Un plan d’eau périurbain créé dans les années 1970 devenu attractif pour la faune

Situation du lac du Héron à Villeneuve-d’Ascq (Nord)

Situation du lac du Héron à Villeneuve-d’Ascq (Nord).
Carte : Ornithomedia.com

Avant la création de Villeneuve-d’Ascq (Nord) dans les années 1970, les abords de la rivière Marque, au nord de l’ancien village d’Annapes, formaient une zone marécageuse où les inondations étaient fréquentes. Pour récupérer et évacuer les eaux de pluie et réguler le régime capricieux de la Marque, une série de six lacs (du Château, des Espagnols, Saint-Jean, Quicampoix, Canteleu et du Héron) a été créée entre 1976 et 1979, dont le plus vaste est celui du Héron, avec une superficie de 33 hectares, et dont les eaux sont rejetées dans la Marque via une station de relevage. Avec la colline voisine des Marchenelles, qui recouvre un ancien fort laissé à l’abandon devenu une décharge, le lac forme le parc urbain du Héron, qui couvre 110 hectares. Il est composé de différents habitats : prairies humides, cultures, chênaies-frênaies, aulnaies-frênaies, peupleraie et une petite roselière.
En 1995, 73 hectares du parc ont été classés en réserve naturelle volontaire, devenue une réserve naturelle régionale en 2012, qui a été intégrée dans le réseau des Espaces Naturels de Lille Métropole en 2022, puis dans celui de la Métropole Européenne de Lille en 2016, qui en assure désormais la gestion. Grâce à son intérêt naturaliste, le lac du Héron et ses environs ont été classés en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique et Faunistique de type I.
Aménagé pour l’accueil du public, près de 500 000 personnes se promènent chaque année le long des rives du plan d’eau, ce qui a un impact sur la nidification et le stationnement des oiseaux. Pour limiter les effets de cette fréquentation, des zones de quiétude clôturées ont été créées et trois palissades d’observations mises en place. Des panneaux sur l’avifaune ont été installés.

Ancien relais de chasse

Ancien relais de chasse près du lac du Héron (Nord) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

Le Relais Nature du Val de Marque, installé dans la ferme du Héron, est un lieu d’accueil et d’éducation à l’environnement et comprend un jardin pédagogique qui présente les espèces botaniques locales et régionales.

Des plantes remarquables

Le parc du Héron est un espace urbain, mais 306 espèces végétales ont tout de même été recensées, dont 17 sont considérées comme patrimoniales, dont l’Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), le Butome en ombelle (Butomus umbellatus), la Cardère velue (Dipsacus pilosus) et l’Œnanthe aquatique (Oenanthe aquatica). Une espèce rare, la Guimauve officinale (Althaea officinalis), n’a pas été revue depuis 2010. La fauche tardive des prairies contribue à augmenter la richesse botanique.

Des papillons, des orthoptères et les libellules peu communs

Près de 190 espèces d’insectes ont été recensées dans la réserve naturelle du Héron, dont certaines sont patrimoniales. C’est le cas des Théclas du chêne (Neozephyrus quercus) et de l’Orme (Satyrium w-album), rares au niveau régional, voire national pour le second, à cause du fort recul des Ormes champêtres (Ulmus campestris), touchés par la maladie de la graphiose depuis 1970. L’Hespérie de l’Alcée (Carcharodus alceae) et le Petit Mars changeant (Apatura ilia) sont aussi présents.

Prairie inondée près du lac du Héron (Nord)

Prairie inondée près du lac du Héron (Nord) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

Parmi les orthoptères recensés, le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), qui vit dans les prairies humides à joncs, est menacé d’extinction et inscrit sur la Liste rouge française pour la région atlantique, la Decticelle bariolée (Roeseliana roeselii), qui fréquente la végétation haute non fauchée, est peu commune dans les Hauts-de-France, et le Gomphocère roux (Gomphocerippus rufus) et le Criquet des clairières (Chrysochraon dispar), peu communs dans la région.
Le Sympétrum noir (Sympetrum danae), l’Anax napolitain (Anax parthenope) et l’Aeschne affine (Aeshna affinis) font partie des odonates remarquables.
Les présences de l’Aiguille travailleuse (Phytoecia cylindrica) et de la Coccinelle à 24 points (Subcoccinella vigintiquatuorpunctata) sont également à noter.

Du Triton alpestre au Murin de Daubenton

Le Lézard des murailles (Podarcis muralis), les Grenouilles verte (Pelophylax kl. esculentus) et rousse (Rana temporaria), le Crapaud commun (Bufo bufo), les Tritons alpestre (Ichthyosaura alpestris), ponctué (Lissotriton vulgaris) et crêté (Triturus cristatus) et la Couleuvre helvétique (Natrix helvetica) ont été recensés dans le parc du Héron.
Plusieurs chiroptères sont présents : Pipistrelles commune (Pipistrellus pipistrellus), de Nathusius (P. nathusii) et de Kuhl (P. kuhlii), la Sérotine commune (Eptesicus serotinus) et le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii).
Parmi les autres mammifères recensés, notons le Lérot commun (Eliomys quercinus) et le Campagnol roussâtre (Clethrionomys glareolus).

Accès et bons points d’observation

Carte du lac du Héron à Villeneuve-d’Ascq (Nord) et bons sites d'observation

Carte du lac du Héron à Villeneuve-d’Ascq (Nord) et bons sites d’observation (les numéros sont ceux repris dans le texte ci-contre).
Carte : Ornithomedia.com

Depuis l’autoroute A1 en venant de Paris, suivre l’A22 en direction de Bruxelles puis la N227 en direction de Roubaix. Continuer sur 5,2 km sur la N227 et prendre la sortie numéro 7 « Wattrelos ». Emprunter ensuite la D60 en direction de Tourcoing/Grand et sortir à La Cousinierie. Au rond-point, prendre la rue Cocteau et la direction des Fermes du Héron et Petitprez (panneau vert). Se garer dans l’aire de stationnement (voir sa localisation sur Google Maps) du lac du Héron.
Plusieurs secteurs méritent une visite (voir notre carte ci-contre) :
1- Le lac du Héron permet le stationnement des oiseaux aquatiques de passage et hivernants (canards, guifettes, laridés, etc.).
2- Le verger est visité par des grives en hiver, par le Merle à plastron (Turdus torquatus) au passage au printemps, et la Chevêche d’Athéna (Athene noctua) et le Gobemouche gris (Muscicapa striata) y nichent.
3- Les champs cultivés accueillent le passage et l’hivernage des bergeronnettes, pipits, bruants et fringilles, et des limicoles y stationnent au printemps quand ils sont inondés. 
4- Les pâtures humides entre la ferme du Héron et Forest-sur-Marque accueillent des limicoles et des canards de surface durant les passages, et les ardéidés de la héronnière s’y nourrissent. Les fossés envahis de végétation permettent la nidification de passereaux paludicoles.
5- Les pâtures humides au sud de la station d’épuration sont bordées de belles haies visitées par les grives en hiver. Des limicoles y font parfois une halte durant les migrations.
6- La peupleraie est fermée au public, mais un chemin la traverse. C’est l’habitat de plusieurs espèces forestières.
7- Le Bois Rousseau, au sud-est du lac, accueille des passereaux et rapaces forestiers nicheurs, mais aussi la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris).

Hérons garde-bœufs (Bubulcus ibis) et Aigrettes garzettes (Egretta garzetta)

Hérons garde-bœufs (Bubulcus ibis) et Aigrettes garzettes (Egretta garzetta) sur le lac du Héron (Nord) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

8- Les bosquets et les haies près du pont enjambant le Héron sont intéressants pour les passereaux migrateurs, dont le Pouillot à grands sourcils (Phylloscopus inornatus), déjà noté.
9- Le bois du parc urbain, à l’ouest du lac, est le domaine de plusieurs passereaux et rapaces forestiers.
10- la petite île boisée sur le lac accueille une colonie mixte d’Ardéidés.
11- La colline des Marchenelles est un bon site pour l’observation des passereaux de passage et hivernants.

Les oiseaux durant la période de nidification

Grâce au suivi continu du site depuis les années 1980, plus de 236 espèces d’oiseaux migrateurs, sédentaires, hivernants réguliers et accidentels (près de 250 selon Philippe Vanardois, qui est à l’origine du classement du lac en réserve naturelle libre agréée), ont été recensées autour du lac du Héron.
Durant la période de nidification, une colonie mixte de Hérons cendrés (Ardea cinerea) et garde-bœufs (Bubulcus ibis) et d’Aigrettes garzettes (Egretta garzetta) est installée sur une petite île boisée sur le lac.

Chevêche d'Athéna (Athene noctua)

La Chevêche d’Athéna (Athene noctua) niche dans les têtards au nord du lac du Héron (Nord) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

Les vieux saules bordant les prairies humides au nord et à l’est du lac, par exemple près de la ferme du Héron, accueillent quatre à cinq couples de Chevêches d’Athéna, souvent audibles en fin de journée. Les prairies sont aussi le domaine des Bergeronnettes printanière (Motacilla flava) et grise (M. alba) et même du Vanneau huppé (Vanellus vanellus).
Il n’y a qu’une seule petite roselière sur les berges du lac, et donc les passereaux paludicoles nicheurs sont peu nombreux, mais les Rousserolles effarvatte (Acrocephalus sciparceus) et verderolle, et parfois le Phragmite des joncs (A. schoenobaenus) et la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), se reproduisent dans la végétation dense des fossés qui parcourent les prairies.
Une grande peupleraie s’étend à l’est du lac, dans laquelle on pouvait entendre jusqu’en 2021 le beau chant du Loriot d’Europe. Il est désormais remplacé par les cris stridents des Perruches à collier. Plus largement, les boisements qui s’étendent autour du lac accueillent le cortège classique des oiseaux nicheurs forestiers du nord de la France, incluant le Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus), la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur), la Chouette hulotte, le Hibou moyen-duc (Asio otus), la Buse variable (Buteo buteo), le Faucon hobereau (Falco subbuteo) et les Pics épeiche (Dendrocopos major), épeichette (Dryobates minor) et vert (Picus viridis). Le Pic noir (Dryocopus martius) a fait une tentative de reproduction en 2023.
Le Gobemouche gris (Muscicapa striata) niche dans le verger.

Durant les migrations 

Phalarope à bec large (Phalaropus fulicarius)

Phalarope à bec large (Phalaropus fulicarius) sur le lac du Héron (Nord) le 12 octobre 2020 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

Le lac du Héron est particulièrement intéressant durant les migrations de printemps et d’automne. Des limicoles font une halte en petit nombre sur ses berges et dans les prairies inondables et les champs proches, principalement au printemps, les espèces les plus régulières étant les Chevaliers guignette (Actitis hypoleucos), culblanc (Tringa ochropus) et aboyeur (T. nebularia), le Combattant varié (Calidris pugnax), les Bécassines des marais et sourde (en novembre plutôt pour cette dernière), le Vanneau huppé et le Pluvier doré (Pluvialis apricaria). Le Phalarope à bec large (Phalaropus fulicarius) a été vu à plusieurs reprises sur lac en automne (en octobre 2011 et 2020) et en hiver (en janvier 2007), après de grandes tempêtes ayant touché le littoral.
Les prairies et les secteurs cultivés au nord et à l’est du lac permettent le stationnement de petits groupes de Bergeronnettes printanières, dans lesquels les sous-espèces nordique (M. f. thunbergi) et flavéole (M. f. flavissima) ont déjà été notées. Le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) et le Tarier des prés (Saxicola rubetra) sont aussi des migrateurs réguliers.
La Sarcelle d’été, la Spatule blanche (Platalea leucorodia), le Héron pourpré, le Bihoreau gris, les Cigognes blanche (Ciconia ciconia) et noire (C. nigra) peuvent faire également une halte en avril-mai ou en août-septembre sur les rives du lac et dans les zones inondées.
Des groupes de canards de surface, des guifettes et la Mouette pygmée (Hydrocoloeus minutus) sont visibles au printemps et à la fin de l’été sur le plan d’eau, deux périodes durant lesquelles on a de bonnes chances de voir le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) et parfois la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia).

Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) de passage sur le lac du Héron (Nord) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

En avril, le Merle à plastron (Turdus torquatus) est régulier dans le verger situé entre les fermes du Héron et Petitprez.
Les buissons et les arbres bordant le lac accueillent une belle diversité de passereaux migrateurs, incluant le Gobemouche noir (Ficedula hypoeluca) et le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus). Des espèces plus rares ont été trouvées en automne, comme le Pouillot à grands sourcils (en 2014, 2015 et 2016) et le Bruant nain.

En hiver : canards et laridés

En hiver, des troupes de Fuligules morillon (Aythya fuligula) et milouin (A. ferina), de Canards colvert (Anas platyrhynchos), chipeau (Mareca strepera) et souchet (Spatula clypeata) et de Sarcelles d’hiver (Anas crecca) stationnent sur le lac, mais leurs effectifs ont tendance à diminuer depuis quelques années. Des espèces plus rares sont parfois vues, surtout lors de vagues de froid, comme le Garrot à œil d’or (Bucephala clangula), les Fuligules nyroca (Aythya nyroca) et milouinan (A. marila), la Nette rousse (Netta rufina), les Harles huppé (Mergus serrator), bièvre (M. merganser) et piette (Mergellus albellus), le Grèbe jougris (Podiceps grisegena), la Harelde boréale (Clangula hyemalis) et les Plongeons imbrin (Gavia immer) et catmarin (G. stellata).

Goéland cendré (Larus canus)

Goéland cendré (Larus canus) sur le lac du Héron (Nord) en hiver (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

De novembre à mars, un grand pré-dortoir de Mouettes rieuses, de Goélands brun (Larus fuscus), cendré (L. canus) et argenté (L. argentatus) se forme au coucher du soleil, dans lequel il faut rechercher la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) et les Goélands leucophée (Larus michahellis) et pontique (L. cachinnans). Des laridés très rares ont déjà été signalés, comme le Goéland de Kumlien (Larus glaucoides kumlieni).
Les Pipits farlouse et spioncelle et la Bergeronnette grise sont communs en hiver dans les prairies et sur les rives du lac, le long desquelles le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) est visible.
Les Perruches à collier, en provenance du grand dortoir (plus de 4 000 oiseaux) de Roubaix, viennent alors volontiers se nourrir dans le verger, qui attire aussi les Grives mauvis (Turdus iliacus), litorne (T. pilaris) et draine (T. viscivorus).
Le Tarin des aulnes (Spinus spinus) et le Sizerin cabaret (Acanthis flammea cabaret) sont régulièrement vus dans les arbres sur la colline des Marchenelles.

Jaseur boréal(Bombycilla garrulus)

Jaseur boréal (Bombycilla garrulus) près du lac du Héron (Nord) le 12 novembre 2012 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Robin Derozier

Lors d’irruptions (en 2006, 2011 et 2012), des Jaseurs boréaux (Bombycilla garrulus) ont été notés.

D’autres bons secteurs pour observer les oiseaux dans l’agglomération lilloise

D’autres sites sont intéressants pour observer les oiseaux près de Lille, notamment :

Des informations sur plusieurs de ces sites sont disponibles sur le site web des Espaces Naturels de la MEL.

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