La Chouette de l’Oural (Strix uralensis) est un rapace nocturne assez grand, de la taille d’une buse (longueur de 50 à 59 cm et envergure de 103 à 124 cm) au plumage brun-gris chamois plus pâle que celui de la Chouette hulotte (S. aluco), à laquelle est elle apparentée. Ses yeux sont noirs, contrastant avec sa face pâle. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel apparent, mais le mâle est un peu plus petit et un peu plus léger que la femelle. Son bec est jaune paille. Elle installe son nid dans des cavités d’arbre spacieuses ou dans des nids abandonnés de rapaces à des hauteurs comprises entre 4 et 20 m. De manière plus occasionnelle, elle peut l’édifier sur de grosses branches, dans des crevasses de rochers ou à terre entre des racines, voire sur des structures humaines (lire Premier cas de nidification de la Chouette de l’Oural sur une structure métallique).

Elle niche dans la taïga parsemée de marais et de clairières, mais aussi dans les forêts de hêtres en montagne.  En dehors de la période de nidification, elle chasse dans les espaces ouverts riches en rongeurs, y compris dans les cultures, parfois non loin des villes (lire « Afflux » de Chouettes de l’Oural dans les zones urbaines de Slovaquie en 2017-2018).

Aire de répartition de la Chouette de l'Oural (Strix uralensis) en Europe

Aire de répartition de la Chouette de l’Oural (Strix uralensis) en Europe. En Norvège, l’espèce n’est présente que dans le sud-est du pays, le long de la frontière suédoise. 
Carte : Ornithomedia.com d’après Scherzinger (2006) 

Son aire de répartition s’étend de l’Europe centrale au Japon. Sur notre continent, elle est en expansion vers l’Ouest (lire À propos de la Chouette de l’Oural en Italie), et elle a été réintroduite en Bavière (Allemagne) et dans les Alpes autrichiennes.

En Norvège, le premier cas de reproduction a été découvert en 1886. Jusqu’en 2000, 16 cas de nidification  ont été recensés : 14 dans le comté de Hedmark, un dans celui du Nord-Trøndelag et un dans le Nordland. Durant cette période, le nombre de nids recensés n’a jamais dépassé deux par an, à l’exception de 1981, où trois aires occupées ont été recensées.

Depuis 2000, dans le cadre du « Prosjekt slagugle », des centaines de nichoirs ont été posés dans le Hedmark, qui est bordé par la Suède, mais aussi dans le comté suédois de Värmland. Au cours de 22 campagnes de suivi menées depuis 2000, 451 nichoirs ont été inspectés 5 425 fois. Tous ceux qui ont été occupés ont fait l’objet d’une attention particulière : baguage des femelles et des jeunes et collecte d’informations. Toutes les données ont été analysées et publiées dans un rapport publié récemment par Birdlife Norge. 

On y apprend que dans la partie suédoise de la zone d’étude, le nombre de nids de Chouettes lapones a augmenté chaque année jusqu’en 2010, puis qu’il a varié entre 32 et 39 lors des meilleures années. Côté norvégien, un seul site historique était occupé jusqu’en 2005, puis le nombre a progressé, en particulier lors des pics des populations de petits rongeurs : 3 en 2007, 9 en 2011, 14 en 2014, 14 en 2018 et 23 en 2022. 

Les Chouettes lapones suivies préfèrent les nichoirs posés à la lisière des tourbières et des forêts, préférant les boisements anciens. La plupart des nichoirs sont occupés plusieurs années de suite : les territoires les plus anciens (établis avant 2008) sont ainsi utilisés en moyenne huit fois par trois ou quatre femelles différentes. 

Ces nichoirs sont parfois utilisés par le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) et le Harle bièvre (Mergus merganser), et plus rarement par le Garrot à œil d’or (Bucephala clangula), la Chouette hulotte (Strix aluco) et l’Effraie des clochers (Tyto alba).  

La distance la plus courte entre les nichoirs occupés est de 2,1 km. Des études télémétriques ont révélé que la surface moyenne du territoire des mâles est de 7 km² et de 5 km² pour les femelles pendant la saison de reproduction. Aucun chevauchement n’a été observé entre les domaines vitaux.  

Les Chouettes de l’Oural utilisent plus fréquemment les nichoirs installés à moins de 400 mètres d’altitude, une préférence qui pourrait limiter la répartition de l’espèce en Norvège. Les secteurs les plus favorables semblent être situés dans le sud-est du comté du Hedmark et dans le Nord-Trøndelag.

La petite population norvégienne frontalière a donc progressé grâce la pose de nichoirs, mais ses effectifs varient en fonction de la disponibilité des proies. 

Chouette de l’Oural (Strix uralensis) dans l’est de la Norvège en mars 2021.
Source : Sondre Bech Sponberg

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