Le Merle à plastron (Turdus torquatus) ressemble au Merle noir (T. merula), mais il s’en distingue principalement par une grand croissant blanc sur la poitrine et son bec jaune à pointe noire. En vol, ses ailes sont nettement plus claires. La femelle est plus brune et ses plumes ont un étroit liseré plus pâle. Les oiseaux des montagnes du centre et du sud de l’Europe (T. a. alpestris) ont un dessous écailleux pâle. Le Merle à plastron niche dans les zones montagneuses d’Europe centrale et du sud et du sud-ouest de l’Asie, mais aussi dans les tourbières et les landes du nord de l’Europe.

Trois sous-espèces sont reconnues :

  • T. torquatus torquatus (sous-espèce nominale), qui se reproduit en Grande-Bretagne, en Irlande et en Scandinavie et hiverne dans le sud de l’Espagne et dans le nord-ouest de l’Afrique. En Bretagne, quelques couples se rattachant à cette sous-espèce ont niché dans les monts d’Arrée dans le Finistère de 1971 à 1986.
  • T. t. alpestris, qui niche dans les montagnes du centre et du sud de l’Europe et qui hiverne dans le sud des Balkans et dans le nord-ouest de l’Afrique du Nord. En France, elle se reproduit dans les Pyrénées, le Massif central, les Vosges et les Alpes.
  • T. t. amicorum, présente dans les montagnes de la Turquie à l’Iran et qui hiverne de l’Iran au Turkménistan.

En France et dans les pays voisins, les Merles à plastron de la sous-espèce nominale nordique torquatus de passage sont principalement observés en mars et en avril (avec un pic lors de la première partie de ce dernier mois), et dans une moindre mesure, entre la fin septembre et la mi-novembre (avec un pic à la fin du mois d’octobre). Ils font principalement des haltes dans les prairies, les champs et les étendues herbeuses (golfs, aérodromes, etc.), mais ils peuvent parfois être notés dans les zones urbaines, comme les pelouses des parcs, des espaces industriels et même des jardins : le 12 avril 2020, Marc Fasol en avait ainsi photographié un appartenant à la sous-espèce nominale depuis un affût installé dans son jardin proche de Bruxelles (Belgique), et le 8 avril 2021, un oiseau (voir des photos), peut-être de la sous-espèce alpestris, avait fait une halte dans le jardin de Jean-Yves Le Goff aux Sables-d’Olonne (Vendée) (lire Observer les oiseaux autour des Sables-d’Olonne).

Carte de répartition du Merle à plastron (Turdus torquatus) en Europe

Carte de répartition du Merle à plastron (Turdus torquatus) en Europe : en rouge, les zones de nidification au printemps, en bleu, les zones d’hivernage, et en violet, la zone où l’espèce est sédentaire (Alpes). Flèches sombres : trajet migratoire automnal entre le 4 et le 31 octobre 2013 d’un Merle à plastron équipé d’un radio-émetteur. Le trajet retour était similaire, mais il a duré plus longtemps.
Carte : Ornithomedia.com

Dans un article publié en 2015 dans le journal Bird Study, des biologistes britanniques avaient présenté les intéressants résultats d’une étude de la migration de cette espèce. Au Royaume-Uni, la population de Merles à plastron, qui appartient à la sous-espèce nominale, est en fort déclin depuis le XXe siècle, mais les raisons de cette diminution sont encore mal connues. Des lectures de bagues ont confirmé que les individus britanniques traversaient la France et l’Espagne en automne et au printemps pour rejoindre les montagne de l’Atlas marocain, mais beaucoup d’entre eux meurent sur le trajet, à cause de la chasse notamment : selon Wernaham et al (2002), 77 % des bagues auraient été trouvées sur des oiseaux morts en France !

Du 24 mai au 7 juillet 2013, dix mâles de la vallée de Glen Clunie, située dans l’Aberdeenshire, au nord-est de l’Écosse (Grande-Bretagne), avaient été équipés de radio-émetteurs fixés avec des harnais. Trois ont été revus en 2014, et l’un d’entre eux a pu être recapturé : les biologistes ont ainsi  pu analyser les données collectées par son équipement.

Ce mâle avait quitté l’Écosse le 4 octobre 2013. Il était arrivé dans la région de Bordeaux (Gironde) le 13 octobre, où il est resté 17 jours avant de s’envoler le 29 ou le 30 octobre vers les monts Atlas, dans le nord-ouest de l’Algérie, près de la frontière marocaine. Il a atteint le 31 octobre sa zone d’hivernage composée de forêts de genévriers riches en baies, où il est resté quatre mois. Des données collectées précédemment grâce au baguage avaient déjà montré que les oiseaux de Grande-Bretagne quittaient leurs zones de nidification entre la fin août et octobre, et que la plupart atteignaient l’Afrique du Nord à la fin du mois d’octobre. Il a quitté l’Algérie le 4 mars 2014 et est arrivé dans la vallée de Glen Glunie le 6 avril. Son trajet printanier a donc duré 32 jours, contre 28 en automne, dont 17 passés dans un même secteur en France, qui semble constituer une halte régulière et importante pour les oiseaux britanniques d’après plusieurs relectures de bagues.

Ce suivi donne pour la première fois les détails de la migration d’un Merle à plastron britannique, mais il n’est pas possible d’en tirer des conclusions sur le trajet suivi par la majorité des oiseaux de Grande-Bretagne. IL serait nécessaire d’équiper d’autres oiseaux, tout en poursuivant la technique classique du baguage.

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire