L’Outarde à tête noire (Ardeotis nigriceps) est un grand oiseau terrestre (longueur de 92 à 122 cm et envergure pouvant atteindre 2,5 m). Le mâle a une calotte noire qui peut être érigée. Les petites et moyennes couvertures sont marron et le reste de l’aile est noir tacheté de blanc. Le dessous est blanc et une bande noire barre sa poitrine. Les flancs et les sous-caudales sont tachetés de noir. La femelle ressemble au mâle mais elle est plus petite, le blanc de la tête et du cou est moins pur, la bande pectorale est souvent plus petite ou moins marquée. Pendant la parade, le mâle émet une plainte puissante et explosive que l’on peut entendre de loin. Le cri d’alarme est une sorte d’aboiement ou de mugissement.

Aire de répartition actuelle de l'Outarde à tête noire

Aire de répartition estimée (en rouge) de l’Outarde à tête noire (Ardeotis nigriceps) en 2015. L’emplacement du Desert National Park, situé dans le désert du Thar et où des oiseaux nés en captivité devraient être lâchés à partir de 2026, est indiqué. 
Carte : Ornithomedia.com

L’Outarde à tête noire vit dans les prairies arides ou semi-arides parsemées de buissons épineux. Autrefois répandue dans tout le sous-continent indien, l’Outarde à tête noire ne subsiste plus principalement qu’en Inde, principalement dans le désert du Thar, surtout dans les districts de Jaisalmer, de Barmer et de Bikaner, dans l’État du Rajasthan. De petites populations en déclin sont dispersées dans les États du Gujarat, du Maharashtra, du Karnataka, de l’Andhra Pradesh et du Madhya Pradesh. Il resterait aussi quelques oiseaux (une trentaine ?) dans la province du Cholistan au Pakistan. L’espèce est menacée par la l’agriculture intensive, les lignes électriques, les éoliennes, les dérangements et la chasse illégale, et il ne restait plus que 250 individus en 2011 et 150 en 2018 (lire L’Outarde à tête noire victime de la pression démographique).  

Face à cette situation critique, un programme d’élevage en captivité (le « Bustard Recovery Program ») a été lancé en 2019 tente d’éviter la disparition totale de l’espèce (lire Pramod Patil et la protection de l’Outarde à tête noire). Ce programme est un partenariat entre le Wildlife Institute of India, le Rajasthan Forest Department et le Ministère indien de l’Environnement.

Ce programme a collecté 42 œufs dans la nature et les a fait éclore dans des incubateurs (le taux d’éclosion atteint près de 95 %). Plusieurs des oiseaux nés en captivité se sont reproduits à partir de 2023 (via des accouplements ou des inséminations artificielles) et ont pondu des œufs, qui ont également éclos en incubateur. On compte désormais plus 45 oiseaux dans les centres d’élevage, ce qui permet d’éloigner le risque d’extinction totale de l’espèce. 

La population totale actuelle de l’Outarde à tête noire atteindrait donc désormais 173 oiseaux, dont 128 à l’état sauvage et 45 en captivité, soit un chiffre légèrement supérieure aux 150 oiseaux estimés en 2018, ce qui semble éloigner à court terme le risque d’extinction. 

Les équipes travaillent à l’introduction dans la nature dès 2026 d’une partie des oiseaux nés dans des volières : certains jeunes sont ainsi élevés sans contact humain afin de pouvoir être lâchés, tandis que près de 180 km² d’habitats favorables du désert du Thar sont protégés, restaurés et/ou sécurisés (pose de clôtures pour empêcher l’accès aux chiens errants, aux porcs et autres prédateurs) dans le Desert National Park et dans le champ de tir militaire de Pokhran par le Rajasthan Forest Department.

Vidéo des premiers essais de vol d’une Outarde à tête noire (Ardeotis nigriceps) née en captivité dans un centre d’élevage de l’espèce créé dans l’État du Rajasthan (Inde).
Source  : Natural Indian

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