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La population bulgare d’Aigles pomarins dépasserait mille couples selon une estimation récente
Aigle pomarin (Clanga pomarina) adulte au Bélarus.
Photographie : Ron Knight / Wikimedia Commons
L’Aigle pomarin (Clanga pomarina) est un rapace de taille moyenne, avec une envergure de 142 à 168 cm. L’adulte a un plumage brun contrastant avec les rémiges et les rectrices gris foncé. Une tache blanche diffuse à la base de la main sur le dessus de l’aile. Le juvénile se distingue notamment de l’adulte par un plumage globalement plus sombre, des couvertures sus-alaires et sous-alaires, l’arrière de l’aile et une queue bordés de blanc, et un croupion plus pâle. Le plumage adulte est acquis au bout de cinq ans. Il se distingue notamment de l’Aigle criard (C. clanga) par une taille légèrement inférieure, une formule alaire différente, un iris ambré et non pas brun sombre et des couvertures sous-alaires plus claires que les rémiges (lire Identification en photos des Aigles criard et pomarin). Les deux espèces s’hybrident parfois, rendant l’indentification encore plus complexe (lire Les Aigles pomarin et criard en Estonie, et l’identification des hybrides).
Pendant la saison de reproduction, il émet souvent des « keeye-keeye » ressemblant au jappement d’un petit chien.
Il niche dans les forêts tempérées de feuillus et mixtes à proximité d’espaces ouverts, principalement des pâturages, des marais, des prairies, des champs cultivés et des plans d’eau. Il se nourrit principalement de petits mammifères, mais aussi d’amphibiens, de reptiles, de petits oiseaux et d’insectes. L’espèce est monogame.
Aires de répartition européenne des Aigles pomarin (Clanga pomarina) (A) et criard (C. clanga) (C) en Europe. En orange (B), la zone de chevauchement des aires, où les cas d’hybridation sont les plus élevés. |
Son aire de nidification s’étend de la vallée de l’Elbe (Allemagne) à la Biélorussie et à l’ouest de la Russie (lire Bonne surprise concernant les populations d’Aigles criard et pomarin dans le centre de la Russie d’Europe), en passant l’Europe centrale et orientale, la Turquie (lire À la découverte de deux forêts inondables en Turquie), le Caucase et le nord de l’Iran, et il hiverne principalement en Afrique tropicale après avoir survolé le détroit du Bosphore ou le Caucase (suivant la zone de nidification), puis le Proche-Orient. La population globale nicheuse de l’espèce serait comprise entre 14 000 et 19 000 couples, dont 95 % en Europe (y compris en Russie). En France, un couple niche dans le bassin du Drugeon (Doubs) (lire L’Aigle pomarin a niché dans le Jura français en 2005), et il aurait essayé de nicher en Catalogne espagnole (lire L’Aigle pomarin a essayé de nicher en Catalogne en 2011 et en 2012 !).
En Bulgarie, l’Aigle pomarin se reproduit principalement dans les monts Dervent et de Sakar, sur les contreforts occidentaux du massif de Strandja, dans les parties inférieure et moyenne du bassin de la Tundja, dans les Balkans orientaux et dans les Rhodopes orientales (lire Séjour ornithologique à la fin du printemps dans les Rhodopes orientales et sur les côtes de la mer Noire). Des populations plus petites sont réparties dans la Dobroudja, dans les plaines du Danube et de la Thrace, dans les Rhodopes occidentales, dans les monts Sredna Gora, Vitosha et de Plana. L’évolution du nombre de couples varie selon les régions : il augmente dans les monts Sakar et de Dervent, alors qu’il décline dans le massif de Strandja, en raison de la dégradation de son habitat.
La population nicheuse d’aigles pomarins en Bulgarie est estimée à plus de 600 couples selon le projet européen LIFE for Eagles (lire À propos du projet LIFE de protection de l’Aigle pomarin en Roumanie), mais ce chiffre pourrait être sous-estimé. Dans un article publié en 2023 dans la revue Raptors Conservation, les auteurs estiment en effet qu’il pourrait y avoir plus de 1 000 couples dans le pays, en se basant sur les résultats de recherches intensives sur le terrain menées en Bulgarie orientale et centrale entre 2014 et 2023, où plus de 450 territoires occupés ont été cartographiés.
La plupart des aires trouvées étaient installées en lisière de forêt, 19 % le long des rivières, et seulement 2 % dans des arbres isolés. L’espèce niche principalement dans des mosaïques de forêts, de prairies et de cultures. Une analyse des proies (n = 523), basée sur une collecte des restes alimentaires dans les nids (n = 45), a montré que les principaux animaux chassés étaient les campagnols (43 % du total) et le Hérisson de Roumanie (Erinaceus roumanicus) (13 % du total). Une autre étude, réalisée à l’aide de pièges photographiques (n = 24 nids) (lire Utiliser les pièges photographiques pour étudier et observer les oiseaux) et de 141 985 photographies, a permis d’identifier 1 357 proies différentes, dont 36 % de campagnols (36 %) et 30 % de lézards.
Environ 60 % de la population nicheuse bulgare vivent dans des Zones de Protection Spéciale, mais seulement 2,3 % dans des réserves naturelles, ce qui témoigne d’une protection insuffisante de l’espèce. Or la pression anthropique croissante, entraînant une modification des zones de nourrissage et de nidification (labourage des prairies, gestion forestière inappropriée, dérangements, construction de parcs éoliens et de parcs solaires et incendies), représente un risque sérieux pour l’avenir de l’Aigle pomarin dans ses bastions bulgares.
Les principales mesures de conservation de l’Aigle pomarin en Bulgarie, prises notamment dans le cadre des projets LIFE successifs, comprennent le soutien à des pratiques forestières et agricoles favorables, l’amélioration de la qualité des zones de reproduction et d’alimentation, la surveillance des aires, le suivi par satellite d’individus équipés d’émetteurs, l’isolation des poteaux électriques les plus dangereux, la formation de forestiers, de chasseurs et d’agriculteurs et la mise en œuvre de programmes éducatifs auprès des enfants et des communautés locales.
Aigle pomarin (Clanga pomarina) en Bulgarie.
Source : RedDataBookBulgaria
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Aigle pomarin (Clanga pomarina)
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- Identifier les rapaces en vol Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient (2017) de Dick Forsman
- Le Guide ornitho (2015) de Lars Svensson et Killian Mullarney
Sources
- LIFE for Eagles habitats (2025). Conservation measures for the Lesser Spotted Eagle and its habitats in Bulgaria. Référence : LIFE18 NAT/BG/001051 .webgate.ec.europa.eu
- D. A. Demerdzhiev, D. D. Dobrev, A. G. Delchev, L. D. Angelov, N. G. Terziev, M. D. Iliev, G. S. Georgiev, Z.N. Boev, N. P. Nedyalkov et V. S. Arkumarev (2023). Distribution, Population Status, Habitats, and Conservation of Lesser Spotted Eagle in Bulgaria. Raptors Conservation. Volume : 0. Supplément : 2. doaj.org




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