Brèves
Une intéressante tentative de création d’une population sédentaire de Tourterelles des bois en Grande-Bretagne
La Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) mesure 25 à 28 cm cm de long, a la tête et la calotte gris-bleu et les côtés du cou rayés de blanc et de noir. Les scapulaires, le manteau et les couvertures alaires sont marron-roux mais avec le centre noir des plumes, des rémiges gris-bleu bien visibles en vol, une longue queue bordée de blanc et des parties inférieures blanchâtres. Le juvénile est plus terne et plus brun (lire Identifier les oiseaux des jardins et des parcs au printemps et en été).
Elle niche dans les paysages ouverts parsemés d’arbres, de buissons, de haies et de bosquets. Son aire de répartition s’étend des Canaries à la Mongolie, et on la trouve également dans l’ouest de l’Afrique du Nord (lire La paradoxale « vigueur » de la population de Tourterelles des bois nichant dans les oliveraies marocaines). C’est une espèce migratrice qui hiverne en Afrique tropicale.
Tourterelles des bois (Streptopelia turtur) dans une volière du Turtle Dove Trust dans le Norfolk (Grande-Bretagne). |
La Tourterelle des bois a fortement décliné en Europe depuis une quarantaine d’années (- 78 % entre 1980 et 2015), en raison principalement de la chasse, de l’urbanisation, de l’intensification de l’agriculture et de la dégradation des conditions d’hivernage dans les savanes africaines (sécheresses à répétition). En France, sa population nicheuse, estimée entre 397 000 et 480 000 couples, a diminué de 44 % au cours des dix dernières années. En Grande-Bretagne, elle a baissé de 78 % entre 1980 et 2013, et de 70 % entre 1980 et 2020 en Espagne. Elle est désormais considérée comme quasi-menacée en Europe.
Le Turtle Dove Trust est une association britannique fondée en 2019 par Bill Makins. Son l’objectif est de contribuer à sauver l’espèce dans le pays en créant une population sédentaire qui échapperait ainsi aux dangers de la migration en Europe du Sud et en Afrique du Nord. Pour cela, un centre de reproduction, composé de longs tunnels recouverts de filets, situé dans le nord du Norfolk, a été créé : il accueillait en 2022 près de 500 Tourterelles des bois. Ce projet est basé notamment sur la méthode utilisée notamment pour le sauvetage du Pigeon rose (Nesoenas mayeri) (lire Où observer les oiseaux sur l’île Maurice ?).
En 2019, 100 jeunes, dont les parents ont été donnés par des éleveurs britanniques, sont nés en captivité : leur ascendance étant d’origine captive, les initiateurs du projet ont fait le pari qu’ils pourraient avoir « oublié » le réflexe de la migration Les œufs abandonnés sont couvés et les jeunes élevés par des Tourterelles à collier (Streptopelia risoria). Plusieurs lâchers d’oiseaux (155 en 2022) ont été effectués en juin dans le Suffolk , une période correspondant à la récolte des graines d’Orge (Hordeum vulgare) et de Colza (Brassica napus), qui constituent des sources de nourriture importantes (lire Le colza, une plante intéressante pour les oiseaux, les insectes et le sol). Par ailleurs, des points de nourrissage et de distribution d’eau ont été mis en place pour aider les jeunes oiseaux libérés. Des bagues ont été posées pour suivre ensuite leurs déplacements.
Les premiers résultats semblent prometteurs : 345 oiseaux ont ainsi passé l’hiver 2022-2023 en Grande-Bretagne. Sur le site web du Turtle Dove Trust, aucune précision n’a toutefois été apportée concernant les autorisations accordées par les autorités.
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Ouvrages recommandés
- Le guide ornitho : Le guide le plus complet des oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : 900 espèces de L. Svensson et al
- Petit atlas des oiseaux du jardin : Reconnaître 70 oiseaux du quotidien de Elise Rousseau et Szabolcs Kókay
- Guide des oiseaux de nos jardins de Claude Feigné et Gérard Schmitt
Source
Turtle Dove Trust. A new approach. turtledovetrust.org.uk
3 commentaire(s) sur ce sujet
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Hyères les Palmiers
Posté le 28 octobre 2023
Bonjour, pour ma part je trouve qu’il s’agit d’une très belle et intéressante action qui vise à conserver et à protéger la biodiversité tout en nous permettant de continuer à apprécier la beauté de ces oiseaux.
De plus, avec le réchauffement climatique ces oiseaux n’auront peut-être plus la même nécessité de migrer l’hiver dans des pays où ils sont aujourd’hui de plus en plus chassés et piégés, comme celà a été le cas pour les Palombes qui aujourd’hui sont de plus en plus sédentaires, et naturellement !
François Dehondt
BESANCON
Posté le 13 octobre 2023
Devoir se réjouir de sauvegarder une espèce en la privant de sa plus formidable capacité, ça laisse un goût amer quand même…
Ornithomedia
Sevran
Posté le 14 octobre 2023
Bonjour, tout à fait, cela ne constitue qu’une sorte de « contournement » des problèmes principaux (dégradation des habitats, braconnage, etc.)