Des cas d’homosexualité ont été décrits chez près d’une centaine d’espèces d’oiseaux, et ce comportement serait en fait plus répandu que l’on ne le croyait, en particulier au sein de certaines familles comme les Anatidés (oies et canards), les Phoenicoptéridés (flamants), les Threskiornithidés (ibis et spatules), les Ardéidés (hérons), les Ciconiidés (cigognes) et les passereaux. Il implique aussi bien les mâles que les femelles, même si les cas impliquant les premiers semblent plus nombreux (lire L’homosexualité chez les oiseaux).

Le « lesbianisme » (un terme plutôt réservé à l’espèce humaine) est particulièrement intéressant car les femelles pondent les œufs puis élèvent souvent les poussins. Sur l’île de Kauai, dans l’archipel d’Hawaï (États-Unis), des ornithologues ont ainsi étudié des « couples » de femelles d’Albatros de Laysan (Phoebastria immutabilis) ayant duré plusieurs années (jusqu’à 19 ans !) : elles couvaient et élevaient les jeunes ensemble, tout cela sous le « regard » des couples hétérosexuels.

Dans un article publié en 2023 dans le Journal of Raptor Research, des observateurs ont présenté les copulations répétées ( n = 45) d’un couple de deux femelles de Crécerelles d’Amérique (Falco sparverius) entre mars et avril 2020 dans le nord du Texas (États-Unis). Pour faciliter les identifications individuelles, elles avaient été équipées de bagues colorées. Leur position lors de l’acte sexuel alternait, la femelle portant le code E/17 étant au-dessus de sa partenaire dans 56 % des cas. Elles criaient pendant 75,6 % de leurs « accouplements ».

D’autres comportements reproducteurs typiques ont été décrits chez ce couple homosexuel, notamment l’inspection d’un site de nidification, la défense du territoire et une apparente parade nuptiale aérienne. Contrairement aux hypothèses publiées concernant les couples d’oiseaux de même sexe, les deux femelles n’adoptaient généralement pas de rôles comportementaux distincts.

Selon les auteurs de l’article, les avantages possibles d’un couple femelle-femelle pourraient inclure une stimulation de l’ovulation, un partage des tâches d’incubation et d’apport de nourriture, augmentant potentiellement le nombre de jeunes à l’envol et une plus grande capacité de défense du territoire, qui est généralement de meilleure qualité que celui défendu par les mâles (lire Pourquoi les femelles de rapaces sont-elles généralement plus grandes que les mâles ?).

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