La Bernache à cou roux (Branta ruficollis) est une petite oie mesurant de 54 à 60 cm de long au plumage bariolé blanc, roux et noir facilement reconnaissable. Elle niche dans la toundra du nord de la Sibérie, principalement sur les péninsules de Taïmyr, de Gydan et de Yamal. Avant les années 1960, elle hivernait principalement le long de la côte occidentale de la mer Caspienne en Azerbaïdjan et en Iran, ainsi qu’en Irak, mais depuis les années 1970, son aire de hivernage s’est progressivement déplacée vers l’ouest, notamment sur la rive occidentale de la mer Noire, de petits groupes séjournant aussi en Hongrie, en Grèce et en Turquie. Des oiseaux isolés peuvent atteindre l’Europe de l’Ouest, probablement en suivant les grandes troupes de Bernaches cravants (Branta benicla) et nonnettes (B. leucopsis)  qui stationnent dans la mer des Wadden, le long de la mer du Nord (lire Observer les oiseaux dans la province de Zélande). L’espèce est rare et accidentelle en France : depuis la fin du mois de novembre 2023, un individu est par exemple présent parmi des Bernaches cravants dans les herbus de la baie du Mont-Saint-Michel (lire Observer les oiseaux en hiver dans les herbus de la baie du Mont-Saint-Michel), et une autre est visible dans les polders de la baie de l’Aiguillon en Charente-Maritime (lire La réserve naturelle de la baie de l’Aiguillon : slikke, schorre et oiseaux).

Situations du delta du Danube et de la Dobroudja (Dobrudja) (Roumanie)

Situations du delta du Danube et de la Dobroudja, les deux principales zones d’hivernage de la Bernache à cou roux (Branta ruficollis) en Roumanie.
Carte : Ornithomedia.com

C’est une espèce classée comme vulnérable par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, avec une population globale comprise en 2015 entre 44 000 et 56 000 individus selon Wetlands International.

Le sud-est de la Roumanie constitue désormais l’une des zones d’hivernage les plus importantes pour la Bernache à cou roux. Des comptages y sont effectués chaque année depuis 2012 de novembre à février dans le cadre d’un suivi international de l’espèce dans 17 zones humides principalement concentrées dans les régions de Baragan et de la Dobroudja. Dans un article publié en 2023 dans la revue Wildfowl, les résultats des recensements menés entre 2012 et 2022 ont été présentés : sur cette période, entre 8 660 et 23 783 individus ont été comptés, avec une moyenne de 16 322 oiseaux, ce qui représente environ 30 % de la population mondiale. Si les effectifs ont été croissance modérée dans la région de Baragan et en forte croissance dans la Dobroudja durant dix ans, l’évolution a été incertaine au cours des cinq dernières années.

Près de 75 % des Bernaches à cou roux ont été observées dans des zones humides protégées, et notamment dans deux d’entre elles : l’ensemble constitué des îles de Braila et du delta du Danube, et le complexe lagunaire de Razim-Sinoe. Les lagunes de Balta Alba Amara-Jirlau, de Calarasi, de Tataru et de Strachina accueillent aussi des effectifs significatifs. Près de 25 % des oiseaux se nourrissent dans des cultures avec les Oies rieuses (Anser albifrons) en dehors des zones protégées.

Les variations annuelles sont principalement dues aux conditions climatiques, les effectifs augmentant lors des hivers rudes.

La Bulgarie voisine accueille aussi de grandes troupes en hiver, principalement autour des lacs Durankulak et Shabla (lire À la recherche des Bernaches à cou roux dans la Dobroudja bulgare du 7 au 15 janvier 2006). Au cours des dernières années, des bernaches ont commencé à hiverner sur la côte ukrainienne et dans la région de Rostov (Russie).

Troupes hivernantes de Bernaches à cou roux (Branta ruficollis) et d’Oies rieuses (Anser albifrons) dans la Dobroudja roumaine en janvier 2016.
Source : Lucian Eugen

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