La Mésange charbonnière (Parus major) est facile à reconnaître avec son capuchon noir et sa « cravate » noirs, ses joues blanches, son dos verdâtre, le dessus de ses ailes bleuté avec une barre alaire blanche et ses parties inférieures jaunes qui s’éclaircissent vers la queue. L’arrière des flancs est gris. Le juvénile a des couleurs plus ternes que celles de l’adulte, ses joues sont lavées de jaune et sa bande médiane noire ventrale est à peine indiqué  (lire Identifier les oiseaux des jardins et des villes d’Europe en hiver).

Elle vit dans des habitats arborés variés. Son aire de répartition est vaste, qui s’étend de l’Europe de l’Ouest au Japon et à l’Indonésie en passant par du Nord et le Moyen-Orient et l’Inde. 36 sous-espèces étaient autrefois reconnues, qui ont été regroupées en trois espèces suite aux résultats d’études génétiques et morphologiques : les Mésanges charbonnière (P. major) de l’Europe à la Sibérie et à l’Asie centrale, indienne (P. cinereus) en Asie du Sud et de Chine (P. minor) au Japon, dans l’Extrême-Orient russe et en Chine. Elles se distinguent notamment les unes des autres par la couleur des parties inférieures, plus ou moins jaunes au fur et à mesure que l’on va vers l’Est : d’une manière générale, les sous-espèces les plus occidentales sont plus jaunes que les plus orientales, qui sont plutôt blanc-gris dessous.

Mésange charbonnière (Parus major)

Mésange charbonnière (Parus major) au dessous grisâtre à Sart-Dames-Avelines (Belgique) le 8 avril 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Le jaune du plumage de la Mésange charbonnière est dû à l’accumulation de caroténoïdes, des pigments provenant des aliments ingérés (principalement des insectes, qui les obtiennent eux-mêmes des plantes qu’ils consomment), qui passent ensuite dans le sang pour atteindre les plumes et s’y déposer. Plus les oiseaux ont une alimentation riche, plus ils sont colorés : ces molécules complexes jouent ainsi un rôle dans la sélection du partenaire car ils constituent en quelque sorte un « reflet » de l’état de santé d’un individu et de sa capacité à trouver de la nourriture. Au moment de la formation des couples, les femelles ont ainsi tendance à choisir les mâles dont le jaune est le plus vif possible.

Une fois déposés dans les plumes, les caroténoïdes subissent toutefois différentes altérations provenant de l’environnement, comme les rayons ultra-violets. La mue annuelle permet de renouveler les plumes et de retrouver une couleur vive, si l’état général de l’oiseau le permet.

Par ailleurs, ces pigments étant des antioxydants importants qui aident l’organisme à atténuer les effets toxiques des polluants, les Mésanges charbonnières vivant dans les zones urbaines ne parviennent pas toujours à en obtenir suffisamment à partir de leur alimentation, leur plumage devenant ainsi plus pâle et plus terne et leur résistance générale moindre. Une étude publiée en novembre 2015 avait ainsi démontré l’impact négatif de trois métaux lourds (le cuivre, le chrome et le mercure) sur la concentration de caroténoïdes et donc sur l’intensité du jaune du plumage de la Mésange charbonnière. Pour les aider, il faut donc favoriser la présence des invertébrés dans les zones urbaines en plantant des arbres et des arbustes (lire Conseils pour aménager son jardin pour les oiseaux) et en diminuant l’usage de produits chimiques, l’alimentation fournie en hiver dans les mangeoires n’étant généralement pas assez riche en pigments.

En avril 2023, Marc Fasol a observé et photographié dans son jardin à Sart-Dames-Avelines (Belgique) une Mésange charbonnière au dessous grisâtre qui visitait régulièrement sa mangeoire parmi d’autres individus au plumage classique. S’agissait-il donc d’un oiseau appartenant à une sous-espèce orientale ou d’un individu manquant de caroténoïdes du fait d’une alimentation inadaptée ou d’une anomalie physiologique réduisant sa capacité d’assimilation de ces pigments ?

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