaux.net. Goéland dominicain (Larus dominicanus). www.oiseaux.net/oiseaux/goeland.dominicain.html




3 commentaires










3 commentaire(s) sur ce sujet
Participer à la discussion !Quentin Soliman
Bohars
Posté le 19 août 2025
Pour les mentions européennes il y en a aussi un en Espagne depuis décembre dernier dans le port de pêche de Laredo, et il n’en est toujours pas reparti !
David
sevran
Posté le 19 août 2025
bonjour, merci pour cette précision !
David
sevran
Posté le 20 août 2025
rebonjour, nous avons ajouté cette donnée dans notre article, encore merci ! Cordialement David