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Arrivée importante et précoce d’Orites à longue queue nordiques dans le sud de la Finlande en septembre 2025
Orite à longue queue nordique (Aegithalos caudatus caudatus) à Göteborg (Suède) en décembre 2012.
Photographie : Gegik / Wikimedia Commons
L’Orite (anciennement Mésange) à longue queue (Aegithalos caudatus) est un petit passereau de 13 à 16 cm de long, dont 6 à 10 pour la queue. Son plumage est bariolé de blanc, de gris, de noir et de rose, et les deux sexes sont identiques. Son aire de répartition s’étend de l’Europe à l’Asie de l’Est, et de 17 à 19 sous-espèces sont reconnues, qui se distinguent principalement par la couleur de leur tête, qui est entièrement blanche chez la sous-espèce nominale nordique (A. c. caudatus), alors que de larges sourcils noirs sont visibles chez la sous-espèce A. c. europaeus qui se reproduit dans une grande partie de l’Europe centrale, dont le nord-est de la France et la Belgique (lire Un couple « mixte » d’Orites à longue queue observé en Belgique au printemps 2023).
Orite à longue queue nordique (Aegithalos caudatus caudatus) dans le quartier de Berlin-Lichterfelde (Allemagne). |
Il n’est pas toujours facile d’identifier avec certitude une Orite à longue queue nordique, et il est conseillé de combiner les critères suivants :
- une tête d’un blanc immaculé à 99 %.
- Une bordure nette entre le blanc de la tête et le noir du cou.
- Beaucoup de blanc sur les ailes (notamment sur les bordures des rémiges tertiaires).
- Un dessous clair sans stries sombres et avec une teinte rosée, notamment sur le bas-ventre.
Certains auteurs considèrent cette sous-espèce nominale comme une espèce à part entière, mais l’existence d’hybrides ne plaident pas en faveur de cette hypothèse. Elle n’est toujours pas soumise à homologation par la plupart des comités d’homologation nationaux (dont ceux de la France et de la Belgique) en raison de la trop grande incertitude concernant son identification (lire Les Orites à longue queue nordiques : attention aux pièges !).
La sous-espèce nominale (ou nordique) niche en Europe du Nord (Scandinavie et Pays baltes), en Pologne, en Russie, en Ukraine et vers l’Est jusqu’en Chine. Lors de certains automnes, les populations de la taïga du nord de la Scandinavie et de Russie migrent en plus grand nombre que d’habitude vers le Sud. En Europe, ces mouvements ne dépassent généralement pas les pays qui bordent la mer Baltique, le sud de l’Ukraine et de la Russie. Ils peuvent concerner plusieurs dizaines de milliers d’individus : ainsi, près de 21 000 individus avaient été bagués durant l’automne 2000 dans la station biologique de Rybachy, située dans l’enclave russe de Kaliningrad.
Les causes exactes de ces irruptions sont mal connues, mais elles ont vraisemblablement lieu lorsque le succès de reproduction du printemps précédent a été particulièrement élevé. Le lien avec une disponibilité insuffisante en nourriture ne semble pas établi, d’autant plus que le régime alimentaire de l’Orite à longue queue est varié (invertébrés, graines, etc.). Cette absence de relation avait aussi été démontrée pour un autre oiseau nordique connu pour ces « invasions », le Jaseur boréal (Bombycilla garrulus) (lire Les irruptions de Jaseurs boréaux ne seraient pas liées à une faible fructification des Sorbiers des oiseleurs en Scandinavie).
Durant l’automne 2010, une irruption de grande ampleur d’Orites à longue queue nordiques a atteint l’Europe occidentale, y compris la France, donc bien au-delà de la limite méridionale de l’aire de répartition classique de cette sous-espèce. Des mouvements majeurs avaient déjà été notés dans le passé, comme en 1963, 1966, 1971, 1973, 1985, 1992 ou 2000, mais ils s’étaient généralement arrêtés aux pays riverains de la mer Baltique, n’atteignant que marginalement les Pays-Bas (en 1971 et en 1992 par exemple).
Orite à longue queue nordique (Aegithalos caudatus caudatus) dans le parc naturel de Südheide (Allemagne) en janvier 2015. |
L’irruption de 1973 avait été particulièrement étudiée. Plus de 10 000 individus avaient été comptés dans six stations ornithologiques finlandaises, ce qui suggère que le nombre d’oiseaux réellement concernés était certainement au moins dix fois supérieur. Des nombres encore plus importants ont envahi les États baltes et la Pologne ; rien que dans les stations ornithologiques de Kabli, de Pape et de Mierzeja Wislana, plus de 13 000 avaient été bagués. La plupart d’entre eux ne venaient pas de Finlande mais du nord-ouest de la Russie, de sorte que le nombre total d’Orites à longue queue nordiques qui sont arrivées en Europe du Nord en 1973 devait être très élevé, probablement plusieurs centaines de milliers d’individus. Les oiseaux originaires du nord de la Russie, ont ensuite été rejoints par les populations nicheuses de Fennoscandie et des Pays baltes. Le grand nombre d’individus impliqués laisse penser que les zones de départ étaient vastes, l’espèce n’étant abondante nulle part en période de nidification.
En Finlande, les plus fortes concentrations ont été notées dans les régions centrales et nordiques, avec par exemple 2 350 oiseaux à Hailuoto (province d’Ostrobotnie du Nord) en quelques jours, 1 300 à Tauvo (Ostrobotnie du Nord) en dix jours, et plusieurs milliers à Björköby (Ostrobotnie), un point clé du suivi de la migration vers la Suède. Ces chiffres dépassaient largement ceux enregistrés lors des précédentes irruptions dans ces régions. En revanche, dans le sud du pays, les effectifs restaient comparables à ceux des années antérieures. La plupart des Orites à longue queue avaient quitté la Finlande vers l’Ouest, en direction de la Suède, en contournant le golfe de Botnie ou en le traversant, ou vers le Sud, en direction de l’Estonie. Seule une petite partie des oiseaux avait traversé la mer Baltique, le principal courant migratoire suivant la rive orientale à travers les États baltes, où un très grand nombre d’oiseaux a été bagué. Ce mouvement intense a atteint le nord-est de la Pologne, mais il s’est arrêté peu après. Aucun afflux notable n’a été signalé dans l’ouest de la Pologne, ni dans le nord de l’Allemagne. Il n’y a pas eu non plus de mouvement remarqué dans le sud de l’Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique.
Situation de la station ornithologique de Hanko (Finlande). |
En 1973, les premiers signes d’invasion ont été observés dans l’est de la Finlande au début du mois de septembre. À la mi-septembre, des observations ont été signalées sur la quasi-totalité du territoire finlandais, et la première vague de migrateurs a atteint l’ouest de l’Estonie. Fin septembre, l’invasion s’est étendue à la majeure partie de la Finlande, aux Pays baltes et à la Pologne. Début octobre, l’invasion avait atteint les régions côtières les plus méridionales de la péninsule scandinave. Le mouvement a atteint son intensité maximale au début du mois d’octobre dans le centre et sur la côte ouest de la Finlande, vers la mi-octobre dans le sud-ouest de la Finlande, le centre et le sud de la Suède et sur la côte sud-est de la mer Baltique, et durant la seconde moitié du mois d’octobre à l’extrémité sud de la Norvège. L’intensité de l’invasion a rapidement diminué à la fin du mois d’octobre,
En 2025, sur la page Facebook de la station ornithologique finlandaise de Hanko, située à l’extrémité sud du pays (lire Le nombre record de Mésanges noires comptées le 1er octobre 2023 au sud de la Finlande pourrait être lié à l’été chaud en Russie), on apprend qu’un nombre particulièrement élevé d’Orites à longue queue nordiques a été observé depuis la dernière semaine du mois de septembre, ce qui suggère que le passage sera peut-être « intense » cette année. Un pic journalier de 8 600 oiseaux aurait été atteint ! Il n’est pas possible de déterminer dès à présent si le mouvement migratoire de 2025 sera aussi important que celui de 1973, voire que celui de 2010, qui avait atteint la France et les pays voisins, mais le phénomène est suivre avec attention.
Orites à longue queue nordiques (Aegithalos caudatus caudatus) capturées après baguage en Suède en septembre 2012.
Source : Martin Alexandersson
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Compléments
Dans la galerie d’Ornithomedia.com
- Orite à longue queue (Aegithalos caudatus)
- Orite à longue queue nordique (Aegithalos caudatus caudatus)
Sources
- Hangon lintuasema (2025). Nyt ne saapuvat! www.facebook.com
- Alain De Broyer (2012). L’afflux de Mésanges à longue queue nordiques Aegithalos caudatus caudatus en Wallonie et à Bruxelles lors de l’hiver 2010-2011. Aves. Volume : 49. Numéro : 4. Pages : 193-204. aves.natagora.be
- Olavi Hilden (1977). Mass irruption of Long-tailed Tits Aegithalos caudatus in Northern Europe in 1973. Ornis Fennica. Volume : 54. ornisfennica.journal.fi




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