L’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon est situé dans l’océan Atlantique nord, à 25 km au sud de la province canadienne de Terre-Neuve. Il est composé de trois îles principales : Saint-Pierre (26 km²), Miquelon (110 km²) et Langlade (91 km²), ces deux dernières étant reliées par un isthme de sable de 12 km de long. On compte aussi quelques îlots, comme l’île aux Marins. et Le Grand Colombier. Son avifaune est variée et intéressante, et plus de 336 espèces y ont été observées. On peut y rencontrer des espèces nicheuses et hivernantes typiques de l’est du Canada, et de par sa position géographique, des oiseaux occasionnels y sont vus chaque année (lire Observer les oiseaux dans l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon), notamment en automne (lire Séjour ornithologique automnal dans l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon).

Aires de nidification des Macareux moine (Fratercula arctica), cornu (Fratercula corniculata) et huppé (F. cirrhata)

Aires de nidification des Macareux moine (Fratercula arctica) (A), cornu (F. corniculata) (B) et huppé (F. cirrhata) (C) et emplacements de plusieurs données récentes de Macareux cornus (points rouges) et huppés (points verts) dans l’Arctique canadien et au Groenland. L’emplacement de Saint-Pierre-et-Miquelon (France) est indiqué. 
Carte : Ornithomedia.com d’après Kurt K. Burnham et al / Polar Research

L’îlot rocheux du Grand Colombier, qui mesure 1 300 mètres de long sur 500 mètres de large, accueille l’une des plus grandes colonies françaises d’oiseaux marins. Elle est composée d’une dizaine d’espèces, dont plus de  200 000 couples d’Océanites culblanc (Hydrobates leucorhous) et au moins 10 000 de Macareux moines (Fratercula arctica).

Dans le  rapport consacré aux observations d’espèces rares dans la région atlantique durant l’été 2025 publié sur le site web de l’American Birding Association, on apprend qu’un Macareux huppé (F. cirrhata) a visité le 3 juillet la colonie de Macareux moines du Grand Colombier, fournissant ainsi la première donnée de cette espèce pour l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon (et donc pour la France). Des photographies ont été prises (voir les deux photos publiées).

Le Macareux huppé est un Alcidé nichant dans le Pacifique Nord, du Japon et de la Sibérie orientale (lire Séjour ornithologique au Kamtchatka en juin-juillet 2006 : première partie) à l’Alaska (lire Observer les oiseaux des îles Pribilof), atteignant ls îles Farallon en Californie. Depuis les quarante dernières années, ils ont étendu vers le Nord la limite de leur zone de nidification. 

Il existe plusieurs données de Macareux huppés dans l’Atlantique Nord, impliquant toujours des oiseaux isolés : un individu en Suède en juin 1984, un le 7 août 1997 sur la côte ouest du Spitzberg, dans l’archipel norvégien du Svalbard (lire Observer les oiseaux au Svalbard), un au centre-ouest du Groenland à la mi-août 2009, un en Grande-Bretagne en septembre 2009 (lire Observation d’un Macareux huppé en Grande-Bretagne), un au large du Maine (États-Unis) entre la mi-juin et la mi-juillet 2014 (un avait aussi été tué durant l’hiver 1831-1832), un individu photographié le 20 mai 2016 en mer au large de Land’s End, dans les Cornouailles (Grande-Bretagne), un le 14 juillet 2019 au nord de l’île aux Ours (Bjørnøya), au sud de l’archipel du Svalbard, un tué le 17 janvier 2020 entre les îles de Streymoy et de Vágar, dans l’archipel danois des Féroé (lire Observer les oiseaux sur les îles Féroé, un archipel isolé dans l’Atlantique Nord), et un au large du Maine en août 2022 (voir la vidéo en bas de l’article).

Dans un article publié en juin 2020 dans la revue Polar Research, des biologistes du High Arctic Institute, basé dans l’Illinois (États-Unis), avaient également signalé les premières observations de cette espèce dans le Haut-Arctique, au nord-ouest du Groenland. Selon Mc Keon et al (2016), les mouvements croissants d’oiseaux et de mammifères marins entre le Pacifique Nord et l’Atlantique Nord seraient liés aux périodes libres de glace de plus en plus longues de l’Arctique canadien. Les Macareux huppés observés au nord du Canada et au Groenland sont en effet finalement plus près du détroit de Davis, qui sépare le Groenland et la Terre de Baffin (Canada), que de leurs zones d’hivernage habituelles dans le Pacifique Nord.

Si, comme le prévoient les modèles climatiques, l’océan Arctique sera de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps libre de glace en été, il est probable que le Macareux huppé finisse par s’installer dans l’Atlantique Nord. Ces échanges accrus pourraient en outre favoriser les hybridations entre différentes espèces du genre Fratercula : un phénomène comparable a en effet déjà été signalé entre des mammifères marins du Pacifique Nord et de l’Atlantique Nord (lire Le réchauffement climatique pourrait favoriser l’installation des Macareux huppé et cornu dans l’Atlantique Nord).

Documentaire sur l’observation d’un macareux huppé un au large du Maine (États-Unis) en août 2022.
Source : News Center Maine

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