Le Roselin cramoisi (Carpodacus erythrinus/Erythrina erythrina) est un passereau mesurant 13,5 à 15 cm de long, au bec conique assez fort, de couleur grise. Le mâle adulte a la tête, la poitrine et le croupion rouge vif (l’étendue de cette couleur est variable toutefois), son dos est brun, tandis que le bas de la poitrine et le ventre sont blanchâtres et vaguement striés de grisâtre. On note deux barres alaires pâles visibles sur les couvertures. La femelle a un plumage gris-brun et strié. Le mâle de premier été (= dans sa deuxième année calendaire) ressemble beaucoup à la femelle, mais certains ont quelques plumes rouges. Le juvénile ressemble aussi à la femelle mais son plumage est brun olivâtre et plus strié, avec deux barres alaires pâles assez visibles.

Son chant est un sifflement doux et bref, que les ornithologues britanniques ont retranscrit par « please to meet you » (lire Apprendre à reconnaître et à retenir les chants et les cris des oiseaux). Ce chant peut légèrement varier (fréquences, motifs) suivant les régions : on a observé de petites colonies de quelques couples caractérisées par un certain type de chant : quand un jeune rejoint l’une de ces « colonies », il adopte le chant « local ».

La progression du Roselin cramoisi (Carpodacus erythrinus) en Europe

La progression du Roselin cramoisi (Carpodacus erythrinus/Erythrina erythrina) en Europe depuis la fin des années 1950. En rouge, les  régions occupées en 1960, en orange, les nouvelles occupées en 1994 et en jaune, les nouvelles occupées après 1995.
Carte : Ornithomedia.com d’après Voous, BWP et D.I.M Wallace

Durant la période de reproduction, le Roselin cramoisi affectionne les milieux boisés ouverts (clairières, bosquets, buissons de saules ou de bouleaux), si possible à proximité de zones humides (marais, rivières) et de prairies. Il peut aussi nicher dans des milieux plus secs, comme des fourrés à prunelliers, fusains et bosquets dans les dunes sur les îles de la Frise aux Pays-Bas (lire Observer les oiseaux sur le Flevoland polder et sur l’île de Texel). En migration, il fréquente des milieux variés, souvent riches en buissons.

Il niche des Pays-Bas et de la Suisse à la Sibérie orientale. Au sud il atteint l’Asie centrale, l’Himalaya et le sud de la Chine. Cinq sous-espèces sont reconnues dans le Paléarctique, et c’est la sous-espèce nominale qui se reproduit dans le nord et l’est de l’Europe. C’est un migrateur, mais contrairement à la plupart des espèces européennes qui passent la mauvaise saison en Afrique, il hiverne du Moyen-Orient à l’Inde, comme le Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala) (lire Pourquoi le Bruant mélanocéphale ne s’est-il pas encore installé en France ?). Les premiers oiseaux rejoignent leurs sites de nidification européens dès la mi-mai, mais la plupart arrivent au cours du mois de juin.  

Depuis le XIXe siècle, le Roselin cramoisi a étendu de façon importante son aire de répartition vers l’ouest de l’Europe à partir de la Russie, colonisant de nombreux pays du nord et de l’est du continent. Toutefois, sa présence en France, en Belgique et en Grande-Bretagne reste encore fragile et/ou irrégulière (lire Le Roselin cramoisi en Europe : une expansion à vitesse variable).

En France, le Roselin cramoisi est un migrateur rare : il est principalement observé en automne (septembre et octobre) le long du littoral atlantique, par exemple sur l’île d’Ouessant dans le Finistère (lire Jean-Philippe Siblet et les oiseaux d’Ouessant). Il s’agit principalement de jeunes de l’année. Depuis le début des années 1990, il se reproduit de façon clairsemée et irrégulière dans l’hexagone, qui est situé à l’extrémité occidentale de son aire de reproduction. En 1994, jusqu’à 37 chanteurs avaient été recensés dans le pays, principalement dans le bassin du Drugeon (lire Les « prairies à rapaces » du bassin du Drugeon) (Doubs), dans la vallée de l’Orbe (Jura) et sur le littoral du Pas-de-Calais, mais l’espèce a progressivement décliné à partir de 1995, et on ne comptait plus que trois chanteurs plus ou moins cantonnés dans tout le pays en 2005. Depuis, le nombre de mâles cantonnés comptés chaque année est généralement inférieur à six, un chiffre qui n’a été atteint qu’en juin 2017 (voir une sélection de données dans notre rubrique Observations).

En Suisse, la situation est différente, et l’espèce semble y poursuivre sa progression. Dans le rapport « Seltene und bemerkenswerte Brutvögel 2023 in der Schweiz » publié en 2024 dans la revue Ornithologischer Beobachter de l’association Schweizerische Gesellschaft für Vogelkunde und Vogelschutz, on apprend ainsi qu’un nombre record de 66 territoires de reproduction possibles, probables ou confirmés répartis sur 49 kilomètres carrés a été compté en 2023, contre une moyenne de 42 répartis sur 29 kilomètres carrés pour la période 2018-2022. Les cantons du Valais (12 mâles approximativement), de Berne (13 mâles) et d’Uri (25 mâles) ont regroupé la majorité des données. Dans le canton de Vaud par contre, qui borde le Jura français, seul un mâle a été observé (lire Observer le Roselin cramoisi dans la vallée de Joux). Toutefois, les effectifs de Roselins cramoisis pouvant fluctuer de façon importante, cette tendance pourrait changer dans le futur. 

Roselin cramoisi (Carpodacus erythrinus/Erythrina erythrina) mâle chanteur près d’Euthal, dans le canton de Schwyz (Suisse), en mai 2020.
Source : L. Marty

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