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Une population férale d’Ibis hagedash serait désormais bien installée sur l’île de Fuerteventura, dans l’archipel des Canaries (Espagne)
Ibis hagedash (Bostrychia hagedash) sur l’île de Fuerteventura, dans l’archipel des Canaries (Espagne), en mars 2025.
Photographie : Christoph Sager / Wikimedia Commons
L’Ibis hagedash (Bostrychia hagedash) mesure environ 76 cm de long. Son plumage est globalement brun, avec les pattes et le cou grisâtres, et un long bec arqué avec une nette tache rouge à la base de la mandibule supérieure. Chez l’adulte, les couvertures alaires ont une couleur irisée qui varie du verdâtre au rouge et au violet en fonction de leur exposition à la lumière, la queue est bleu foncé et le croupion et les sus-caudales sont verts. L’immature est plus terne.
Il vit dans des milieux ouverts variés (prairies, savanes, zones cultivées, pelouses urbaines, etc.), souvent près de l’eau, et il se nourrit principalement d’invertébrés. Il niche dans les arbres. Son aire de répartition est vaste, s’étendant au sud du Sahara, à l’exception d’une grande partie de la corne (Somalie et Érythrée) et du sud-ouest (une grande partie de l’Angola, de la Namibie et du Botswana et le nord-ouest de l’Afrique du Sud). Trois sous-espèces sont reconnues, dont B. h. hagedash en Afrique du Sud et au sud de la vallée du Zambèze.
Il se nourrit principalement d’invertébrés qu’il détecte grâce aux capacités sensorielles remarquables de son bec, équipé d’un grand nombre de mécanorécepteurs regroupés à son extrémité et qui lui permettent de percevoir les moindres vibrations mécaniques du substrat résultant des mouvements de ses proies ou des différences de pression provoquées par la présence de corps durs, comme les coquilles de bivalves, dans les galeries souterraines. L’Ibis hagedash présente également une hypertrophie des régions cérébrales associées au traitement des informations tactiles provenant du bec (lire Grâce à son bec, l’Ibis hagedash profite de la progression des surfaces irriguées en Afrique du Sud).
Situation de l’île de Fuerteventura dans l’archipel des Canaries (Espagne). |
Une intéressante petite population férale (=composée d’oiseaux échappés de captivité) vie sur l’île de Fuerteventura, située dans l’archipel espagnol des Canaries (lire Observer les oiseaux sur l’île de Fuerteventura), loin de l’aire de répartition de l’espèce. Des oiseaux se seraient échappés dès 2009 du Stella Canaris Zoo, sur le front de mer près de Morro Jable, et qui a fermé en 2013, puis se seraient dispersés sur la côte sud de l’île, jusqu’à Gran Tarajal au moins, à une trentaine de kilomètres (à vol d’oiseau) au nord-est. Dès 2012, sa reproduction a été constatée dans la nature, et dix oiseaux ont été comptés en 2013. Ces oiseaux sont assez peu farouches et se nourrissent en petits groupes dans les espaces verts de Morro Jable et des environs, ainsi que dans les zones humides (salines par exemple).
La taille actuelle de la population n’est pas connue, mais selon plusieurs sources, elle serait viable et en croissance. En 2018, lors d’un séjour ornithologique, des observateurs ont noté dans un bosquet de palmiers à Costa Calma, à une dizaine de kilomètres au nord de Morro Jable, quatre Ibis hagedash posés parmi plusieurs couples nicheurs d’Ibis sacrés (Threskiornis aethiopicus), une autre espèce désormais nicheuse sur l’île, dont la population serait aussi composée d’oiseaux échappés du Stella Canaris Zoo, ainsi que peut-être également d’individus venus naturellement d’Afrique tropicale.
Il ne semble pas y avoir de suivi de l’évolution de la population d’Ibis hagedash sur l’île de Fuerteventura, ce qui est dommage car cette espèce semble avoir de bonnes capacités d’adaptation, comme le suggère sa vaste aire de répartition africaine et sa présence dans les milieux urbains. Du fait de l’isolement des Canaries, il est probable que son expansion restera limitée à l’archipel, mais il pourrait peu à peu coloniser les îles voisines, tout comme l’Ibis sacré, une situation rappelant un peu celle de cette dernière espèce dans l’ouest de la France jusque dans les années 2000, et qui s’est mal terminée (lire La campagne d’extermination des Ibis sacrés français est probablement injustifiée).
Ibis hagedash (Bostrychia hagedash) se nourrissant dans une pelouse de Morro Jable, sur l’île de Fuerteventura, en avril 2024.
Source : Tulluxor
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Compléments
Ouvrages recommandés
- European Breeding Bird Atlas 2: Distribution, Abundance and Change (2020) de Verena Keller et al
- rion Birdwatchers’ Guide to Portugal and Madeira de H. Costa, C.C. Moore et G. Elias
- A Birdwatchers’ Guide to the Canary Islands de David Collins et Tony Clarke
- Field Guide to the Birds of the Atlantic Islands de Tony Clarke
Sources
- David Collins (2018). Fuerteventura 17 th – 23rd March 2018. Honeyguide. www.honeyguide.co.uk
- Fuerteventura in Imagenes. Ibis hadada. fuerteventuraenimagenes.com
- SEO Birdlife. lbis hadada Bostrychia hagedash. atlasaves.seo.org




2 commentaires
2 commentaire(s) sur ce sujet
Participer à la discussion !Jacques ARTIEDA
Ajaccio
Posté le 05 août 2025
Je suis allé à Fuerteventura en mars 2018 avec Escursia (guide Gilles Bentz). J’y allais souvent voir des amis ayant une maison à Costa Calma. J’avais remarqué à Morro Jable, en face du zoo, des ibis hagedash nichant dans des palmiers en bord de route et de l’autre côté des conures veuves (je ne connaissais pas ces oiseaux, ce fut une découverte). Je l’ai dit à Gilles, qui ne le savait pas, quoiqu’il ait guidé plusieurs séjours ornithologique à Fuerteventura. Nous nous y sommes donc arrêtés pour vérification, sur notre route vers Puertito de la Cruz et la pointe sud de l’île. On a vu des ibis sacrés et hagedash exactement là où je les avais déjà vus et, sur le chemin vers Punta del Jable, les conures veuves, des martinets unicolores et des pipits de Berthelot. Gilles n’en revenait pas. La plage du Matorral et ce chemin sont en fait un très bon spot qu’il a ajouté à sa liste.
David
sevran
Posté le 06 août 2025
Bonjour Jacques, merci beaucoup pour ces précisions !