L’Hirondelle à front blanc (Petrochelidon pyrrhonota)

Hirondelle à front blanc (Petrochelidon pyrrhonota)

Hirondelle à front blanc (Petrochelidon pyrrhonota) en Amérique du Nord en août 2022 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Cricket Raspet / Wikimedia Commons

Longueur : 13-15 cm.

Description : l’adulte a le front blanc châtain, la gorge rouge brique, l’arrière du cou gris-brun, le croupion roux pâle, et la calotte, le manteau, le dos et les scapulaires bleu-noir brillant, ces dernières étant striées de blanc. Le dessous des ailes et les axillaires sont gris-brun pâle. Les ailes et la queue (au bout carré) sont brun noirâtre. Les parties inférieures sont blanchâtres, le haut de la poitrine, les côtés et les flancs étant gris-brun pâle. Le bec est noir.
Le juvénile est plus terne que l’adulte, les plumes des parties supérieures étant bordées de clair.

Voix : son chant est rapide, grinçant et gazouillant. Les cris de contact les plus fréquents sont des « chur ».

Habitats : l’Hirondelle à front blanc niche en colonies sur des falaises et des bâtiments.

Aire de répartition et taxonomie : elle niche de l’Alaska au Mexique et hiverne principalement dans le sud de l’Amérique du Sud (du sud-est du Paraguay au centre de l’Argentine).
Quatre sous-espèces sont reconnues :

  • P.p. pyrrhonota : de l’ouest et du centre de l’Alaska à la Basse-Californie (Mexique) et à l’est des États-Unis.
  • P.p. tachina : dans le sud des États-Unis, de l’Utah au Texas, ainsi qu’en Basse-Californie (Mexique).
  • P.p. melanogaster : du sud-est de l’Arizona au sud du Mexique.
  • P.p. ganieri : dans le sud des États-Unis, du Tennessee au Texas.

Biologie : l’espèce est migratrice. Elle quitte ses sites de nidification entre juillet et septembre, avec un pic en août et au début du mois de septembre, et elle atteint ses sites d’hivernage entre octobre et décembre. Son retour printanier s’étale entre février (dans le sud de son aire de nidification) et la mi-mai (en Alaska). Elle construit un nid en forme de gourde fait de boulettes de boue et de végétaux.

Une espèce occasionnelle déjà notée en France

En dehors de son aire de répartition, l’Hirondelle à front blanc a déjà été notée de façon occasionnelle sur l’île de Wrangel en Sibérie (une en juillet 1939), sur l’île Saint-Laurent (ou St Lawrence) dans le détroit de Béring dans les années 1970, au Groenland en 1983, en Islande (trois à quatre données avant 2023, la plus récente remontant à août 2019), dans l’archipel portugais des Açores (lire Observer les oiseaux sur l’île de Corvo), et dans le nord-ouest l’Europe, principalement en Grande-Bretagne (14 données, la plus récente concernant un oiseau sur l’île écossaise de Skye le 27 août 2019) mais aussi en Irlande (une donnée en novembre 1995) et en France, avec un oiseau vu en octobre 2012 sur l’île d’Ouessant (Finistère) (lire Visiter l’île d’Ouessant : bons coins et carte à imprimer).

Un afflux exceptionnel en Islande en août 2023

Aires de répartition de l'Hirondelle à front blanc et observations

Aires de nidification (en rouge) et d’hivernage (en bleu) de l’Hirondelle à front blanc (Petrochelidon pyrrhonota). En jaune, la zone de migration.
Les positions des deux dépressions (D), accompagnées de vents (flèches noires) qui étaient positionnées à la mi-août entre l’Islande et le nord-est de l’Amérique du Nord, sont indiquées.
En rouge, emplacements de quelques-unes des observations d’Hirondelle à front blanc sur Terre-Neuve, au Groenland et en Islande en août 2023.
Carte : Ornithomedia.com d’après BirdLife International

Dès le 22 août 2023, deux Hirondelles à front blanc avaient été observées depuis le Cabo da Praia sur l’île de Terceira, dans l’archipel des Açores.
Durant la semaine du 21 août, huit oiseaux ont été repérés au Groenland. Le 25 août, un petit groupe a été vu en mer depuis un bateau naviguant dans le détroit de Davis, entre le Groenland et la terre de Baffin (Canada).
Le 28 août, quatre oiseaux ont été découverts en haute mer à bord du trois-mâts « T/S Gunilla » faisant le trajet entre Reykjavík (Islande) et Belfast en Irlande du Nord (Grande-Bretagne).
À partir du 29 août, un « afflux » a été constaté en Islande, principalement dans le sud-ouest de l’île. Entre cette date et le 31 août, pas moins de 21 oiseaux ont été comptés, et d’autres ont été vus depuis. Le nombre d’observateurs en Islande étant réduit et l’île peu peuplée, ce mouvement est certainement sous-estimé.
Voici ci-dessous quelques détails de cette arrivée sans précédent :

  • le 30 août : trois oiseaux à Innri-Njarðvík.
  • Le 31 août : un groupe de sept oiseaux à Keflavík, un oiseau à Höfn et quatre sur l’île d’Heimaey. Ce même jour, une Hirondelle rustique (Hirundo rustica) de la sous-espèce nord-américaine erythrogaster a été découverte à Garðskagi.
  • Le 4 septembre : deux oiseaux ont été vus à Keflavik.

Un afflux islandais lié à une arrivée exceptionnelle sur Terre-Neuve en août 2023

L’Hirondelle à front blanc ne niche pas dans le nord-est du Canada, dont l’île de Terre-Neuve, où elle est rare en migration. Pourtant, à partir approximativement du 20 août 2023, une arrivée massive, peut-être la plus importante jamais documentée concernant cette espèce dans cette province, a été notée : des centaines d’individus y ont été observés, incluant des groupes de plus de 100 oiseaux (par exemple, 150 à 200 oiseaux ont été comptés au-dessus de la station d’épuration de Gander le 23 août). Précisons que d’autres raretés ont été vues à Terre-Neuve au même moment, dont quelques Parulines des prés (Setophaga discolor) et au moins deux Orioles des vergers (Icterus spurius).
On ne connaît pas les causes de cet afflux, mais ces oiseaux pourraient avoir été déviés de leur voie de migration normale par de forts vents soufflant depuis le nord-est des États-Unis. Ces conditions atmosphériques pourraient expliquer pourquoi des oiseaux poussés en pleine mer ont dû se poser « en catastrophe » le 25 août sur un bateau naviguant entre l’Amérique du Nord et le Groenland. Cette hypothèse n’est toutefois peut-être pas suffisante pour comprendre l’ampleur du phénomène, et d’autres éléments pourraient être impliqués. 

Une comparaison avec l’Hirondelle à front brun ?

Hirondelle à front brun (Petrochelidon fulva)

Hirondelle à front brun (Petrochelidon fulva) au sud Rocksprings, au Texas (États-Unis) en avril 2012 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Alan Schmierer / Wikimedia Commons

Cet afflux islandais automnal rappelle l’augmentation de la fréquence automnale des données d’Hirondelles à front brun (Petrochelidon fulva) dans le nord-est des États-Unis et dans la région des Grands Lacs depuis les années 1990 : par exemple, en novembre 2002, de 300 à 400 oiseaux avaient été comptés entre l’Ontario (Canada) et le nord de la Floride (États-Unis).
Cette espèce niche normalement dans le sud-est du Nouveau-Mexique, au centre du Texas, dans le sud de l’Arizona et dans le nord-est du Mexique, mais aussi au Yucatan et dans le sud de ce pays, dans les Grandes Antilles, en Équateur et au Pérou. La plupart de ces populations sont sédentaires, mais certaines hivernent plus au sud, sans que l’on sache encore où précisément.
Depuis une trentaine d’années, de jeunes individus (principalement) sont vus régulièrement entre la fin octobre et la mi-novembre jusqu’en Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve, soit plusieurs milliers de kilomètres au nord de leur aire de répartition postnuptiale normale.
Ces mouvements seraient favorisés par l’augmentation de la fréquence des dépressions automnales accompagnées de vents forts et se déplaçant rapidement, ainsi que par la progression de l’espèce dans les États américains bordant le nord du golfe du Mexique. Une partie de ces individus pourraient également explorer de potentielles nouvelles zones de nidification, le réchauffement climatique contribuant à la progression vers le nord d’espèces méridionales. 

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