Pratique | Équipement
Le bâton finlandais ou « finnstick », un accessoire simple pour observer longuement les oiseaux
Un bâton finlandais ou « finnstick » est particulièrement utile pour les séances d’observation prolongées, par exemple pour suivre le passage des oiseaux marins depuis la côte.
Photographies : Petteri Tolvanen et Marton Berntsen / Wikimedia Commons
Introduction
Lorsque l’on observe longuement les oiseaux avec des jumelles, par exemple depuis la côte pour suivre la migration ou pour compter les limicoles se nourrissant sur une vasière, on peut finir par avoir mal aux bras, aux lombaires et/ou au cou, et la netteté de l’image peut être affectée à cause des tremblements induits par la fatigue. Il existe des harnais et des sangles qui permettent de répartir la charge et de réduire ainsi l’inconfort des séances prolongées d’observation, mais il faut tout de même maintenir ses jumelles devant les yeux. Par ailleurs, les modèles stabilisés, s’ils compensent les mouvements et améliorent ainsi la perception des détails, sont généralement plus lourds que leurs équivalents classiques. Un accessoire ingénieux aurait été inventé en Finlande au début de la Seconde Guerre mondiale par des volontaires de la Défense Civile, même si d’autres sources évoquent plutôt une origine japonaise. Il s’agit d’un simple bâton, à l’extrémité duquel est fixée une petite platine en bois ou en métal, sur laquelle sont placées les jumelles. Il a été adopté dès les années 1960 par les observateurs de ce pays et appelé « staijauskeppi » (= bâton d’observation utilisé lors des migrations). Les Britanniques l’ont ensuite nommé « Finnstick », une contraction de « Finnish stick », ce qui signifie tout simplement « bâton finlandais ».
En nous appuyant sur un article publié en mars 2025 sur le blog (cybercarnet au Québec) « Après Ornithos… » de Marc Duquet, nous vous proposons de découvrir cet accessoire peu connu des observateurs francophones. Après une présentation générale, nous énumérons ses avantages pour l’ornithologie, puis nous décrivons comment en fabriquer un soi-même, même s’il est aussi possible d’en acheter un dans le commerce.
Abstract
When Birdwacthing for long periods with binoculars, for example, from the coast to follow migration or to count waders feeding on a mudflat, one can end up with sore arms, lower back and/or neck, and the sharpness of the image can be affected due to fatigue-induced tremors. Harnesses and straps are available to distribute the load and thus reduce the discomfort of prolonged observation sessions, but the binoculars must still be held in front of the eyes. Furthermore, stabilized models, while they compensate for movements and thus improve the perception of details, are generally heavier than their conventional equivalents. An ingenious accessory is said to have been invented in Finland at the beginning of World War II by Civil Defense volunteers, although other sources suggest a Japanese origin. It consists of a simple stick, at the end of which is attached a small wooden or metal plate, on which the binoculars are placed. It was adopted in the 1960s by birdwatchers in this country and called « staijauskeppi » (= observation stick used during migrations). The British later named it « Finnstick, » a contraction of « Finnish stick, » which simply means « Finnish stick. »
Based on an article published in March 2025 on Marc Duquet’s blog « Après Ornithos…« , we invite you to discover this accessory, which is little known to French-speaking birdwatchers. After a general introduction, we list its advantages for birdwatching, and then describe how to make one yourself, although it is also possible to purchase one commercially.
Qu’est-ce qu’un bâton finlandais ou « finnstick » ?
Un bâton finlandais « maison » avec un manche et un support de jumelles en bois. |
Selon l’ornithologue Guilhem Lesaffre, auteur du « Manuel d’ornithologie : l « finnstick » ne devrait rien à l’ornithologie : il serait en effet apparu au début de la Seconde Guerre mondiale en Finlande, où il était utilisé pour la surveillance des côtes par les volontaires de la Défense Civile, même si d’autres sources (Heathcote Williams in Des baleines) évoquent une origine japonaise. Il aurait été adopté pour la première fois pour l’observation des oiseaux en 1963 par le Finlandais Karno Mikkola, qui aurait fabriqué le sien. Il s’est peu à peu imposé dans le pays au cours des années 1970, mais ce n’est qu’à partir des années 1990 qu’il a fait l’objet d’articles dans plusieurs ouvrages et revues ornithologiques.
Dans son cybercarnet « Après Ornithos… », Marc Duquet explique qu’il a découvert cet objet dans les années 1990 : il avait remarqué de nombreux observateurs finlandais qui tenaient leurs jumelles au bout d’un bâton (généralement en bois) surmonté d’une petite platine en bois ou en métal, appelant ce montage « staijauskeppi » (= bâton d’observation utilisé lors des migrations). Les Britanniques l’ont ensuite nommé « finnstick », une contraction de « finnish stick« , ce qui signifie « bâton finlandais ».
Il s’agit donc simplement d’un bâton ou d’un monopode, à l’extrémité duquel est fixé un support (plaque) muni d’une sangle permettant d’attacher fermement n’importe quelle paire de jumelles à prismes en toit, celles à prismes de Porro ayant une forme moins bien adaptée.
Afin que les deux oculaires soient placés devant les yeux de l’observateur, on tient le « finnstick » avec les deux mains placées l’une au dessus de l’autre, les bras étant plaqués le long du corps et les avant-bras tenus horizontalement. On peut aussi le placer entre les cuisses si l’on est assis, ou poser la base sur son ventre si l’on est debout ou le dos appuyé contre un mur ou un tronc.
Quels sont les avantages d’un bâton finlandais pour l’observation des oiseaux ?
Pour limiter la fatigue lors des séances d’observation prolongées, notamment quand sa paire de jumelles est relativement lourde, parce que, par exemple, son grossissement est élevé (lire Test des jumelles Swarovski NL Pure 14×52 : comment proposer un fort grossissement sans système de stabilisation ?), on peut s’équiper d’un harnais ou d’une sangle qui distribueront de façon uniforme le poids de l’équipement sur les épaules et le dos, évitant ainsi de concentrer les tensions sur le cou. Pour réduire les effets des tremblements liés à la fatigue, on peut également choisir un modèle stabilisé (lire Comment et pourquoi choisir des jumelles stabilisées pour observer les oiseaux ?). Une autre option peu connue, qui peut d’ailleurs être combinée avec ces deux solutions, est de s’équiper d’un bâton finlandais.
Fixer ses jumelles sur un « finnstick » a plusieurs intérêts :
- cela augmente leur stabilité et l’image est donc plus nette, ce qui permet de percevoir beaucoup plus de détails. Il se rapproche ainsi du rôle d’un trépied ou d’un monopode fixé sur une paire de jumelles (lire Comment choisir son trépied pour sa longue-vue ?), tout en étant beaucoup moins encombrant et lourd.
- Le suivi des oiseaux en vol, par exemple d’un faucon en chasse (lire La technique de chasse du Faucon pèlerin), est facilité car le champ de vision des jumelles est plus large que celui d’une longue-vue sur un trépied.
- Le confort d’observation est amélioré (et donc la fatigue réduite) lors des longues séances d’observation, car le buste reste droit, les bras étant en position de repos le long du corps et le poids des jumelles ne portant que sur les avant-bras, qui sont plaqués contre le tronc.
Dans quelles situations un bâton finlandais est-il particulièrement utile ?
Un bâton finlandais est utile dans plusieurs situations, par exemple pour compter les limicoles rassemblés dans leurs reposoirs. |
L’utilisation d’un bâton finlandais est utile dans plusieurs situations :
- Lors des séances d’observation prolongées, par exemple pour suivre le passage de migrateurs depuis la côte (lire Le cap de la Estaca de Bares, l’un des meilleurs sites européens de suivi du passage des oiseaux marins), un col ou une crête (lire Yves Dubois et le site de suivi de la migration de La Cerdagne-Eyne), pour dénombrer de grandes troupes d’oies, de canards ou de limicoles (lire Où observer les oiseaux dans la province de Zélande ?), pour compter des oiseaux rassemblés en dortoirs (lire Les pré-dortoirs, dortoirs et post-dortoirs chez les oiseaux), pour rechercher des oiseaux mimétiques ou discrets dans un marais ou dans une vaste étendue désertique, ou encore pour identifier une rareté au sein d’une troupe composée d’autres espèces.
- Bien qu’un « finnstick » soit particulièrement indiqué pour observer les oiseaux dans les espaces ouverts, Marc Duquet précise qu’il s’est avéré très efficace pour rechercher et identifier les parulines et les viréos dans les forêts d’Amérique du Nord (lire Où observer les oiseaux dans les Laurentides ?) ou pour inspecter les buissons des jardins de l’île de Sein (Finistère) en automne (lire Synthèse ornithologique 2023 de l’île de Sein : une année riche en premières mentions).
- L’usage d’un « finnstick » est particulièrement utile si l’on possède des jumelles assez lourdes, pesant plus de 700 g comme les Leica 10×42 Trinovid.
- Il peut servir à se gratter le dos ou à écarter une végétation dense lorsqu’on randonne.
- En Amérique du Nord, des observateurs l’utilisent même pour taper contre les troncs d’arbres pour éloigner les ours.
Comment fabriquer un bâton finlandais ?
Bâton finlandais « maison » constitué d’un manche en chêne hexagonal de 55 cm de long, au bout duquel a été vissée une platine en aluminium et munie d’un petit tendeur de siège de Citroën 2 CV servant de sangle. |
Chacun peut fabriquer son propre « finnstick » et imaginer le système de fixation ou de maintien le mieux adapté aux jumelles qu’il possède.
Le manche peut être un simple morceau de bois taillé, dont l’extrémité sera amincie pour s’insérer entre les deux barillets des jumelles. On peut par exemple recycler un manche à balai cassé, un morceau de tringle à rideau, une vieille raquette de tennis ou une crosse de hockey. Un pied de trépied ou un monopode, idéalement en aluminium ou en carbone pour être plus léger, peut également convenir : cela aura l’avantage de pouvoir régler sa hauteur.
La longueur du manche dépendra de la taille de l’observateur : les jumelles devant être placées à la hauteur des yeux, la main tenant le bâton sera placée un peu au-dessus de la ceinture. Il mesurera donc entre 50 et 90 cm selon les cas (70 cm en moyenne), pour un diamètre de 4 à 6 cm environ. Il est préférable de le concevoir un peu plus long et de le couper à la longueur adéquate après l’avoir testé. Une fois la longueur optimale obtenue, on peut recouvrir sa base avec une matière moelleuse (une bande de tissu adhésif destinée aux guidons de vélos, un manchon en mousse, etc.), afin de créer une « poignée » offrant une meilleure préhension et un plus grand confort.
L’extrémité opposée du bâton sera arrondie ou polie afin de pouvoir éventuellement être posée sur le ventre.
La platine en aluminium (14,5 x 3 cm) du bâton finlandais « maison » fabriqué par Marc Duquet : elle est garnie de feutrine pour ne pas rayer le corps des jumelles et est munie d’un tendeur de siège de voiture servant de sangle. |
Le support de la paire de jumelles, qui est fixé à l’extrémité du bâton, peut être un dispositif triangulaire (un bloc de bois taillé par exemple) qui viendra s’insérer entre les deux barillets ou une petite plaque (platine) en bois ou en aluminium. Il est préférable de visser le support sur le manche plutôt que de le coller, ou alors le ruban adhésif devra être très solide.
La platine peut être inclinée de quelques degrés vers l’arrière, afin que les jumelles pointent légèrement vers le haut, car, comme l’on tient le plus souvent le « finnstick » légèrement vers l’avant, les deux angles s’annuleront et l’on pourra ainsi regarder droit devant soi dans une position naturelle.
Il est vivement recommandé de maintenir les jumelles avec un élastique, deux bandes de velcro ou une sangle ajustable.
Dans tous les cas, quelle que soit la façon dont les jumelles sont fixées sur leur support, qu’elles soient attachées ou non, il est indispensable de garder en permanence la courroie autour du cou, afin d’éviter une chute accidentelle : cela permet en outre de laisser pendre l’ensemble jumelles + bâton finlandais autour du cou lorsque l’on a besoin de ses mains pour utiliser une longue-vue, un appareil-photo, un téléphone ou un enregistreur audio.
Acheter un « finnstick » dans le commerce
Si vous n’avez pas envie de fabriquer votre propre bâton finlandais, vous pouvez en acheter un dans le commerce, plusieurs modèles étant disponibles avec un manche en aluminium ou en carbone et une longueur fixe ou télescopique.
Leurs prix sont très variables, allant de 15 à plus de 100 euros.
« Finnstick » composé d’une platine LVA et d’un monopode télescopique Cullman. |
Voici quelques modèles conseillés :
- un ensemble composé d’une platine LVA (poids : 195 grammes et prix : 35 euros TTC hors frais de port) (voir le lien) et d’un monopode télescopique Cullman à trois segments (longueur : de 42 à 100 cm, poids : 210 grammes et prix : 30 euros TTC hors frais de port) (voir le lien).
- Le « finnstick » Rigel en aluminium (longueur : 55 cm et prix : 35 euros TTC hors frais de port) (voir le lien).
- Le « finnstick » FF télescopique à quatre segments (longueur : de 32 à 83 cm et prix : 110 euros hors frais de port) (voir le lien).
Le « finnstick » vendu par l’association néerlandaise Vogelinformatiecentrum Texel (prix : 129 euros hors frais de port) (voir le lien).
Une vidéo expliquant l’utilisation d’un « finnstick » sur le terrain
Vidéo (en anglais) expliquant l’utilisation d’un « finnstick ».
Source : Linus Stråhlman
Réagir à notre article
Compléments
Dans la boutique d’Ornithomedia.com
Sources
- Marc Duquet (2025). Mon avis sur… Le « finnstick ». Après Ornithos… Date : 25/03. marcduquet.com
- Helsinki-in (2014). Birdwatching with the Finnstick. Date : 4/05. www.helsinki-in.com
- Birding Frontiers (2012). Birding gadgets – for under 20 quid. Date : 23/08. birdingfrontiers.wordpress.com
- Karen L. Wiebe (2001). The Blue Jay. Volume : 59. Numéro : 2. Juin. bluejay592art5




2 commentaires
2 commentaire(s) sur ce sujet
Participer à la discussion !machaon
BANDOL
Posté le 17 juin 2025
Je me suis imprimé en 3D un support adapté à mes jumelles avec fixation arcaswiss compatible avec mon monopod 🙂
David
sevran
Posté le 17 juin 2025
Bonjour, très intéressant, pourriez-vous en envoyer plus d’informations par courriel à david.bismuth@ornithomedia.com ? merci David