L’Alouette de Botha (Spizocorys fringillaris) mesure entre 13 et 14 cm de long. C’est un passereau globalement brun-grisâtre, avec des sourcils clairs,  les rémiges et les rectrices externes blanches, la gorge gris-blanc, la poitrine et les flancs chamois, des stries noires sur la poitrine, le bas-ventre et dessous de la queue blanchâtres et un bec conique et des pattes rosâtres. Les deux sexes ont le même plumage et le juvénile se distinguent par ses parties supérieures tachetées de blanc et l’extrémité chamois de ses ailes.  

Elle est endémique des prairies d’altitude à l’herbe rase des hauts plateaux (Highveld) du sud-est du Mpumalanga et de l’est du Free State (principalement), dans le bassin de la Vaal River, en Afrique du Sud. Elle est rarissime et en danger critique d’extinction, avec une population estimée d’environ 340 adultes en 2024. La tendance est très négative, avec une population qui a diminué d’environ 90 % au cours de la dernière décennie selon les plus récentes études (2025). Dans les années 1980, il y avait encore près de 20 000 individus, de 1 500 à 5 000 au début des années 2000 et moins de 2 500 en 2015. 

Les causes de ce déclin sont la mise en culture et la destruction des prairies d’altitude, le surpâturage ou au contraire le pâturage trop extensif, qui favorise la pousse des herbes, rendant l’habitat inadéquat, le changement climatique, les dérangements et la prédation. 

Aire de répartition de l'Alouette de Botha (Spizocorys fringillaris)

Aire de répartition de l’Alouette de Botha (Spizocorys fringillaris).
Carte : Ornithomedia.com

Pour tenter d’empêcher de l’extinction l’espèce, l’association BirdLife South Africa a mis en place une équipe dédiée à la conservation des prairies afin de mener des recherches en vue de la mise en œuvre de mesures de conservation. Cette équipe comprend un spécialiste de la biodiversité des hauts plateaux et de l’agriculture durable, un agent de liaison avec les propriétaires fonciers et les communautés locales, et un biologiste chargé de mener des recherches. 

La première mission de cette équipe a été de lancer des recherches pour évaluer le statut actuel de l’espèce.  Le biologiste Matthew Orolowitz a parcouru plus de 500 kilomètres en 2024 et en 2025, et sa persévérance a été récompensée avec la découverte en 2024 d’une petite population composée de 19 nids contenant chacun deux à trois œufs. Toutefois, seuls huit oisillons ont pris leur envol, les autres individus ayant péri à cause de la prédation et de conditions météorologiques défavorables. Ce faible succès de reproduction souligne la vulnérabilité de l’espèce.

Afin d’étendre le champ des recherches, une vaste opération a été organisée en 2025, avec l’aide de plus de 40 ornithologues bénévoles. L’accès à leurs terres a été autorisé par des agriculteurs, les autorités foncières communautaires et d’autres utilisateurs et les observateurs ont pu visiter plusieurs sites entre Amersfoort et Harrismith. Le point culminant de cette opération a été la découverte d’une population jusque-là inconnue d’Alouettes de Botha (NDLR : dont l’effectif  n’a pas été précisé), démontrant l’importance de la science participative et des efforts coordonnés sur le terrain. Cette découverte revêt une importance capitale dans la lutte pour sauver l’espèce de l’extinction.

Matthew Orolowitz souligne qu’il n’existe pas de solution miracle pour enrayer le déclin de l’espèce, car de nombreux facteurs y contribuent. La collaboration doit être poursuivie entre les autorités de conservation, les agriculteurs, les propriétaires et les gestionnaires communautaires afin de protéger des refuges.

Ernst Retief, responsable du programme de conservation des paysages chez BirdLife South Africa, insiste sur la nécessité de « conserver l’ensemble des secteurs où vit encore l’Alouette de Botha, ce qui profitera non seulement à cette espèce, mais aussi aux autres oiseaux, mammifères, invertébrés et plantes qui partagent son habitat. David Ehlers Smith, responsable du projet scientifique et d’aménagement du territoire de BirdLife South Africa, ajoute : « si la découverte de petites populations reproductrices est encourageante, la réalité est alarmante : une vingtaine d’observations seulement ont été faites au cours des cinq à dix dernières années. Il est essentiel de confirmer la présence de l’espèce dans d’autres endroits afin d’orienter nos priorités de recherche et d’assurer sa survie ».

BirdLife South Africa invite donc tous les ornithologues amateurs, les propriétaires fonciers et les défenseurs de l’environnement à contribuer à la sauvegarde de cette espèce emblématique.

Alouette de Botha (Spizocorys fringillaris) défendant son nid dans la province de Mpumalanga (Afrique du Sud) en janvier 2018.
Source : Derek Engelbrecht

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire