Brèves
Première preuve documentée de prédation d’un Thon rouge de l’Atlantique sur un oiseau marin
Thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) et Macareux moine (Fratercula arctica).
Photographies : Jörg Hempel et Dinoknight / Wikimedia Commons
Les requins sont connus pour attraper des oiseaux marins depuis leur environnement aquatique. Les cas de prédation par des poissons d’eau douce sont plus rares, mais des achigans (genre Micropterus), des anguilles (genre Anguilla), des Piranhas rouges (Serrasalmus piraya) et des Brochets (Esox lucius) ont déjà été vus attrapant occasionnellement des oiseaux. Ils doivent les capturer alors qu’ils nagent, plongent ou flottent.
De rares cas de poissons sautant pour attraper de petits oiseaux sont également connus : des Achigans à grande bouche (Micropterus salmoides) ont ainsi capturé une Rousserolle à bec fin (Acrocephalus gracilirostris) perchée sur un roseau et un Tisserin à tête rousse (Ploceus velatus) posé à 15 cm de la surface.
On avait également supposé que les poissons tigres (genre Hydrocynus) étaient capables d’un tel comportement : Oatley (1960) avait ainsi cité une possible prédation du Poisson tigre africain (Hydrocynus vittatus) sur des Hirondelles rustiques (Hirundo rustica) dans la réserve de Ndumu en Afrique du Sud; bien qu’il ne l’ait jamais observée, il avait associé la disparition brusque de plusieurs de ces oiseaux alors qui survolaient l’eau aux nombreux poissons nageant dans le lac. En février 2011, de telles attaques ont été filmées sur le réservoir de Schroda, dans le parc national de Mapungubwe, dans la province sud-africaine du Limpopo (lire Premières observations documentées de poissons tigres attrapant des hirondelles en vol).
Le Thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) est un poisson pouvant dépasser quatre mètres de long et peser plus de 600 kg. Il se déplace rapidement (jusqu’à 70 km/h) et peut nager longtemps, à une allure comprise entre 6 et 20 km/h, sur de longues distances (plus de 200 km par jour). Il vit principalement entre la surface de l’eau et 1 000 mètres de profondeur, mais il peut plonger à plus de 1 500 mètres.
C’est un grand prédateur efficace, qui chasse et mange essentiellement des poissons, principalement de petite taille (sardines, harengs, etc.) mais également plus grands comme de jeunes requins, des céphalopodes (calmars, pieuvres, etc.) et des crustacés (krill, crevettes, etc.). Il est opportuniste, n’hésitant pas aussi à manger des cadavres d’animaux marins.
Les oiseaux de mer se nourrissent des mêmes proies que les thons, ce qui peut favoriser leurs interactions (lire Fortes concentrations d’Océanites tempête autour des fermes d’engraissement de thons en Catalogne). Dans un article publié en 2024 dans la revue Northeastern Naturalist, des biologistes ont présenté la première preuve documentée de la consommation d’un oiseau de mer par un Thon rouge de l’Atlantique, même s’il s’agit en fait de la deuxième donnée de ce type de prédation chez ce poisson dans la totalité de son aire de répartition. Les restes d’un Macareux moine (Fratercula arctica), identifiés par une analyse génétique, ont en effet été trouvés dans l’estomac d’un individu pêché en octobre 2022 à environ 1,6 km au large de Terre-Neuve (Canada). On ne peut toutefois pas totalement exclure que cet oiseau n’a pas été avalé alors qu’il était déjà mort.
Les Macareux moines plongent pour attraper leurs proies, ce qui peut les mettre en contact avec de grands poissons prédateurs pélagiques comme les thons. Par ailleurs, ces derniers sont également capables de sauter hors de l’eau. Bien que rarement observées et/ou documentées, de telles interactions pourraient être plus fréquentes qu’on ne le pense.
Thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) chassant des Orphies (Belone belone) au large du Devon (Grande-Bretagne) le 30 octobre 2024.
Source : John Walters
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Source
Nathan D. Stewart, Louise Chavarie, Alex Hanke, Ana Storch, François Turcotte et Aaron T. Fisk (2024). A New Record of Atlantic Bluefin Tuna (Thunnus thynnus) Consuming a Seabird in the Northwest Atlantic Ocean. Northeastern Naturalist. Volum : 31. Numéro : 4. bioone.org




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