L’île de Porto Rico (États-Unis) compte 18 espèces d’oiseaux endémiques, dont l’Engoulevent de Porto Rico (Antrostomus noctitherus). Cette espèce mesure de 22 à 23 cm de long et possède un gorge sombre et un plumage marbré de noir, de brun et de gris qui lui sert à sa camoufle dans la végétation. Le mâle a les sous-caudales blanches, tandis qu’elles sont de couleur chamois chez la femelle. Son chant est composé de notes rapides : « whip whip whip … ».

L’Engoulevent de Porto Rico n’est présent que dans les forêts subtropicales sèches semi-décidues à la litière dense et au sous-bois clair et dans les forêts de montagne de basse altitude, du sud-ouest de l’île à Guayama vers l’Est, où il niche au sol. Il est rare ou localement commun dans les forêts de Guánica, de Maricao et de Susúa et dans les collines de Guayanilla-Peñuelas (lire Où observer les oiseaux à Porto Rico ?). Il est également présent dans certains secteurs autour de la baie de La Parguera et dans la Sierra Bermeja.

La majorité de la population vit dans des zones non protégées. C’est une espèce en danger à cause de la prédation des œufs et des poussins par la Petite Mangouste indienne (Urva auropunctata), les chats et les chiens errants, le Moqueur corrossol (Margarops fuscatus) (lire Le Moqueur corossol poursuit sa colonisation des Caraïbes) et même certaines espèces de fourmis. La dégradation de son habitat constitue également une menace.

Une estimation de 2010 de la densité de sa population dans certains secteurs (1,63 oiseau par hectare dans la forêt nationale de Guánica et 0,86 oiseau par hectare dans celle de Susúa) suggérait toutefois que cette espèce pourrait être moins rare et plus répandue qu’on ne le pensait auparavant. Selon cette estimation, il y aurait ainsi de 1 400 à 2 000 couples sur l’île, dont de 450 à 500 dans la forêt de Guánica, en supposant que chaque mâle chanteur détecté avait un partenaire, ce qui surestime certainement la réalité.

Situation du Cabo Rojo National Wildlife Refuge

Situation du Cabo Rojo National Wildlife Refuge, sur l’île de Porto Rico (États-Unis).
Carte : Ornithomedia.com

Un article publié en 2024 dans le Journal of Caribbean Ornithology semble confirmer une situation moins mauvaise qu’on ne le craignait : en effet, les auteurs y décrivent plusieurs contacts visuels et vocaux en novembre et en décembre 2021 dans la réserve faunique nationale de Cabo Rojo, dans le sud-ouest de l’île, un site protégé où elle n’avait a priori jamais été documentée auparavant.

Étant donné sa présence dans les environs (Guaniquilla, El Combate, Peñones de Melones, La Parguera et Sierra Bermeja), ils suggèrent que la population de l’Engoulevent de Porto Rico pourrait être en cours d’augmentation et qu’il pourrait recoloniser des zones peut-être autrefois occupées. Toutefois, un suivi serait nécessaire pour mieux estimer son statut et sa répartition actuels afin de prendre des mesures de protection adaptées, notamment dans la région du Cabo Rojo, où l’on trouve une mosaïque de champs ouverts et de forêts sèches subtropicales. Dans cette optique, les auteurs ont transmis leurs observations aux personnels de la réserve faunique nationale de Cabo Rojo (Cabo Rojo National Wildlife Refuge) et de l’U. S. Fish and Wildlife Service.

Suite aux passages des ouragans Irma (catégorie 5) et Maria (catégorie 4) en 2017, mais aussi de la sécheresse de 2015-2016, des changements des aires de répartition pour plusieurs oiseaux ont été constatés à Porto Rico : par exemple, les superficies des distributions de la sous-espèce wetmorei du Pigeon simple (Patagioenas inornata) et de l’Amazone de Porto Rico (Amazona vittata) ont diminué localement respectivement de 88 et de 80 %.

Engoulevent de Porto Rico (Antrostomus noctitherus) dans la forêt nationale de Guánica, sur l’île de Porto Rico (États-Unis).
Source : AvesPuertoRico

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