L’Outarde arabe (Ardeotis arabs) a un dessus du corps brun, un cou gris et un ventre blanc, et des taches blanches sont visibles sur les ailes repliées. Comme toutes les espèces de la famille de Otitidés, les mâles sont beaucoup plus grands que les femelles, avec un poids pesant entre 5,7 et 10,9 kg et une hauteur de plus de 90 cm, contre de 4,5 à 7,7 kg et 70 cm pour les secondes.

Elle vit en couple ou en petits groupes dans les savanes, les steppes arborées et les zones cultivées de façon traditionnelle, où la femelle pond de un à deux œufs dans une petite dépression creusée dans le sol. Elle se nourrit de gros insectes, de reptiles et de petits mammifères, mais aussi de fruits et de graines. 

Son aire de répartition s’étend du Maroc (où elle est toutefois sûrement éteinte, la dernière observation remontant à 1962) à la péninsule arabique, où elle est devenue très rare, la majorité de sa population étant concentrée au Sahel, même si elle est en fort déclin : des comptages effectués en voiture le long  de lignes de transect en 2004 dans la zone sahélienne du Mali et du Niger n’avaient ainsi permis de noter aucun individu, alors que l’espèce était fréquemment observée dans les mêmes secteurs au début des années 1970. L’espèce était par ailleurs autrefois assez commune dans la région du lac Tchad, au nord du Nigéria, mais elle pourrait maintenant avoir disparu de ce pays, ainsi que probablement du nord du Cameroun, bien que des recherches n’aient pas été possibles dans cette région depuis  plusieurs années. 

Quatre sous-espèces sont reconnues :

  • Ardeotis arabs arabs : corne de l’Afrique (Érythrée, Djibouti, Éthiopie et Somalie) et péninsule arabique.
  • Ardeotis arabs lynesi : Maroc (probablement éteinte).
  • Ardeotis arabs stieberi : du sud de la Mauritanie au nord-est du Soudan.
  • Ardeotis arabs butleri : du sud du Soudan au nord-ouest du Kenya (très rare).
Aire de répartition maximum de l'Outarde arabe (Ardeotis arabs)

Aire de répartition maximum de l’Outarde arabe (Ardeotis arabs).
Carte : Ornithomedia.com d’après Birdlife International

L’état de conservation de l’Outarde arabe dans la péninsule arabique est précaire depuis des décennies, mais son statut exact y est mal connu. En Arabie saoudite, les dernières observations sont concentrées dans dix sites répartis dans la plaine côtière bordant la mer Rouge, tandis qu’au Yémen, elles proviennent de vingt secteurs dans les régions baignées par la mer Rouge et de l’océan Indien.

Les dernières observations en Arabie saoudite continentale datent de plus de 30 ans, bien que plusieurs observations aient été faites dans les années 2010 sur l’île de Farasan, en mer Rouge. Au Yémen, les dernières données remontent à 2011, mais selon un article publié en décembre 2024 dans le journal Sandgrouse, une population, dont la taille n’a pas été précisée dans le résumé disponible, y survivrait encore.

Depuis le début de recherches ciblées et sporadiques en 1985, il apparaît que les effectifs de cette espèce dans ces deux pays sont très faibles, seules quelques zones agricoles traditionnelles, où sont cultivés le sorgho et le mil, l’accueillant encore, au moins de façon occasionnelle.

Les principales causes de déclin de l’Outarde arabe en Arabie Saoudite sont la chasse, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que le surpâturage, tandis qu’au Yémen, le facteur le plus important est probablement le trafic illégal d’oiseaux vivants auprès de riches Saoudiens, ainsi que la chasse au fusil (surtout pratiquée par des non-résidents), les prélèvements (y compris des œufs) à des fins de subsistance, le surpâturage, le développement agricole, la succession des épisodes de sécheresse ainsi que les effets inconnus mais probablement négatifs de la guerre civile qui oppose depuis l’été 2014 les forces armées nationales aux rebelles chiites Houthis. Toutefois, selon les auteurs de l’article, ce conflit aurait paradoxalement permis le survie d’une population en limitant la pratique de la chasse.

Des mesures de conservation urgentes, incluant des recherches sur le terrain, la désignation de zones protégées et des programmes d’élevage en captivité et de lâchers d’individus, sont préconisées par les auteurs. Précisons que 150 oiseaux issus de lignées yéménites vivent actuellement en captivité à Abou Dabi (Émirats Arabes Unis).  

Outarde arabe (Ardeotis arabs arabs) dans la réserve naturelle Ali Dege (Éthiopie) en mars 2018.
Source : Sunrise Birding LLC

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire