La Rousserolle des Pitcairn (Acrocephalus vaughani) mesure environ 17 cm de long. Ses parties supérieures sont gris-brun, le dessous de son corps est jaune-brun, et ses ailes et sa queue sont brun sombre et sont plus ou moins marquées de blanc. Elle pousse des “chak, chak” durs et crépitants et ne chante pas.

Situation de l'archipel des Pitcairn (Grande-Bretagne)

Situation de l’archipel des Pitcairn (Grande-Bretagne).
Carte : Ornithomedia.com 

Elle est endémique de l’île volcanique de Pitcairn, la principale terre de l’archipel britannique du même nom, qui est situé dans le centre de l’océan Pacifique Sud, à 2 075 km à l’ouest de l’île de Pâques (Chili) et à 2 182 kilomètres au sud-est de Tahiti (Polynésie française). Elle vit principalement dans les dernières parcelles de forêts insulaires, et plus rarement dans les broussailles près des habitations. Elle est insectivore et se nourrit rarement près du sol, peut-être en raison de la présence de chats et de rats. Il y a eu des tentatives d’éradication de ces mammifères en 1997 et en 1998, mais les résultats ont été peu satisfaisants. Les chèvres retournées à l’état sauvage contribuent par ailleurs à la dégradation de son habitat, tout comme les végétaux exotiques, et en particulier le Jambosier ou Pommier rose (Syzigium jambos), un arbre originaire d’Asie introduit pour ses fleurs mellifères et ses fruits. 

La Rousserolle des Pitcairn est considérée comme étant assez commune dans son aire de répartition très réduite, mais aucun recensement n’avait été effectué jusqu’à présent : sa population, qui serait comprise entre 250 et 2 000 adultes, serait en déclin et « en danger » en raison de la dégradation de son habitat et de la présence de mammifères exotiques, mais aucun élément précis ne permettait de confirmer ce statut.

Les résultats du premier recensement mené durant l’été austral 2022-2023 ont été publiés dans un article publié en 2024 dans la revue Bird Conservation International. Des comptages ont été effectués en suivant des lignes de transects et un suivi des nids a été réalisé. Les auteurs ont dénombré entre 51 et 158 ​​oiseaux le long de 54 transects de 100 mètres de long chacun, parcourant plusieurs habitats et environ 13 % de la superficie végétalisée de l’île. En utilisant un modèle de mélange sur distribution binomiale tenant compte de la détection imparfaite des individus et de la variation de leur abondance en fonction de l’habitat, ils ont estimé que l’île pourrait accueillir 1 568 Rousserolles des Pitcairn (intervalle de confiance à 95 % : de 812 à 3 237 oiseaux). Fait surprenant, ce passereau endémique semble être plus abondant dans les peuplements de Pommiers roses.

Sur la base du suivi de 49 nids, dont seulement quatre n’ont pas donné de jeunes à leur envol, les auteurs ont calculé un taux de survie de 0,69 et une productivité de 1,07 jeune  à l’envol par nid. En supposant que les Rousserolles des Pitcairn aient une probabilité de survie annuelle similaire à celles d’autres représentants insulaires du genre Acrocephalus, la productivité semble suffisante pour maintenir la population et rien n’indique que l’espèce ait diminué de manière significative au cours des trois dernières générations. Toutefois, compte tenu de son aire de répartition et de sa population réduites, comprise entre 442 et 2 774 adultes, la Rousserolle des Pitcairn devrait être considérée comme « vulnérable ».

Précisons que sur l’île voisine d’Henderson vit une autre espèce endémique, la Rousserolle d’Henderson (A. taiti), dont la population est comprise entre 4 000 et 8 600 adultes et serait stable malgré la prédation des jeunes et des œufs par le Rat polynésien (Rattus exulans).

Rousserolle des Pitcairn (Acrocephalus vaughani) sur l’île Pitcairn (Grande-Bretagne) le 5 septembre 2013.
Source : chaîne YouTube de Robert Flood

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