Le Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala) est assez grand (longueur de 15,5 à 17,5 cm).  Le mâle a la tête noire, le dessous jaune et le dessus brun-roux. La femelle est plus terne : le dessus est brun-roux, le croupion brun terne et le dessous jaune pâle, et elle présente un étroit cercle oculaire blanc  chamois (lire Les cercles oculaire et orbitaire des oiseaux, des termes souvent confondus). L’oiseau immature a la poitrine blanc chamois et le dos brun-gris bien rayé. L’espèce est très proche du Bruant à tête rousse (E. ruficeps), avec lequel elle peut s’hybrider (lire La conquête de l’Ouest du Bruant à tête rousse).

Son chant est une strophe s’accélérant légèrement, grave, au rythme haché, avec des « r » roulés. Il est typique et aide souvent à repérer un mâle. 

Écoutez ci-dessous un enregistrement du chant du Bruant mélanocéphale réalisé en Bulgarie le 4 mai 2016 par  Nikolay Sariev (source : Xeno-Canto) :

Il se reproduit dans la campagne dégagée et sèche et sur des versants arides avec des buissons et des arbres isolés.

C’est un passereau migrateur, qui niche de l’Italie à la mer Caspienne et au nord de l’Iran en passant par les Balkans, la Turquie, le Liban et Israël, et qui hiverne principalement dans le sous-continent indien.

Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala)

Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala) mâle dans le parc écologique Izadia à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) le 28 mai 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Miguel Eraso

Il est observé en France chaque année en petit nombre. Les données printanières (de la mi-avril à la fin juin) sont les plus nombreuses et correspondent à la période de passage prénuptiale de cette espèce, qui culmine à la fin du mois de mai. Les observations sont concentrées dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, mais des oiseaux peuvent être vus plus au nord et à l’ouest : à la fin du mois de mai 2023, des mâles ont ainsi été signalés à La Teste-de-Buch (Gironde), dans le parc zoologique Izadia près d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques) et à Saint-Priest (Rhône) (voir une synthèse des observations en France).

Malgré les observations régulières de mâles chanteurs (parfois cantonnés) à la fin du printemps dans le sud-est de la France dans des habitats a priori favorables (lire Observation intéressante d’un Bruant mélanocéphale chanteur en Savoie en juillet 2021) et l’existence d’une petite population proche dans le sud de la Lombardie (Italie), les cas de nidification prouvés dans l’hexagone sont rarissimes. Ce passereau recherche en effet des conditions écologiques particulières qui doivent être réunies : un climat chaud et sec, des collines orientées vers le sud, et une agriculture diversifiée, composée de petites parcelles où les produits chimiques ne sont pas ou peu utilisés (Pourquoi le Bruant mélanocéphale ne s’est-il pas encore installé en France ?).  

L’espèce est en expansion vers le centre et le sud-est de l’Europe, probablement en relation avec l’augmentation de la fréquence des été chauds et secs : un couple a par exemple déjà niché avec succès (quatre jeunes volants)  en 2017 près de Rottenburg-am-Neckar (Bade-Wurtemberg), dans l’ouest de l’Allemagne, dans un paysage de collines couvertes de vergers, de champs et de prés parfois bordés de haies épineuses, et dont une partie est cultivée de façon biologique (lire Nidification récente du Bruant mélanocéphale en Allemagne : un signe d’une expansion vers le Nord ?).

Aire de nidification du Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala)

Aire de nidification du Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala) : (A) petite population isolée en Lombardie (Italie), (B) nidification d’un couple en Allemagne en 2017, (C) nidification en Serbie depuis 2003 et (D) nidification en Croatie en 2022.
Carte : Ornithomedia.com

En Croatie, le Bruant mélanocéphale est un nicheur régulier le long de la côte adriatique, et une petite population s’est récemment établie à l’extrémité orientale du pays : non loin de la frontière serbe, trois mâles chanteurs et une femelle ont ainsi été observés en juin 2015, et deux mâles chanteurs et une femelle y ont été notés à la fin mai 2021, des observations répétées suggérant l’existence d’une petite population sur les pentes croates du massif de Fruška Gora.

Depuis, l’espèce a été découverte dans d’autres régions de la Croatie orientale : deux mâles chanteurs en mai et en juin 2019 et un mâle et une femelle en juin 2020 dans les environs de Nuštra, un mâle chanteur et une femelle dans les environs de Beli Manastir en mai 2021 et un mâle chanteur dans les environs de Donji Andrijevac en juin et en juillet 2021. Entre la fin mai et le début du mois de juillet 2022, trois mâles chanteurs ont été observés dans les environs de Čepinski Martinac. Presque toutes ces observations ont été faites dans ou à proximité de champs de colza, une plante offrant à la fois le gîte et le couvert (lire Le colza, une plante intéressante pour les oiseaux, les insectes et le sol).

La nidification du Bruant mélanocéphale a été prouvée pour la première fois dans l’est de la Croatie entre juin et juillet 2022 dans les zones agricoles proches des villages de Vrpolje et de Velika Kopanica, dans le comté de Brod-Posavina : les 24 et 26 juin, deux femelles transportant de la nourriture (orthoptères) ont été repérées, et trois jeunes ont été notés près de leur nid installé dans une friche du 8 au 11 juillet. 
 
Cette augmentation du nombre de données dans l’est de la Croatie est liée à la progression de l’espèce en Serbie. Dans ce pays, le nombre de couples est passé de 250-470 pour la période 1995-2002 à 1 800-2 700 pour la période 2008-2013. Ce passereau niche désormais dans le nord du pays : dès 2003, une année qui avait été particulièrement chaude et sèche, des oiseaux avaient été observés sur les pentes du mont Fruška Gora, non loin de la frontière avec la Croatie.

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